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par Sullivan - le 7/01/2016
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par Sullivan - le 7/01/2016

Poison City - Tome 2, la critique

Artiste culte chez nous grâce à sa pluie de titres majeurs tous publiés par Ki-Oon, Tetsuya Tsutsui fait partie de ces artistes japonais en marge du secteur classique de l'édition, dont le message politisé peut faire peur aux géants de l'entertainment nippon. Avec ce second tome de Poison City, il persiste et signe son combat entamé en mars dernier, et nous livre son oeuvre la plus engagée à ce jour.

Poison City, c'est d'abord l'histoire à peine fantasmée de l'édition Japonaise revenue aux pires heures du Comics Code Authority, que l'auteur féru d'histoire de la BD n'oublie d'ailleurs pas de mentionner. Dans un monde où les artistes peuvent être jugés au moindre dérapage à partir d'algorithmes administratifs aussi tristes qu'un guichet des impôts à l'heure de pointe, on suit l'histoire de Mikio, jeune auteur déterminé à se battre pour être en mesure de publier ce qu'il souhaite, à savoir une série d'horreur qui ne manque pas d'un second sens de lecture, et que l'auteur a la prouesse de glisser au sein même de son manga pour appuyer le parcours mental de son auteur. 


Laissé pour compte à la fin d'un premier tome où le couperet était tombé, l'auteur a deux choix : édulcorer ou continuer. Coûte que coûte. Prêt à endurer un jugement arbitraire au tribunal (et c'est là où la série tombe dans l'anticipation, le vrai jugement dans notre société bien réelle appartient aujourd'hui avant tout au tout-puissant éditeur) pour poursuivre Dark Walker, quitte à limiter son bijou à une parution sur la toile, Mikio devient un martyr pour sa cause mais n'abandonne jamais une valeur inestimable : son art n'est pas à négocier. 

Et si l'on peut regretter quelques situations qui tombent du ciel pour faciliter la poursuite du récit malgré les embûches, on reconnaîtra à Tsutsui un talent fabuleux lorsqu'il s'agit de délivrer un message au travers d'une histoire. En ne brisant jamais le quatrième mur à l'exception de la dramatique (et magnifique) conclusion de ce dyptique, il parvient pourtant à informer et à alerter sur un phénomène qui n'échappe lui non plus pas à la mondialisation : la disparition progressive et non-spectaculaire des libertés. Un combat qu'il convient de mener, et pour lequel les artistes restent en première ligne depuis des centaines d'années, quitte à se sacrifier. 

Évidemment métaphorique, l'histoire de Poison City n'en perd pas pour autant sa puissance évocatrice, elle qui gagne à être lue par le plus grand nombre, ne serait-ce que pour donner sa chance à un seinen parfaitement exécuté, même s'il était de toute façon difficile d'en douter face à un auteur d'un tel pedigree. 

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