Toujours pleine de belles suprises, la collection Latitudes de l'éditeur Ki-oon revenait il y a peu avec L'Île Errante, un récit entre terre et mer qui vous invite à la réflexion et vous propose de superbes planches.
Commençons par le dessin, du coup. Kenji Tsuruta est ici de retour après Spirit of Wonder et Forget-Me-Not, et fait une nouvelle fois montre de tout son talent dans ce premier tome, qui vaut avant tout pour ses cases absolument merveilleuses. De la vignette à la double page complètement folle, le dessinateur impressionne par sa maîtrise des perspectives et proportions.
Et c'est sans compter sa fascination pour les détails, qu'ils soient mécaniques, architecturaux ou anatomiques. Même si ce dernier point aura tendance à nous sortir de l'histoire, qui prend pour héroïne une jeune fille visiblement peu décidée à s'habiller. Mikura Amelia, personnage très touchant par ailleurs, travaille certes à bord d'un hydravion et sous un soleil de plomb, mais l'auteur aurait pu contenir une partie de son fanservice pour gagner en poésie.
Cela dit, ce n'est qu'un petit heurt à l'échelle de cette intrigue, toute simple, mais terriblement accrocheuse. Il s'agira en effet de trouver la fameuse Île Errante qui donne son nom à la série, laissée à notre héroïne en guise d'héritage par un grand-père défunt. Une quête qui sera traitée de manière très contemplative dans cet premier tome.
L'auter prend parfois des dizaines de pages à mettre en scène la détresse du personnage ou ses longs calculs nautiques pour espérer tomber sur l'Île Errante. Île qui d'après la légende, suit les courants de l'océan pacifique.
D'abord surprenante, cette approche finit par payer, puisqu'on se retrouve très vite envoûtés par les planches de Tsuruta et le rythme qu'il parvient à installer à l'aide de nombreuses respirations. Lire ce premier tome, c'est un peu comme dériver dans le plus beau des archipels, allongé dans une barque. On pourrait s'endormir devant tant d'émerveillement, mais l'auteur vient toujours réveiller notre curiosité.
Un petit gag, un rebondissement bien placé ou de nouveaux personnages, arrivent toujours au bon moment. Même si on remarque assez vite que le rythme plutôt tranquille de l'histoire a tendance à nous faire oublier ses détails. Les liens entre les différents protagonistes, par exemple, doivent souvent nous êtres rappelés, tant on se laisse absorber dans l'ambiance assez dingue qui se dégage de ce titre.
Envoûtés par les planches de Kenji Tsuruta, on finit par avoir du mal à distinguer le rêve de la réalité dans ce récit fascinant et mystérieux, qu'on recommande chaudement aux amoureux du dessin et aux amateurs d'histoires des plus contemplatives. Ki-oon tient ici une nouvelle perle pour sa collection Latitudes.