Florent Ruppert et Jérôme Mulot ne sont pas des stars de la bande-dessinée. La majeure partie de leur oeuvre est publiée à L'Association, en noir et blanc, avec des personnages qui n'ont pas de visages.
De quoi rebuter l'amateur de manga ou d'Astérix sur le papier. Pourtant, ils ont publié avec l'un des chouchous de la critique et du grand public, Bastien Vivès, un album chez Dupuis, l'éditeur de Spirou l'année dernière (La Grande Odalisque, relecture étonnante de Cat's Eyes et des films de casse)
Peut-être est-ce pour "expier" cette incursion populaire que les deux amis se sont lancés dans un livre-objet particulièrement difficile à vendre. En effet, pour lire Un Cadeau, il faut littérallement le disséquer !
On a donc devant soi un bel objet, un petit livret avec une belle couverture noire. On l'ouvre, et l'on se trouve façe à une première page (ci-dessus) et une languette et des volets prédécoupés.
Pas le choix, il faut déchirer, disséquer, comme les personnages qui nous sont présentés. On avance lentement dans cette histoire très courte, principalement à cause du mode de lecture et de la difficulté à ouvrir la page suivante selon les découpes se présentant à nous.
Arrivé au bout du livre, on se retrouve comme si notre bande-dessinée avait été l'épicentre d'un impact d'obus en origami.
Est-ce que la lecture était plaisante ? C'est la ou le bât blesse, l'histoire est reliée à l'objet (il s'agit d'une séance de dissection de cadavre), mais le déroulement comme la chute sont sans réelle saveur, et la l'humour noir des deux compères tombe un peu à plat...
Reste une bonne idée, bien exécutée, mais cela valait-il 19€ et une expérience qui n'est pas réïtérable ? Pas sur.
Conclusion, Un Cadeau est une belle idée mais cela ne suffit pas à en faire un bon livre.
