Du haut de ses huit ans, Persée est le petit fils du roi d'Argos et l'héritier du trône. Lorsqu'il découvre qu'une gorgone au cœur de pierre a usurpé l'identité de son grand-père, il est forcé de fuir avec sa nourrice Lydie. Leur bateau volant les précipite à la rencontre d'un trio de charmants pirates Élias, Thalès et Pythagore. Ces derniers acceptent de venir en aide au jeune prince en échange du trésor d'Argos. Et c'est ainsi que cette équipe improbable part à l'aventure pour sauver la mère de Persée et déjouer les plans diaboliques de Médusa. Bienvenue dans le premier tome de Perséus : La vengeance de Médusa.
Je suis Antoine Ettori depuis des mois sinon des années sur Instagram. Comment le dire autrement : j'adore son trait discontinu comme un crayon de papier érodé, sa finesse, sa douceur, ses couleurs saturées et équilibrées. Character designer de génie, il sait donner une âme à des personnages issus d'un imaginaire lointain et nous faire adhérer à son univers. Et je ne saurais stopper le flot de compliments qui me submerge lorsque j'ai ses dessins sous les yeux... et pourtant il y a ici quelque chose qui ne marche pas. Ce sens du détail, cette précision, ce respect des volumes digne des animateurs de dessin animé, où pas un œil n'est plus bas que l'autre, pas un bras n'est trop long, pas une pose n'est bancale... Pas étonnant puisqu'il a justement travaillé en tant que Storyboard Artist chez Disney et à l'heure actuelle chez Illumination Mac Guff. En fait je crois que son style est trop parfait pour qu'il ne me touche réellement. C'est trop propre, trop lisse. Aucune place n'est laissée au hasard, aucune prise de risque, aucune erreur.
Ou peut-être Antoine Ettori ne colle-t-il pas avec le médium de la bande dessinée. Peut-être aurait-il fallu un seul plutôt que les deux scénaristes, Tran Thiên-Thanh et Didier Ah-Koon, ce qui aurait sûrement permis plus de liberté et d'audace dans la narration. Car le scénario est trop gentillet pour mon appétit du danger et des conflits. En effet, Perséus : La vengeance de Médusa est une œuvre Jeunesse. Si l'empathie présente pour les méchants de l'histoire est une bonne chose, puisqu'elle apprend aux enfants que le monde n'est pas manichéen, elle manque cruellement d'impact et implique peu le lecteur.
Persée est intrépide, candide, plein de fougue. C'est un petit garçon qui n'aime pas les conflits. Téméraire, il tente d'aider les autres autour de lui et ne comprend pas toujours pourquoi les choses ne se passent pas comme prévu. Bien qu'il ne soit pas très important dans le scénario, son rôle est central et sa présence solaire, un peu comme la mascotte de cet équipage héroïque. Les deux personnages les plus développés sont les plus intéressants : le chef des pirates et la nourrice. Élias montre d'importants défauts qui apportent de la complexité à l'histoire. Il est égoïste, colérique, matérialiste. Et Lydie est peut-être le seul personnage qui dépasse sa propre fonction, celle de protéger le petit prince, puisqu'on s'intéresse à ses goûts et à sa personnalité.
Il faudra attendre la suite pour se faire un avis définitif. Après tout, ce premier tome a déjà rempli l'objectif de poser l'univers et les personnages. Perséus : La vengeance de Médusa est disponible au prix de 10.95 euros chez Delcourt.
Par RedFanny
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