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par Elsa - le 10/02/2015
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par Elsa - le 10/02/2015

Vénéneuses, la critique

Couverture fluo et titre évocateur de danger et de sensualité à la fois, Vénéneuses met en scènes deux héroïnes faisant leurs adieux à leur adolescence.

BFF.

Domitille et Nour sont inséparables depuis l'enfance. Aujourd'hui au sortir de l'adolescence, elles trainent leur relation fusionnelle dans les boites branchées parisiennes. Elles ont toutes les deux des secrets, pas mal de comptes à régler avec des parents qu'elles ne jugent pas à la hauteur, et une immense soif d'indépendance. Et cette liberté passe pour l'instant par pas mal d'alcool et de garçons. 

Au milieu de tout ça, il y a donc ce lien, à la fois fragile et si intense qu'il en est douloureux, qui les lient l'une à l'autre. Sensation trouble que seule l'autre peut nous comprendre, besoin d'être ensemble. De ces amitiés un peu folles qui ressemblent à la passion amoureuse.

A la vie, à la mort.

Dans Vénéneuses, Thomas Gilbert explore ce moment particulier de la vie, où des bribes d'enfances s'entremêlent aux responsabilités à venir, où l'envie et la peur de devenir adulte s'entrechoquent, et où chaque émotion, chaque sensation, a une intensité que l'on ne saurait contrôler. Il nous raconte ces deux héroïnes paumées dans cet entre-deux, avançant à tâtons dans leur vie sans avoir aucune idée de la direction à prendre. 

C'est un peu frustrant parce que l'auteur a su saisir, avec beaucoup de justesse, ce que sont les jeunes femmes qui ont inspiré Nour et Domitille, dans les détails, les attitudes, les secrets et les douleurs. Mais le récit qu'il construit autour d'elles manque de consistance, de profondeur. Il y a des passages un peu anecdotiques, d'autres qui auraient sans doute mérité plus de développement pour qu'on s'attache vraiment à cet instant de vie tragique. Il y a pourtant de très bonnes idées, fortes et originales, et on aurait aimé qu'elles trouvent leur place dans une histoire plus dense et plus complexe.

Graphiquement, le trait du dessinateur est à la fois incisif et sensible, riche en émotion, avec des choix de cadrages, de narrations visuelles intéressants, qui racontent en silence beaucoup de choses sur ces deux héroïnes. Mais la colorisation manque de subtilité et dessert le dessin, notamment les nombreux effets de dégradés assez maladroits. Le résultat est à la fois pop et criard, correspondant bien aux héroïnes et à leur petit monde, mais il manque quelque chose pour qu'on puisse vraiment s'immerger dans les planches.

Vénéneuses est une évocation déchirante et toute en justesse de la fin de l'adolescence. Une bande dessinée qui manque de profondeur et de subtilité, mais qui dévoile un auteur prometteur.

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