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par Alfro - le 28/01/2014
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par Alfro - le 28/01/2014

Le Cadeau de l'Ange, la critique

Les Trésors de Tsukasa Hôjô sont l'une des collections les plus sûres de Ki-oon, où l'on sait que l'on va prendre un plaisir certain à la lecture. Après les petits bijoux que sont La Mélodie de Jenny ou Sous un Rayon de Soleil, c'est un recueil d'histoires courtes de l'auteur de Cat's Eye que nous propose l'éditeur : Le Cadeau de l'Ange.

Le Cadeau de l'Ange

Assez bizarrement, on commence avec l'œuvre la plus récente du recueil. Cette histoire met en scène un homme, Masahiro, qui vit dans ses rêves de princesse venue d'un pays étranger et qui se complait dans une vie légère, fuyant comme il se doit les responsabilités. Dit comme ça, on pourrait penser que l'auteur va nous servir une fable moralisatrice sur le fait de devenir adulte. Alors certes, il y a un peu de cela, mais Hôjô est bien trop malin pour verser dans le jugement, et préfère utiliser un tour fantastique (l'apparition de sa future fille le temps d'une journée) pour amener une réflexion toute en sensibilité. Ce parti pris scénaristique lui sert de révélateur et est surtout l'excuse pour lui de déployer ses talents de conteur plein d'émotions et d'humour. De plus, graphiquement, il est au sommet de son art, surtout que les pages sont bien remplies et usent d'une inventivité rafraîchissante.

Je suis un mec, un vrai !

Le tout premier manga que Tsukasa Hôjô ait fait. Une histoire qui met aux prises un pensionnat de garçon et un autre de fille, qui vont être obligés de cohabiter. Qu'on se le dise, c'est un travail plein d'erreurs de jeunesse, tant au niveau de la cohérence scénaristique que graphiquement où il n'a pas encore digéré ses influences et où son trait n'est pas aussi fin que par la suite. Mais Sho et ses potes sont une sacré source de rigolade. Encore une histoire d'amour, une obsession pour l'auteur semble-t'il, mais qui est surtout prétexte pour se marrer bien comme il faut. Pas sa meilleure histoire, mais dix minutes de lecture extrêmement plaisante.

Histoire de chats ❤

Non, le cœur à côté du titre n'est pas du tout une liberté de l'auteur de ces lignes qui aurait fini par craquer son slip. Mais il aurait pu tellement cette histoire est touchante. Tout y est, contexte social compliqué mais jamais misérabiliste, histoire d'amour touchante et cette touche de fantastique qui fait toute la différence. Cette histoire d'un paparazzi qui sauve bien malgré lui un chat, qui se révèle pouvoir se transformer en femme (ce qu'il ignore), file sur un mode doucereux et romantique (en glissant quelques références à Cat's Eye qui plus est). Ce qui rend la fin d'autant plus dure. Celle-ci change toute la perception de l'œuvre et son côté abrupt est totalement maîtrisé par un auteur conscient de s'enfoncer dans un gros gâteau à la limite de l'indigeste pour finalement nous arracher à cette rêverie.

City Hunter - XYZ

Forcément, quand on parle de Tsukasa Hôjô, difficile de ne pas penser à son œuvre maîtresse : City Hunter. On la connait plus sous le nom popularisé par la série animée : Nicky Larson. Alors c'est avec une grande joie que l'on découvre la toute première histoire où Ryo Saeba fait son apparition. La plupart des éléments sont là, le ton aussi, entre violence crue, vision assez sombre de la société et pourtant un humour constant. Graphiquement et même scénaristiquement, ce n'est pas aussi abouti que ce qu'il présentera plus tard. C'est en quelque sorte l'esquisse de ce qui deviendra plus tard sa série à succès, un document presque historique qui demeure très plaisant à lire.

City Hunter - Double-Edged

Deuxième histoire consacrée au nettoyeur le plus obsédé du Japon. On découvre ici un Ryo Saeba plus proche de celui qu'on connait, plus abouti. Dans une histoire qui joue habilement du double-jeu, la thématique du théâtre étant bien pratique dans ces cas-là. Plus sombre que ce qu'il avait pu faire auparavant, l'auteur semble avoir trouvé ici son rythme de croisière et lancera la série City Hunter après cela. Cette histoire est très courte mais est un condensé du talent de Hôjô, et démontre que malgré toute la sensiblerie dont il peut faire preuve, il est un mangaka d'exception dès qu'il s'agit de réaliser des scènes d'action, avec une approche cinématographique dans la mise en scène qui n'est pas sans rappeler la vision que pouvait avoir un John McTiernan. Le meilleur des eighties, en somme.

Ce recueil est donc un agréable moment, où toute les histoires ne sont certes pas du même accabit. La plupart trahissent un travail de jeunesse, mais nombre d'auteurs auraient avoir eu autant de talent dans leurs premières années. On évolue du rire aux larmes en passant par la stupéfaction, montrant toute la palette d'émotion à la disposition d'un auteur qui s'est fait un point d'honneur d'être toujours proche de l'humain quand il écrit ses histoires.

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