Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Elsa - le 14/11/2016
Partager :
par Elsa - le 14/11/2016

Springald, la critique

Avec Springald, Ki-oon inaugure une nouvelle collection : The Black Museum, qui regroupera des mangas de dark fantasy prenant place à l'époque victorienne.

De la farce au meurtre.

KUROHAKUBUTSU-KAN SPRINGALD © Kazuhiro Fujita / Kodansha Ltd.

Londres, première moitié du XIXème. Un étrange personnage sème la terreur, effrayant des jeunes femmes avant de disparaitre en bondissant. C'est ainsi que la légende de Jack Talons-à-Ressort est née. 

Mais voilà, trois ans après qu'il ait arrêté de sévir, il réapparait et cette fois-ci il tue. Qui se cache derrière le masque et les jambes mécaniques ? Pourquoi est-il passé de l'effrayante farce au meurtre ?

Quand la légende urbaine inspire la fiction.

Le Black Museum, créé en 1874, est un lieu où sont stockées les pièces à conviction des crimes sur lesquels enquêtent la police métropolitaine de Londres. Il sera le fil conducteur de la collection. Ici, un mystérieux narrateur demande à voir la jambe de Jack Talons-à-ressort conservée dans le musée avant de raconter tout ce qu'il sait de l'affaire à la Conservatrice, suspendue à ses lèvres. On suit ainsi l'enquête de James Rockenfield, inspecteur qui avait un suspect lors des premiers agissements du criminel mais avait du clore l'enquête quand il avait cessé de sévir. Quand Jack réapparait et se met à tuer, le policier se rend chez son suspect : un riche bourgeois connu pour ses frasques. Il est loin d'être au bout de ses surprises.

Springald est un manga richement documenté. En se basant sur la légende urbaine et les véritables agissements de Jack Talons-à-Ressort, mais aussi sur le contexte à Londres à cette époque, Kazuhiro Fujita construit son histoire et réinvente la légende initiale. D'un agresseur-farceur idiot et effrayant, le personnage se transforme en tueur. L'auteur imagine sa propre version de l'affaire et l'enrichit de nouveaux enjeux, mêlant ainsi la réalité historique et la fiction. L'histoire est parfois un peu tirée par les cheveux et les personnages caricaturaux, mais on prend plaisir à lire cette enquête. D'autant plus que le manga est accompagné de fiches explicatives sur le contexte historique et les éléments connus aujourd'hui sur Jack Talons-à-Ressort. Ces notices sont rédigés par Katsuo Jinka, spécialiste du sujet et auteur du livre "Les Légendes mystérieuses de Londres" qui a inspiré à l'auteur l'histoire de Springald. Cette partie texte est passionnante,et donne beaucoup plus de profondeur au récit, tout en permettant au lecteur de savoir ce qui dans l'histoire tient de la réalité et de la fiction. L'auteur jouant avec la frontière trouble entre les deux, il est à la fois intéressant de connaitre le véritable personnage qui existait à l'époque victorienne, et de voir comment le mangaka a brodé une histoire imaginaire sur une légende urbaine pour lui donner plus de corps et de sens.

Le dessin est un peu daté et assez chargé. Un style plutôt gothique qui sied bien à l'esprit de Springald mais qui ne plaira pas à tout le monde. Les planches sont cependant fluides et dynamiques et l'ambiance suffisamment étrange pour qu'on soit happé par sa lecture, le trait passant au second plan par rapport au récit. En arrière-plan, les décors très réalistes retranscrivent le Londres de l'époque et immergent vraiment dans l'ambiance victorienne, tous comme les tenues des personnages, très travaillées, qui témoignent à nouveau du gros travail de documentation derrière le titre.

Ce premier opus de la collection The Black Museum manque un peu de finesse mais nous plonge dans l'Angleterre victorienne pour nous faire découvrir un de ses criminels, en mêlant un contexte richement documenté à une fiction pleine de surprises et de rebondissements qui apportent des réponses inattendues et imaginaires à l'affaire du mystérieux Jack Talons-à-Ressort.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail