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par AlexLeCoq - le 24/08/2017
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par AlexLeCoq - le 24/08/2017

Lastman - Tome 10, la critique

Faut-il encore chanter les louanges de Lastman ? Faut-il encore préciser, si vous n'avez pas encore découvert la série, de courir vers la librairie la plus proche pour la découvrir ?

C'est bien possible et nous n'y manquerons pas avec la sortie de ce dixième tome qui, sans ménager le suspense, est encore une réussite ! Pour les quelqu'un(e)s du fond, Lastman est un hybride de bande-dessinée, à la croisée entre le manga et le franco-belge, dirigé par un trio magique : Bastien Vivès (à l'écriture et au dessin), Balak (à l'écriture) et Michael Sanlaville (au dessin).

Pour faire court (parce qu'on est quand même au dixième tome), Lastman raconte le destin croisé de plusieurs héros alors que deux mondes, qui n'ont pas conscience de leurs existences respectives (si on met de côté quelques personnages), sont sur le point de plonger dans les ténèbres. Puisant dans les meilleurs codes des genres dont elle s'inspire, la série a réussi à briller pour avoir donné vie à des personnages charismatiques, humains traversant toutes les palettes d'émotions. Un travail brillant dont nous n'avons cessé de vanter les mérites depuis la sortie du premier tome, puisque Lastman se rapproche finalement de l'œuvre ultime que notre génération attendait.

Et depuis la sortie du dernier tome en octobre dernier, la série a d'ailleurs pas mal évolué pour embrasser, avec des bras aussi forts que ceux de Richard Aldana, une approche transmédia longtemps teasée et préparée avec la série TV diffusée sur France 4 et ô combien incroyable, elle aussi, ainsi que le jeu vidéo Last Fight. Si nous devons commencer par un petit point noir, il faut préciser que si ce tome peut finalement s'apprécier sans avoir découvert la série de Jérémie Perin, nous vous invitons vivement à trouver un moyen de la rattraper le plus rapidement possible puisque ce spin-off animé, qui se déroule dans le passé, reste tout de même indispensable pour s'immerger dans l'expérience Lastman. Malheureusement, il sera difficile de la rattraper par les canaux classiques, puisque diffusée sur France 4, celle-ci est disponible sur Studio +. Cependant, nous vous ferons confiance pour trouver un moyen de remédier au problème.

Ceci étant dit, ce dixième tome de Lastman, qui marque le début de son quatrième et dernier arc, se démarque tout de suite de ses prédécesseurs puisqu'il s'entrecoupe pendant tout le tome de flashbacks qui permettent de découvrir le passé d'un des personnages les plus emblématiques de la série, Marianne, la mère d'Adrian. Ce n'est clairement pas une surprise puisque la best mom ever se trouve sur la couverture et que le trio fou nous l'avait annoncé lors d'une interview au FIBD. Et une nouvelle fois, force est de constater que Vivès, Balak et Sanlaville sont toujours les meilleurs pour donner vie à des personnages véritablement humains, sans jamais rentrer dans des archétypes et des raccourcis, contrairement à d'autres œuvres qui aiment jouer avec les codes. Ici, peu importe le personnage sur lequel le récit se focalise, celui-ci devient tout de suite passionnant, dans la fluidité de son expression orale (mais écrite, vous suivez ?), dans son développement psychologique et dans son évolution. En effet, il faut mettre au crédit des trois artistes qu'il n'y a pas meilleurs qu'eux pour créer des personnages dont au moins un élément de sa caractérisation, peu importe son genre, fera mouche sur le lecteur pour mieux en comprendre les forces et les faiblesses, pour parfois mieux se envisager ses choix et le monde qui l'entoure, à l'image du Capitaine Morgan et son histoire, centraux dans ce dixième tome. Rien que ça, le tout appuyé par cette couche indispensable d'humour juste (et parfois absurde) qu'aiment tant les trois gaillards.

Avec un gros passage dans le passé, ce dixième tome de Lastman fait aussi office de respiration bien sentie après les derniers numéros forts en révélations et en aventures. Ici, le retour sur le passé de Marianne permet finalement de reposer les enjeux de ce dernier arc tout en trouvant le moyen de faire monter la tension d'un coup avant la suite, qui ne s'annonce pas de tout repos. Comme il est coutume de le dire, il s'agit ici du calme avant la tempête. Et comprenez-moi bien, la tempête arrive clairement. Pour autant, ce tome n'est pas avare en aventure et permet aussi d'instaurer des changements de statu-quo pas mal avancés dans le tome 9 et notamment dans la Vallée des Rois, qui est passée du statut de royaume presque féérique où les tournois se passent dans le beau jeu du sport à une version totalement torturée et désolée, presque moyen-âgeuse où la politique est devenue terreur, à la manière d'un Kentaro Miura dans Berserk. Et c'est probablement là le double intérêt de revenir sur le passé de Marianne, qui devient instantanément encore plus iconique en même temps qu'elle nous permet de comparer deux versions de son monde. Lastman n'a jamais cessé sa course en avant dans sa narration très rythmée et cette bulle permet justement de jeter un regard derrière nous.

Pour autant, ce numéro reste incroyablement rythmé et Bastien Vivès comme Michael Sanlaville sont toujours très efficaces dans la mise en scène de leur tome, qui réussit toujours à manipuler l'art séquentiel pour obtenir un découpage très cinématographique et expressif. Il faut d'ailleurs avouer que la série TV fait un bien fou à la série papier qui en profite pour finalementmieux appréhender l'univers de Lastman ainsi que ses nombreux personnages. Dernier point noir, en revanche, on pourra tout de même pester sur une fin de tome clairement abrupte, d'autant plus que le cliffhanger parfait se présente quelques pages seulement avant la fin effective.

Encore une fois, la team Lastman fait un travail assez remarquable dans l'écriture fine de ses personnages qui continuent d'accroître leur charisme alors qu'on découvre leurs forces, faiblesses, réussites et erreurs. La série s'offre le luxe de réussir à transcender son média pour finalement devenir l'œuvre française à ne pas manquer et qui est clairement la digestion d'une génération d'œuvres culturelles que les amoureux d'œuvres japonaises apprécieront, tout en cassant ses cases pour parler à tout le monde. Ce dixième tome offre une respiration bienvenue, puisqu'il permet de découvrir le passé de Marianne (mais pas que), tout en annonçant que la bataille finale approche. Lastman est un immanquable et alors que nous arrivons bientôt à la fin de la série (prévue en douze) numéros, nous commençons déjà à ressentir de la tristesse à l'approche de la conclusion, qui s'annonce épique.

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