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par Republ33k - le 7/11/2016
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par Republ33k - le 7/11/2016

Notre Amérique, la critique

Depuis deux ans déjà, les bandes-dessinées centrées sur la première guerre mondiale innondent les librairies, pour célébrer le centenaire de la "Der des Ders" et surfer, en quelques sortes, sur une vague de la mémoire qui nous a offert de grands albums comme d'autres plus opportunistes. Mais peu nombreux sont les titres à se pencher sur l'après-guerre et le lendemain du conflit. C'est en revanche le cas de Notre Amérique, qui débute le 12 novembre 1918, et qui va nous plonger dans le quotidien de deux jeunes vétérans.

Le premier s'appelle Julien, et il est photographe. Il n'a qu'une seule ambition après le conflit qui a secoué son esprit : "se déhabiller de la guerre". Seulement, il va rencontrer, au lendemain de l'armistice, un soldat bien différent. Répondant au nom de Max, cet alsacien est déjà plein de projets pour la suite, et pour solidifier la paix, il entend tuer la guerre en retrouvant tous ses camarades révolutionnaires et anarchistes en Allemagne. Leur rencontre va hélas tourner au vinaigre, et les mener sur les chemins d'un soulèvement bien différent, celui du Mexique.

La première force de l'histoire de Kris est donc de prendre un peu de recul sur la carte du monde. De quitter les tranchées entre la France et l'Allemagne pour s'intéresser au sort de tout le globe, qu'il explore littéralement en bougeant ses personnages au rythme de l'intrigue. Il entame également une exploration thématique du contexte d'après-guerre en présentant deux personnages attachants, chacun à leur manière, qui incarnent les soucis de l'époque. D'un côté, le traumatisme du conflit, et de l'autre, l'envie d'en sortir, de faire naître de cette horreur une société nouvelle, plus juste.

De pages en pages, le scénariste parvient donc à aborder, le temps de quelques dialogues ou de moments plus intimistes, tous les enjeux socio-politiques de l'époque, sans tomber dans le piège d'un récit encyclopédique. La lecture reste donc très fluide, et on apprécie tous les détails que l'auteur parvient à caser dans ces phylactères, qui finissent par rendre cette histoire très prenante, qu'on soit ou non amateurs de récits historiques.

Il faut dire que Kris a déjà eu l'occasion de travailler avec Maël dans un autre album qui traitait de la première guerre mondiale, Notre Mère la Guerre. Puisqu'elle avait déjà eu l'occasion d'être éprouvée, l'alchimie entre les deux auteurs est donc à l'œuvre ici, dans des passages tantôt touchants, tantôt impressionnants, qui sont en tous cas tous aidés par le style très organique de Maël, qui correspond parfaitement à l'époque et au rythme de l'histoire.

Reste à savoir où les deux auteurs vont nous mener avec cette nouvelle histoire et ce duo, malmené dans d'ultimes pages qui défilent à une vitesse folle, là où le reste de l'album s'avérait assez lent. En ce sens, Notre Amérique est avant tout une introduction, et manque peut-être d'un peu de contenu pour accrocher tous les types de lectorat. Mais qu'on se le dise, les deux auteurs ont sans doute une idée derrière la tête et cette saga d'après-guerre pourrait facilement tirer son épingle du jeu à l'heure où les bandes-dessinées sur la "Der des Ders" sont toujours plus nombreuses.

Récit calme et touchant qui permet à Kris et Maël d'aborder les enjeux sociaux et politiques de l'après-guerre, Notre Amérique, pour son premier tome ou "mouvement" s'avère un peu trop introductif pour séduire du premier coup d'œil. Mais l'entente entre les deux auteurs, qui se sent à chaque page, sera à même de charmer les amateurs de récits historiques, qui s'embarqueront ici dans une saga pleine de surprises, à n'en pas douter.

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