Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Elsa - le 19/05/2014
Partager :
par Elsa - le 19/05/2014

Sky.Doll tome 4 - Sudra, la critique

Novembre 2000. Le premier tome d'une bande dessinée belle, irrévérencieuse et fondamentalement différente parait. Quatorze ans plus tard, il est indéniable que ce qu'ont créé Alessandro Barbucci et Barbara Canepa avec Sky.Doll a ouvert d'autres portes, d'autres directions, à ce qu'est la bande dessinée d'aujourd'hui.

Ce graphisme dingue, cette énergie, ces couleurs, cet univers, ces personnages féminins forts, iconiques, cette critique violente de la religion, de la société, de l'industrie du divertissement, mâtiné d'ultra kawaïï et pourtant d'un érotisme troublant où le plastique lisse et froid se mêle à la chaleur de la peau. Deux auteurs devenus incontournables qui imaginent une œuvre qui l'est tout autant.

2002, puis 2006, Aqua et La Ville Blanche font suite à La Ville Jaune et nous entrainent dans la quête d'identité de Noa, héroïne-robot, fragile et forte dans son corps artificiel. Et puis l'attente. Les fans n'y croyaient plus, mais la première version du tome 4, en noir et blanc, est bien là. Il faudra encore attendre quelques mois pour savourer les sublimes couleurs de Barbara Canepa.

Sudra.

Il serait difficile de résumer Sky.Doll en quelques mots, tant son univers comme son histoire sont denses. C'est un récit qui a presque trois héroïnes. Noa, une poupée-robot, qui prend son indépendance et part à la recherche de qui elle est véritablement. Et en parallèle, deux papesses, Ludovique et Agape, qui règnent sur leur peuple alors même que la seconde a disparu...

Retour à ce nouveau volume. Voilà déjà quelques temps que Roy, Jahu, Yhala et Noa se sont installés à Sudra, Une planète complexe, grouillante et superbe, que Roy étudie jour après jour. Noa, de son côté, garde secrètes ses activités, mais ramène de quoi nourrir tout ce petit monde jour après jour.

Le jour où commence la bd, la ville est en ébullition. Un grand festival doit démarrer le lendemain. Mais nos héros devraient être habitués, la tranquillité ne semble jamais vouloir être bien longtemps au programme de leur vie.

Les émotions intactes.

Petit aparté totalement subjectif. Sky.Doll est la bande dessinée qui m'a fait aimer, viscéralement, la bd. Cette immense claque tout à coup, quand on comprend que ce qu'on a entre les mains, ça n'est pas juste une jolie histoire avec des jolis dessins, mais plutôt une dose d'émotion forte presque pure. Cette sensation étrange que des auteurs ont su mettre tout ce qui allait nous parler dans leur livre, tout en nous amenant là où l'on n'était jamais allé. Pour cette raison je ne peux faire preuve d'aucune objectivité avec Sky.Doll, mais dans le même temps, mon niveau d'attente est sans aucun doute encore plus élevé, puisqu'à chaque tome il y a cette angoisse que la magie ne prenne plus.

Et la magie prend. Ce nouveau tome de Sky.Doll, même sans les somptueuses couleurs qui apporteront encore plus de densité et d'émotion, est parfaitement réussi. Graphiquement, c'est évidemment un régal. Noa est toujours aussi sublime, les créatures sont toutes plus incroyables les unes que les autres et les décors sont d'une beauté à couper le souffle. Sans oublier les engins, les détails architecturaux... Sudra est une planète inspirée de l’hindouisme, dans son fonctionnement, sa société, mais aussi visuellement. C'est donc tout son folklore qui se mêle à l'imagination débordante des deux auteurs, pour créer un lieu où l'on voudrait se perdre pendant des centaines de pages pour en explorer tous les recoins. Alessandro Barbucci s'est encore surpassé et livre des planches plus belles les unes que les autres. Rassurez-vous donc tout de suite, votre attente sera plus que récompensée.

L'histoire, écrite en duo, est elle aussi une très jolie surprise. On retrouve avec plaisir des personnages que l'on côtoie depuis tant d'années qu'ils sont un peu comme des amis. Mais c'est loin d'être tout. C'est vraiment toute l'énergie, le mélange d'humour, de poésie, et de réflexion sur notre société que les auteurs ont su garder intacts. Comme pour les trois précédents opus, celui-ci est en même temps parfaitement cohérent en tant que suite, et conserve une identité bien à lui. Et là encore, on ne se sent pas floué une seule seconde puisque, s'il n'est pas le dernier tome (l'histoire s'achèvera dans le prochain), beaucoup de mystères, et de questions, trouvent ici leur réponses. Tous les nombreux personnages y apparaissent, et évoluent d'une manière significative.

S'il fallait trouver des défauts à ce tome 4, hormis le choix du noir et blanc (Mais c'est un choix des auteurs que de le publier ainsi, pour que les lecteurs ne patientent pas encore plus longtemps. Et si les couleurs le sublimeront encore, les planches d'Alessandro Barbucci sont vraiment incroyables en noir et blanc.), ce serait peut-être le prix, 24.95€. Mais l'édition est vraiment luxueuse, avec une couverture en relief avec vernis sélectif, un très beau papier, et un dossier où s'entremêlent recherches graphiques et interview passionnante réalisée à partir de questions de lecteurs. L'investissement est plus important que pour un tirage classique, mais vu la qualité de l'objet, le prix est justifié.

Si ce premier tirage de Sky.Doll tome 4 reste donc une édition assez luxueuse, la bande dessinée en elle-même est excellente, et, malgré les années, n'a rien perdu de ce qui faisait toute sa particularité. Un dessin magnifique, riche de mille détails, et une très bonne histoire, où l'on retrouve les personnages avec plaisir, et où l'on découvre aussi beaucoup de réponses à tous les mystères des précédents opus. Alessandro Barbucci et Barbara Canepa travaillant tous les deux sur d'autres projets en parallèle, il faut s'attendre à ce que la suite n'arrive pas tout de suite, mais pour un tel plaisir, il faut bien accepter quelques compromis...

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail