Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 17/09/2015
Partager :
par Republ33k - le 17/09/2015

Nungesser, la critique

Si la bande-dessinée Franco-Belge dispose d'une longue tradition du côté des récits historiques et de ceux d'aviation, Nungesser, de Fred Bernard et Aseyn, mélange ces deux genres dans un ouvrage aussi massif qu'impressionnant, qui retrace le parcours de l'un des plus grands as de la première guerre mondiale, disparu en 1927 alors qu'il tentait de travers l'Atlantique sans escale à bord de son avion, l'Oiseau Blanc.

L'avantage avec cet album certes épais, c'est que la plupart des lecteurs, y compris les moins versés dans le style historique ou celui de l'aviation, devraient y trouver leur compte. L'originalité du scénario de Fred Bernard réside d'ailleurs dans le fait d'opter pour une narration extérieure. La vie de Charles Nungesser nous est en effet contée par son grand amour, ici nommée Emilie.

Si de prime abord, cette donnée pourrait alourdir le récit, il n'en est rien. Au contraire, ce choix permet à l'auteur de fictionnaliser, quelque part, les événements historiques qui lui sont confiés. Non pas que tous les actes de l'as soient romancées - l'album s'appuie d'ailleurs sur une solide bibliographie - mais la narration gagne en impact, malgré quelques soucis de rythme, et permet au lecteur de s'immerger dans la vie pour le moins hors du commun qu'est celle de Charles Nungesser.

Résultat, nous voilà pris dans une histoire d'excès en tous genres, à suivre une forte tête, qui ne reculera devant rien est personne pour accomplir ses rêves. Quitte à démolir ceux des autres au passage. À l'image de nombreux autres pilotes de la première (mais aussi de la seconde) guerre mondiale, Charles Nungesser incarne l'esprit libre et désinvolte, la chevalerie, diront certains, de l'aviation militaire, un fantasme historique qui devient bien réel dans les pages de Bernard et Aseyn, qui font de ce personnage une vraie star de cinéma.

Car le parcours de Nungesser a tout d'un film qui ferait pâlir un certain Aviator, et pourrait très bien un jour se retrouver dans les lignes d'un scénariste ambitieux du côté du cinéma. En attendant, cette bande-dessinée n'a absolument rien à envier des plus beaux métrages, tant les pages d'Aseyn sont impressionnantes. Exception faites de certaines cases, bien peu nombreuses, le travail est irréprochable, bluffant, et souvent touchant.

Mieux, le dessinateur parvient à saisir cet élan épique qui se dégage de son personnage, en temps de guerre comme de paix, comme l'aurait fait n'importe quel réalisateur talentueux en compagnie de son acteur fétiche. Le choix du noir et blanc, symboliquement et esthétiquement, a d'ailleurs du sens sens, et ne fera que renforcer la puissance visuelle de cet album.

S'intéressant d'avantage à l'homme à bord de l'avion qu'à l'appareil lui-même, Nungesser n'est pas une bande-dessinée d'aviation comme les autres. De même, en se permettant de raconter l'histoire de cet as d'un point de vue extérieur, l'album n'est pas une bande-dessinée typiquement historique. Cet ouvrage est un savant mélange des deux, dont la recette est assez solide et originale pour donner quelque chose de plus grand. Casterman l'a bien compris et offre un très beau format doublé d'une impeccable fabrication au récit, qui transcende les genres auxquels il appartient, et mieux, vient dépoussiérer l'amour de la culture populaire pour les grands pilotes de notre histoire. À ne pas manquer.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail