En 1944, le monde est en pleine guerre planétaire. Le Japon, allié à l'Allemagne, se bat contre les américains. Et cette guerre a lieu bien au-dessus des têtes des japonais, dans le ciel. C'est alors une course à l'armement sans merci qui commence entre les deux pays, pour concevoir l'avion le plus rapide, le plus efficace et le plus dévastateur. Au milieu de tout ça, il y a Shirakawa. Passionné d'aviation, il s'est engagé dans l'armée de l'air pour le plaisir de voler. Pilote émérite, le soldat est de retour à Tokyo pour travailler dans le centre d'essais, mettant ses talents au service du développement de l'aviation.
Mais en revenant à Tokyo, plus que la capitale c'est surtout sa femme qu'il retrouve. Mariko attend avec impatience le retour de son mari au bercail. Mariko n'a rien d'une femme passive et ennuyeuse : sa détermination et sa malice sont un rayon de soleil pour Shirakawa. Au fil des pages de Sous le ciel de Tokyo, nous allons découvrir la vie et les aléas de ce couple attendrissant, mais aussi les défis techniques poursuivis par l'aviation japonaise.
Une plongée tête la première dans l'aviation japonaise
L'armée de l'air est au centre de ce manga en deux parties. Elle rythme le volume, chaque chapitre correspondant à une évolution précise du conflit entre le Japon et les États-Unis. Elle rythme aussi la vie du couple, soumis aux missions de Shirakawa, qui peut tout aussi bien être envoyé en Birmanie qu'à l'extrême Sud du Japon, en passant par Tokyo. Ce point central peut sembler à la lecture du premier chapitre, un peu ennuyeux pour les gens qui ne sont pas passionnés d'aviation. Si vous avez aimé Le Vent se lève, le dernier Miyasaki en date, vous aimerez probablement Sous le ciel de Tokyo. Mais ce n'est pas mon cas, et j'ai dû un peu m'accrocher dans un premier temps.
Cela dit, derrière des détails parfois trop pointus (bon, ça ne m'intéresse pas trop de connaître les différences entre la seconde et la troisième génération de tel bombardier), se dessine la grande, la terrible Histoire. L'un des amis du héros décide un jour de jeter son avion sur celui de l'ennemi, mourant ainsi volontairement dans l'explosion. Cet épisode fait bien sûr référence à la tradition des kamikazes, qui terrifia les ennemis du Japon durant la seconde guerre mondiale. Mais à ce stade de l'histoire, les kamikazes sont encore rares. C'est avec un certain frisson d'angoisse qu'on suit donc le récit.
L'histoire d'un couple dans un pays en guerre
Un frisson d'angoisse d'autant plus fort qu'on s'attache à Shirakawa. Avec Mariko, ils forment un couple hyper attachant : tous deux sont motivés, passionnés, mais aussi pleins d'amour. Chacun est en danger, puisque lui est au coeur de l'action au quotidien, et elle vit à Tokyo, menacée par les bombardiers américains. Sous son trait doux et épuré, l'auteur Seiho Takizawa arrive vraiment à nous faire ressentir l'angoisse latente d'un quotidien pourtant paisible.
Un quotidien d'ailleurs très intéressant à découvrir. Tout en étant une fiction, le manga est bourré de petits détails historiques. On découvre ainsi que les tokyoïtes ont dû laisser tomber leurs tenues traditionnelles pour une autre plus sobre et plus simple, composée d'un pantalon - même pour les femmes. Et chacun avait une étiquette avec son nom et son groupe sanguin brodée sur ses vêtements, en cas de bombardement. On apprend aussi que les alumettes étaient plus difficiles à enflammer, parce que leur tête était plus petite à cause du rationnement. On sait ce qui est arrivé par la suite au Japon : les terribles épisodes de Hiroshima et Nagasaki. Sous le ciel de Tokyo est composé de deux tomes seulement. Et on a envie de savoir la suite, même si on a forcément peur pour les protagonistes.
Ce manga plaira aux mordus d'aviation, qui apprécieront les très belles représentations d'engins. Pour les autres, il faudra passer outre les détails et descriptions parfois trop pointues. Mais le reste de l'histoire lui, est hyper bien écrit et donne vraiment envie de lire la suite. Suite qui est d'ailleurs prévue pour début 2018.
Toutes les illustrations sont issues de l'album