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par Alfro - le 12/06/2014
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par Alfro - le 12/06/2014

Billy Bat - Tome 11, la critique

Il est très étonnant pour nous de n'avoir encore jamais parlé de Billy Bat sur 9emeArt.fr. Comme si nous avions peur d'écorcher une œuvre qui tome après tome s'affiche comme l'une des plus grandes séries actuelles, que ce soit par le génie de l'intrigue à tiroirs ou par une ambiance maîtrisée de bout en bout. Le onzième tome proposant un véritable game-changer, c'était l'occasion de sauter dans le train en marche.

"Tant de chemin parcouru pour mourir dans le caniveau..."

Billy Bat est le genre d'œuvre qui peut se permettre d'ouvrir impunément sur un défonçage en bonne et dûe forme du quatrième mur. Pas un clin d'œil, mais Billy qui s'adresse directement à nous, ou presque puisqu'un décalage est toujours présent entre l'œuvre de Naoki Urasawa et celle de son personnage Kevin Yamagata. La mise en abîme, marque de fabrique de la maison Urasawa. Si en plus, ce quatrième mur qui s'effondre soulève une crainte et une question qui vont nous tarauder tout le tome, de façon assez angoissante, alors en trois pages, nous avons eu le droit à un exercice de génie narratif qui nous montre que l'auteur n'en a pas fini avec l'étalage de son talent. On va encore avoir le droit à des figures de style dans tous les sens, des inspirations magnifiques quand il s'agit de sous-entendre la synchronicité des événements et un jeu immense sur les différentes lignes temporelles qui se chevauchent ici.

Les lignes temporelles sont l'un des ressorts narratifs de Billy Bat depuis le début. Force est de constater que ça ne va pas aller en s'arrangeant, surtout que là où les époques étaient jusque là bien définies, elles risquent désormais de s'influencer d'une manière bien moins linéaire. Et donc beaucoup d'une manière bien plus riche et passionnante. Là où Urasawa réussit son objectif, c'est que malgré le foisonnement de différentes époques, où intéragissent un grand nombre de personnages, il retombe toujours sur ses pattes, tout ça sans perdre le lecteur dans l'opération. Surtout que le mangaka n'est pas avare en rebondissements dans tous les sens (ce qui rend très difficile de parler de l'intrigue ce tome sans en révéler un élément qui change la situation initiale). L'histoire est toujours aussi drue, aussi disparate, et pourtant le point final, là où toutes ces histoires convergent, est toujours mis en ligne de mire. Multiplier les intrigues pour arriver en un unique point, le temps de nous surprendre en route, un objectif que l'on sait dantesque depuis plusieurs tome, tout ça en gardant une cohérence solide. Oui, c'est fort, très fort.

"Quand un malheur survient, les gens se mettent à penser avec des 'si'."

Là où se tome se révèle indispensable et marque une véritable étape dans la continuité de la série, c'est qu'il présente un bouleversement. Le genre d'événement dont je ne peux malheureusement pas parler ici, tellement le retournement de situation est énorme, mais qui montre bien que Urasawa ne se pose aucune limite et fait ce qu'il veut de son histoire. Si Billy Bat nous avait déjà habitué aux surprises et aux retournements de situation, ce qui se passe ici redéfinit la vision que l'on peut avoir de la série à grande échelle. On sent que d'un coup, on rentre dans une nouvelle ère, alors même que nous avons été habitué à voyager d'époque en époque. Un changement qui nous fait rentrer dans une dimension qui dépasse les personnages et montre bien les ambitions globales du scénariste (enfin des scénaristes, puisque Urasawa est aidé ici par Takashi Nagasaki). D'ailleurs, ce n'est sans doute pas pour rien que nous découvrons ici beaucoup de réponses sur la nature même des chauves-souris. Le récit va s'accélérer et donner de nouvelles clés au lecteur pour pouvoir désormais verser plus tranquillement vers le pan métaphysique du manga, sans pour autant en oublier des personnages qui sont toujours écris aussi justement.

Ce tome marque le passage à une nouvelle ère de Billy Bat. Toujours aussi dense qu'à son habitude, le récit s'amuse à jongler entre les différentes époques pour livrer un final choc. Pourtant, par un tour scénaristique très habile, Naoki Urasawa nous avait prévenu. Cela n'atténue pas pour autant la soudaineté et la violence de cet événement.

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