Bien avant le phénomène Dragon Ball, un autre dessin animé marqua son époque et l’imaginaire : Albator, création du légendaire Leiji Matsumoto. Comme beaucoup de séries, le pirate de l’espace commença son périple dans les pages d’un manga qui, avouons-le, a souffert du passage du temps, au point de pouvoir être considéré comme un frein à la découverte de ces aventures.
Plutôt que de laisser l’univers sombrer dans l’oubli, les éditions Akita Shoten au Japon ont décidé d’offrir un nouveau souffle au charimastique Capitaine Harlock (nom original du personnage), dans ce que DC comics appellerait pudiquement Rebirth et Marvel, The All New quelque chose. À l’instar des superhéros en collant, le héros de Leiji Matsumoto se voit donc dépoussiéré par Kouiti Shimaboshi. La première chose que l’on peut dire c’est que cette réfection réinvente le trait originel sans le dénaturer. Le nouveau dessinateur garde la patte de son prédécesseur, pour mieux le magnifier. On retrouve ainsi ce mélange singulier de personnages aux traits caricaturaux avec des figures féminines magnifiques avec leurs formes longilignes et vaporeuses ou des hommes à l’épaisse crinière. Shimaboshi dynamise aussi le découpage pour lui donner des codes narratifs modernes. Il laisse parler le dessin contrairement à l’œuvre originale, dont le découpage était bien plus lourd eût égard à son époque.
À son époque, Leiji Matsumoto était libre dans la construction de son univers. Il utilisait à travers les multiples itérations (séries animées diverses et manga) ses personnages comme des jouets sans se soucier de la sacro-sainte cohérence narrative. L’ambition qui transpire de cette nouvelle version semble être de reposer l’univers à plat, sous la supervision de son créateur originel, sans dénaturer l’essence des personnages. Albator reste l’illustration de la classe aboslue. Toujours écrit en creux tout au long de ce premier volume, chacune de ses apparitions est l’occasion d’admirer son charisme exploser, par son look et sa stature qui en font un personnage solaire.
Cette nouvelle adaptation reprend la même trame que le manga original (le principe même du reboot) : la Terre a subi une hémorragie de ses forces vives, la population qui la peuple désormais se compose en partie de miséreux qui n’ont pas pu se payer un billet pour les étoiles et des arrivistes qui ont vu dans cette migration le moyen de s’accaparer les plein-pouvoirs. L’apathie générale est telle que les politiques ne perçoivent pas la menace que représentent les Sylvidres, des extraterrestres à l’origine de la terraformation de la planète. Pourtant au milieu de ce désarroi subsiste un espoir en la personne d’Albator et son combat pour la liberté.
À la manière des multiples réinterprétations de la mort de Ben Parker dans Spider-Man, ce manga ne propose qu’une remise au goût du jour du matériel originel. Tandis que le premier chapitre pose l’univers et les enjeux de manière inédite, ceux qui suivent s’ingénient à traiter un épisode nodal dans l’aventure du pirate de l’espace avec l’arrivée dans l’équipage de Tadashi Daïba.
Faut-il bouder son plaisir avec cette version d’Albator proposée par Kouiti Shimaboshi ? 100 fois non, tant cette relecture garde la quintessence de l’univers premier, contrairement au film de 2013 en images de synthèse pour ne citer que lui. Ce nouveau manga, paru en français chez Kana, s’adresse tout autant aux nouveaux lecteurs qui pourront découvrir un univers riche et des personnages charismatiques qu’aux premiers amoureux de la série qui seront ravis de retrouver les aventures de leur rebelle fétiche.
Pour information, à l’occasion de leurs 20 ans, les éditions Kana font une offre sur la publication de ce manga en le proposant au prix de 5,95 €. C'est fort appréciable pour nos portes-monnaies.
