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par Sullivan - le 7/12/2015
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par Sullivan - le 7/12/2015

Chiisakobe - Tome 1, la critique

Disclaimer : Nous essayons de profiter du mois de décembre pour vous faire profiter de critiques de titres parus ces derniers mois et que nous n'avions pas forcément eu le temps de traiter à temps. C'est ici le cas de Chiisakobe, petit bijou' indé paru au Lézard Noir le 2 Octobre dernier. 

Adapté d'un roman culte de Shugoro Yamamoto et publié par la Shogakukan, Chiisakobé n'est pas qu'un titre compliqué, c'est surtout la dernière bombe trouvée par Le Lézard Noir, éditeur "différent" dans le paysage parfois sage de l'édition de manga chez nous. Compilé en 4 volumes au total, la série s'offrira à nous entre 2015 et 2016, pour une balade que l'on espère voir durer le plus longtemps possible. 

Roman culte d'un auteur passionné de l'ère Edo et révéré au Japon pour ses écrits majeurs (qui sont régulièrement adaptés au théâtre et/ou sur grand écran), le chef d'œuvre de Yamamoto se déplace justement de cette période cruciale pour le Japon à une époque plus contemporaine, mais si nous sommes bien incapables de mettre une année sur ce contexte un peu particulier.

L'histoire, plutôt simple dans les faits, nous présente la vie de Shiguji, jeune travailleur désabusé et fils d'une famille de charpentiers réputée. C'est cette même famille qu'il va perdre lors d'un grand incendie, qui le poussera à rentrer au foyer familial pour reprendre la suite des affaires, tandis qu'il lui est impératif de participer au bien-être de son quartier devasté, et notamment de jeunes orphelins livrés à leur sort si Shiguji n'accepte pas de leur venir en aide. Poignant et riche d'enseignements, la série se déroule vraiment à un rythme proche de la balade, entre personnages rêveurs, enjeux prépondérants mais étirés pour être appréhendés lentement et un triangle amoureux tout ce qu'il y a de plus classique et efficace. 

Vraiment flottant, le rythme de la BD prend alors le pas sur un lecteur qui plonge dans une tranche de vie pas forcément spectaculaire, mais ô combien touchante au travers des personnalités passionnantes qui s'opposent. On imagine sans mal une pièce de théâtre dans ces quelques cadres typiques, bourrés d'intervenants hauts en couleur et en gouaille.

Et si Chiisakobé brille par son classicisme dans son approche, son adaptation et sa façon de dépeindre un Japon absolument moderne à partir d'une histoire ancestrale, que dire du dessin de Minetarô Mochizuki ? Aussi appliqué que classique, l'auteur ne triche que très peu et offre énormément de décors et de vie à ses cases, tandis qu'il recourt régulièrement à une trame du plus bel effet. 

Il est difficile d'être excellent en prétendant dépeindre la réalité, et entre académisme efficace et vraie sensibilité du réel, l'auteur parvient à nous enfoncer encore un peu plus dans une tranche de vie criante et touchante de vérité.

Poétique, doux, touchant et superbement exécuté, Chiisakobé remplit parfaitement son rôle d'OVNI et vient nous rappeler tout le potentiel de l'exercice de la tranche de vie, surtout quand celle-ci est réussie. Un bel hommage au géant Yamamoto, décliné une fois de plus à travers un média qui lui sied parfaitement. 

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