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par Corentin - le 17/10/2017
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par Corentin - le 17/10/2017

Zombillénium, la critique

Arthur de Pins transpose au format animé son succès de librairie Zombillénium. À ses côtés, Alexis Ducord, et entre leurs mains, un parc d'attraction en forme d'immense train fantôme où l'embauche ne se fait qu'à durée indéterminée. En attendant le quatrième volume l'an prochain, l'auteur s'est pris une pause pour transposer sa version parodique du monde de l'entreprise au format animé. L'adaptation passe bien, quoi que le premier reproche à lui faire est d'avoir trop voulu se plier aux codes d'un film pour enfants traditionnel. La bonne nouvelle ? Gretchen est toujours aussi mimi.

Présentation si vous n'aviez pas parcouru les trois tomes de la série auparavant : Zombillénium retrace le aventures des membres d'un parc d'attraction dont le propriétaire est un démon tantôt belliqueux ou capitaliste (lui se décrirait comme un Diable moderne, dynamique, plein d'allant), à la méthode de recrutement particulièrement efficace. Quand un spectateur du parc meurt, il devient immédiatement un employé à vie, ou à mort, transformé en vampire, loup-garou ou zombie selon les besoins en effectifs du personnel.

La série suit dans ses différents volumes les péripéties de ce staff mortuaire, avec une inclinaison pour la seule "vivante" du parc, une sorcière en stage nommée Gretchen et l'homme qui sert d'exemple au statut d'employé lambda, Aurélien, inexplicablement transformé en démon après son tragique trépas.

En reprenant une intrigue similaire, le film va cependant infléchir le propos de la BD. On retrouve en effet un condensé général des premiers tomes, avec la critique amusée du monde de l'entreprise, les exigences de rentabilité et les acquis sociaux, en très accéléré. Aurélien s'appelle ici Hector, contrôleur des normes de sécurité venu dans le parc dans l'espoir de le faire fermer - ce qui adoucit l'aspect hasardeux de sa mort dans la version papier. Parce que c'est un film pour enfants, le bon Hector a une fille, un autre ajout à l'ensemble narratif pour densifier la coquille vide qu'était le démoniaque protagoniste dans la BD.

Le film tient sur une durée assez courte et ne laisse pas le temps de s'ennuyer : le montage est rythmé, l'ensemble plutôt bien écrit et servi par une distribution efficace. On retrouve des vétérans du doublage français, où Arthur de Pins se glisse dans la peau de José. Les personnages sont pour la plupart attachants, à l'exception d'un ajout en forme de parodie de Twilight et de la mode du vampire glamour.

Difficile de dire si cette mode existe encore aujourd'hui, mais le personnage sert lui aussi au côté "sérieux" du film quand le parc doit se prostituer et renoncer à sa mission première en quête de bénéfice. Le côté blues de l'entreprise reste inchangé, moins décalé vu le public visé mais avec de bonnes valeurs envoyées aux enfants sur le chômage et les PDG vicieux.

Esthétiquement, on retrouve le visuel de la BD mis en mouvement, gorgé de références à d'autres oeuvres dans le genre horreur et macabre joyeux école Burton (le dessin animé Beetlejuice par exemple). Le film est joli à regarder et fort de plein d'idées de mises en scène et d'un rendu assez fluide, où les exagérations de mouvements collent à un style d'animation à niveau par rapport à ce qui peut se faire aujourd'hui. La patte unique de l'auteur permet de se démarquer de l'offre de dessins animés en 3D habituellement proposés aux enfants, et sera un joli métrage à ressortir en famille pour Halloween.

Problème, comme déjà évoqué plus haut, le film se perd trop à essayer de rentrer dans cette case de film d'animation destiné à la jeunesse. Là où la BD peut-être lue par un public plus âgé, on retrouve ici des codes d'écriture ou des passages indispensables (comme les musiques, même si on apprécie d'avoir des thèmes rock ou métal) et derrière un second niveau de lecture qui passe par des détails, comme le t-shirt Nine Inch Nails de Gretchen ou ses jeux de regard avec le bon Hector.

Le film aurait sans doute gagné à être plus long, plus dense, ou à proposer un scénario moins clé en mains qui s'autorise plus de saynètes ou de moments de vie isolés sur les aventures d'autres membres du parc - ou simplement, un déroulé moins dirigiste.

On passe cependant un bon moment devant cette version mouvante de Zombillénium. Les bonnes trouvailles de l'oeuvre d'Arthur de Pins sont là, réarrangées dans un format plus accessible aux enfants. Sans tricher avec les passages clés de son récit, l'auteur ajoute avec Alexis Ducord des éléments originaux qui valent qu'on y prête attention, et une sorte de dérivé de son oeuvre qui garde les mêmes réussites. On attend maintenant le quatrième volume, pour voir si les deux conclusions se rejoignent côté Hector ou côté Aurélien. Rnedez-vous le mercredi 18 octobre pour découvrir Zombillénium auc inéma !

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