Mercredi prochain sort Une Histoire Corse, de Dodo et Glen Chapron. Une BD dont je vous parlais plus tôt dans la semaine, puisqu'elle m'intriguait particulièrement : le scénario est signé Dodo, une autrice qui est née en Corse et s'est inspirée de ses propres souvenirs pour raconter son histoire. Je l'ai lu durant ma pause de midi et pour être honnête, il m'a laissé un tel sentiment de fascination que je ne pouvais pas attendre pour vous en parler.
Dans Une Histoire Corse on suit Catherine, une jeune femme native de l'île qui habite aujourd'hui à Paris. Régulièrement, elle revient au pays passer un peu de temps avec sa famille, profiter du soleil, nager... Alors qu'elle est prise sous une averse lors d'une balade, un homme en voiture lui propose de la raccompagner. Au fil des discussions, il se rend compte qu'il est... Son frère ! Il s'appelle Antoine et s'ils n'ont pas le même père, ils ont bien la même mère. Pour Catherine, c'est un choc : jamais sa mère ne lui a raconté avoir eu une autre vie avant de lui donner naissance. Peu à peu, le frère et la soeur apprennent à se connaître et c'est comme si ces années de séparation n'avaient même pas existé. Seulement, Catherine ignore qu'il y a beaucoup d'autres secrets cachés dans cette famille éclatée...
La loi de l'omerta
Avant de lire la BD, je ne connaissais même pas la signification du mot "omerta". Je l'avais entendu une fois, dans la jolie chanson de Renaud Corsic'armes. Mais tout est devenu clair quand Antoine a dit à Catherine "Ce n''était qu'un silence. Pour te préserver. Par amour".
C'est là toute la richesse d'Une Histoire Corse : on apprend à comprendre la corse, ce peuple et ses traditions. On a un aperçu des secrets et des tensions qui la tiraillent, des problématiques plus générales autour de l'histoire d'une famille et de deux enfants qui se retrouvent. Mais cet album n'est évidemment pas à charge : on ressent de l'empathie pour les différents personnages, on prend conscience de la complexité des différentes affaires qui se planquent dans l'histoire de la famille de Catherine.
Et des traditions de l'Île on n'apprend pas seulement les mauvais côté : la tante de Catherine lui explique par exemple que dans les années 40, un homme et une femme pouvaient se marier sans le consentement de leurs parents. A condition de s'enfuir en cachette, de vivre ensemble quelque semaines et de revenir ! Les parents ne peuvent alors plus s'y opposer. Il y a aussi cette atmosphère, celle de la Corse, qui est si bien retranscrite : le soleil, le bruit d'un ruisseau, la chaleur et le saucisson de sanglier. Pour un peu, on aurait presque l'impression d'entendre les cigales chanter, ce qui fait plutôt plaisir en ce mois de mars pluvieux ! On comprend finalement ce qui retient le personnage principal à cet endroit.
Un trait qui rend hommage à la Corse
Ce qui fait la qualité de l'album, c'est aussi le style graphique de Glen Chapron : je ne connaissais pas trop le travail de l'artiste avant de lire l'album et j'ai été très impressionné. Certaines expressions faciales sont vraiment travaillées et provoquent un pincement au coeur. Si on s'attache à Catherine c'est aussi pour la façon dont elle est représentée : courageuse, curieuse et pleine de vie. Et que dire des scènes de souvenirs au crayon de couleur ! Elles sont si belles qu'on regrette presque que l'album ne soit pas entièrement comme ça.
Bien sûr le style de Glen Chapron n'est pas parfait : certains personnages ont une physionomie si proche qu'il est presque impossible de les différencier. Il faut dire qu'il y a beaucoup de protagonistes, beaucoup de nom : et secrets obligent, les situations ne sont pas toujours énoncées clairement. Du coup forcément, à force on peut s'y perdre !
Difficile d'en dire plus sur Une Histoire Corse sans vous révéler toute l'intrigue ! Les secrets que cache cette famille sont bluffants, et rendent le lecteur accro de la première à la dernière page. Rendez-vous le 4 avril en librairies pour découvrir l'album chez Glénat.