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par Elsa - le 27/04/2015
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par Elsa - le 27/04/2015

La République du Catch, la critique

Quand un auteur français atypique et génial est publié dans Ultra Jump, cela donne La République du Catch, un titre forcément un peu hors norme.

Un simple vendeur de pianos.

Mario est un petit homme timide et introverti qui tient un magasin de piano et a pour seul ami un manchot mélomane. Pourtant, notre héros est issu d'une famille de mafieux tous plus impressionnants les uns que les autres. Le charisme se partage rarement équitablement. Et ces gangsters sont les seigneurs de la République du catch, et ont sous leurs ordres les meilleurs combattants du pays. Mario est éperdument amoureux de la plus valeureuse des catcheuses, Bérénice, mais sait bien que ses sentiments sont condamnés à rester à sens unique.

Il vit une existence un peu triste, mais tranquille, jusqu'à ce qu'Enzo, son neveu, un bébé férocement précoce, le convoque. Il a un petit boulot pour lui, une mission de routine qu'il va bien devoir remplir...

Un gout d'inachevé...

La République du Catch est un projet de Nicolas de Crécy pensé pour Ultra Jump, le mensuel de prépublication japonais. Expérience particulière donc, dont le résultat en volume relié est paru simultanément au Japon et en France. L'auteur raconte s'être inspiré de la culture japonaise pour inventer cette histoire, cherchant ensuite dans la culture occidentale et dans son propre imaginaire des équivalents. Ainsi un manga où s'affronteraient yakuzas et yokais devient une guerre entre des mafieux italiens assistés d'une équipe de catcheurs et des fantômes absurdes et poétiques. 

Le récit, très chapitré, nous est raconté du point de vue du plus candide des anti-héros, Mario, impliqué malgré lui dans toute cette histoire. L'univers imaginé par De Crécy est un délice d'humour absurde et poétique, touchant et hilarant à la fois. On va de surprise en surprise et, si tant est que l'on accepte le n'importe quoi, on se régale. Les personnages sont tous fous, et les dialogues excellents. Il y a aussi beaucoup de passages silencieux, très doux et réussis.

De Crécy joue avec talent avec la narration japonaise, mixant ici une manière de raconter très occidentale et le dynamisme explosif d'un seinen. Son trait très fin se prête particulièrement bien au noir et blanc. Ne vous fiez pas à la couverture assez peu avenante, chaque case est plus belle que la précédente, offrant une élégance pleine de nostalgie aux silhouettes nocturnes d'une grande ville américaine. 

Là où le bât blesse, malheureusement, c'est que cette République du catch, annoncé comme un one-shot, est clairement un premier tome. Impossible de se dire sincèrement que cette conclusion est une fin, même très ouverte. L'éditeur japonais a-t'il fait le choix d'arrêter la publication ? Est-ce un choix délibéré de l'auteur ? Impossible à savoir. Peut-être que Casterman publiera la suite, mais pour l'instant difficile de réellement vous conseiller d'investir 20 euros dans un récit inachevé qui ne s'avoue pas comme tel, aussi bon soit le moment de lecture jusqu'à cette dernière page...

Vu comme un premier volume, La République du catch serait une excellente bande dessinée. Pleine d'humour, de poésie, absurde et riche en rebondissement, servies par le dessin délicat de Nicolas de Crécy. Mais en one-shot, c'est différent. Même si le voyage est plus important que sa destination, il est assez désagréable de se retrouver abandonné au milieu du chemin...

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