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par Sullivan - le 10/07/2014
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par Sullivan - le 10/07/2014

Green Blood - Tome 5 (dernier numéro), la critique

S'il est coutume de trouver de bons mangas finis en quelques tomes chez les différents éditeurs qui nous offrent pléthore d'exemples, l'excellence, elle, est réservée aux plus grands. D'ordinaire épithète aux longues et haletantes séries, la mention très bien est difficile à obtenir pour un auteur qui livre pour la seconde fois une histoire qui ne dépassera pas les 5 volumes. Et pourtant, après un HideOut aussi puissant qu'effrayant, Masasumi Kakizaki récidive avec Ki-Oon et offre à son lectorat un bijou de BD Japonaise, tout simplement.

Démarrée le 4 Juillet 2013 à l'occasion de la dernière Japan Expo à accueillir la Comic Con Paris, Green Blood a eu la bonne idée et la politesse de refermer ses portes un an plus tard, début Juillet, lors de la 15ème édition du festival de la Porte de Villepinte. Un an, cinq volumes et cinq mandales aller/retour plus tard, il est l'heure du bilan des aventures des frères Burns, qui auront offert au far west une toute nouvelle approche en Bande Dessinée.

Les tenants et les aboutissants de Green Blood sont ceux du genre dans lequel il se fond, à savoir ce format de Seinen invoqué par la violence graphique mais au développement très proche des milliers de shônen nekketsu, ce canevas qui offre au héros le Voyage (avec un grand V, au sens le plus littéral du terme) bien connu de toutes les formes de littérature depuis Gilgamesh - le Mésopotamien, pas la série animée de Masahiko Murata. Mais plutôt que d'observer la vie et le développement naturel de ces héros avec le prisme de la simplicité, Kakizaki parvient surtout à s'approprier une ambiance pesante et un background historique qui regorge de richesses narratives, en témoigne l'apparition des Amérindiens dans ce cinquième et dernier tome, qui offrent à ce dernier une scène aux faux-airs de Fort Alamo.

Pourtant, si l'on passe outre cette structure déjà vue et quelque peu déceptive dans sa conclusion (quoi qu'il s'agit de l'éternelle question "où commence le Happy Ending ?"), Green Blood offre un fil rouge qui s'étale parfaitement sur ces cinq volumes et qui arrive à sa conclusion aussi méthodiquement qu'intelligemment, après avoir exploité les différentes forces du titre, à savoir la ruée vers l'Ouest, l'ellipse adolescente de Luke, les relations amoureuses liées aux valeurs humaines elles aussi ancrées dans un schéma parfaitement shônen et j'en passe. Kakizaki avait un plan, autour duquel il a posé plusieurs idées incontournables, qu'il a ensuite dispersé entre ses cinq tomes avant de les tisser entre elles, afin de ne jamais créer de vide narratif, et de mener tambour battant une histoire aussi classique qu'efficace.

Ajoutez à ça un dessin qui tutoie les sommets du genre (Kentaro Miura et Takehiko Inoue peuvent trembler, la jeune relève semble aussi à l'aise avec son art que ces deux monstres sacrés du Seinen), et vous obtenez un petit OVNI de manga, parfaitement adapté aux lecteurs qui possèdent la classique nostalgie du shônen mais qui restent en quêtes d'histoires adultes et mûres.

Green Blood - Tome 5 n'est en aucun cas le climax de la série, juste sa suite (et sa conclusion) logique. Kakizaki est un maître encore bien caché du Manga, et si sa marge de progression suit la courbe exponentielle sur laquelle il surfe depuis quelques années, nous pourrions assister ici à la naissance de l'un des plus grands mangakas du début des années 2000. Ajoutez à ça un éditeur qui lui fait confiance et qui lui offre un écrin à la hauteur de son talent, et vous obtenez une série incontournable, en 5 tomes.

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