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par Sullivan - le 14/10/2015
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par Sullivan - le 14/10/2015

Bestiarius - Tome 1, la critique

Développé un peu par hasard suite à une conversation avec son éditeur, Bestiarius représente la première incursion de l'excellent Masasumi Kakizaki dans le monde des shônens, après plusieurs chefs d'oeuvres pour adultes, tels que Rainbow, HideOut et Green Blood

Déjà dépositaire de quelques seinen classiques, l'auteur est surtout reconnu pour la richesse et la variété de ses ambiances, lui qui passe d'une histoire de fratrie pendant l'après-guerre au Japon à une relecture musclée du Western en passant par l'horreur la plus crasse. Ici, ce bourreau de travail touche-à-tout attaque non pas un, mais deux genres majeurs en mélangeant habilement histoire et fantasy. 

Véritable éponge des différents classiques du cinéma du siècle dernier, Kakizaki puise dans le vieil Hollywood une inspiration qui semble sans limite. Hyper classique dans sa façon de développer ses récits et de mélanger les genres, l'auteur s'appuie sur une sincérité presque naïve pour livrer des histoires auxquelles il est le premier à croire, rendant son propos on-ne-peut-plus vrai. Intéressé par l'idée de famille au sens large depuis les débuts de sa carrière, il fait de Bestiarius un nouvel exemple du genre, lui qui progresse au fil des années et qui se permet une petite folie digne de ses flashforwards passés, avec une série à l'allure classique qui cache finalement une magnifique oeuvre chorale, prête à résonner à mesure que les pages sont tournées. 

Généralement cruel avec le destin de ses personnages, il joue cette fois avec les limites du shônen, lui qui flirte bien souvent avec une conclusion glauque, qui vole une éclat une fois les sacro-saintes valeurs du shônen mises en jeu. Ça ne déborde pas beaucoup, mais c'est éxécuté à la serpe, et c'est finalement tout ce qu'on lui demande. 

Bête de dessin, Kakizaki est à n'en pas douter l'un des auteurs au trait le plus affirmé,  lui qui ne semble pas pouvoir s'empêcher de progresser. Ici, dragons (Wyvernes), Manticores et minotaures prennent vie dans un pot-pourri de mythologie antique et d'empire romain, le tout livré là aussi avec une sincérité et une volonté sans faille. C'est beau, c'est épique, ça ne triche pas avec les efforts à fournir, et il est même difficile à croire qu'il s'agisse réellement d'un projet réalisé entre deux chapitres de ses autres titres. 

Où s'arrêtera Masasumi Kakizaki ? L'auteur enchaîne les bijoux à chaque nouveau titre, et se permet même une incursion dans le trop codé univers des shônens, qu'il s'accapare à merveille et auquel il rend service, venant prêter main forte à un pan tout entier de la BD Japonaise avec sa science sans commune mesure du dessin et du découpage. Épique, riche, sincère, Bestiarius ne pourrait que décevoir les (trop rares) fidèles de l'artiste, qui seraient en droit de s'attendre à un dénouement plus dur.

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