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par AntoineBigor - le 29/04/2016
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par AntoineBigor - le 29/04/2016

Top 5 : Que lire après Captain America - Civil War ?

Avec la sortie de Captain America : Civil War, film qui oppose une bonne partie des héros déjà existants tout en introduisant de nouveaux personnages au public, Marvel Studios ouvre encore plus les vannes de son univers partagé au cinéma. Une notion qui est le quotidien des lecteurs de comics, notamment depuis le début des années 2000, où une poignée de scénaristes ont travaillé ensemble pour relancer l'univers dans une seule et même direction. Les travaux de ces scénaristes ont d'ailleurs servi d'inspiration pour le film d'Anthony et Joe Russo, piochant dans plusieurs oeuvres phares certains éléments précis pour construire leur récit.

En sortant de la salle, une question se pose : Que lire, pour de continuer l'experience et découvrir les sources du conflit entre Vengeurs ? Petit Top 5 pour mieux s'y retrouver.

Si la Phase 1 de l'univers Marvel Studios s'inspirait surtout de The Ultimates de Mark Millar, cette Phase 2 s'achève sur un film bien plus inspiré par pas mal des éléments idéologiques et narratifs propres à toute une période récente de l'histoire de Marvel Comics, initiée par Brian Michael Bendis avec Avengers Dissassembled.

Quand le scénarsite débarque en 2004 sur la série Avengers à l'occasion du numéro 500, il décide de faire table rase du passé grâce à un petit évènement du nom de Disassembled. Inverse de la formule prononcée par l'équipe quand elle se réunit, ce titre résume parfaitement l'intention de son auteur : éclater les liens qui soudaient les héros avec un ensemble d'accidents imprévus. Dès les premières pages, Bendis plonge ses héros extraordinaires, souvent épargnés par les problèmes politiques, dans un monde moderne complexe et de plus en plus hostile à leur intervention. La première apparition de Tony Stark sous la plume du scénariste se trouve être une intervention à l'ONU en tant que Ministère de l'Interieur des Etats-Unis. Le glissement vers un univers Marvel plus réaliste, ancré dans des enjeux globaux et un rapport compliqué à l'opinion publique, se fait avec ce récit. Il va même introduire une intrigue plus large, que plusieurs scénaristes dérouleront les années qui suivent : quelle est la limite d'intervention des Vengeurs ? Qu'elle soit morale ou uniquement géographique, la question se pose, autant par le lecteur après des années d'aventures que par la classe politique et les médias, qui deviennent en quelque sorte des ennemis.

De ce point de vue, on peut se demander si le seul intérêt de Brian Michael Bendis derrière cette histoire est uniquement de faire exploser en mille morceau l'unité qui résidait entre les héros. Le scénariste joue avec toute la galerie de personnages à sa disposition (soit la quasi-totalité des héros Marvel de premier plan), puisant énormement dans la continuité pour bâtir son histoire. Son but est finalement de déconstruire l'âge d'or des vengeurs afin de les faire rentrer dans un âge plus adulte et moins fantasmé, où les réalités politiques peuvent entraver un conflit qui, avant cette prise de conscience, ne se jouait qu'entre costumes. Un changement amorcé dans l'univers Marvel Studios, mais qui est ici bien plus radical, comme si Captain America et ses collègues découvraient brutalement la logique de nos sociétés modernes. On peut aussi noter qu'à l'époque, Marvel sort à peine d'une longue période de reconstruction et essaye tant bien que mal de gérer la popularité des différents héros de son catalogue, faisant revenir Cap' et Iron Man sur le devant de la scène, au même titre que plusieurs héros qui feront moins de 10 ans plus tard leur apparition au cinéma. 

Disassembled est aussi et surtout le prologue à toute l'ère Bendis sur les Avengers, qui a derrière lancé de nombreuses équipes comme les New Avengers, les Mighty Avengers ou les Dark Avengers. Cette chute semblait necessaire pour faire revenir l'équipe et pour mettre en place une sous-intrigue qui nourrira la continuité des années durant : le danger que représentent les pouvoirs de la Sorcière Rouge. Elément également abordé dans le film Captain America : Civil War, il est ici au coeur du récit et ouvrira sur un autre crossover, beaucoup plus centré sur les mutants pour le coup, avec House of M.

Cette nouvelle direction idéologique de l'univers Marvel se répercutera dans plein d'autres séries et mettera en place, petit à petit, un autre chamboulement, assez cohérent : Civil War.

Marvel Deluxe - New Avengers, tome 1 : Chaos.
(6 autres tomes également disponible)

Évidemment. Comment ne pas citer l'oeuvre de Mark Millar et Steve McNiven, évènement qui a considérablement redéfini les codes de l'univers Marvel jusqu'à aujourd'hui (et le trip galactique de Jonathan Hickman). La série de sept numéros a été publiée entre 2006 et 2007, et a impacté l'ensemble des séries déjà existantes ainsi que tout un ensemble de mini-séries, consacrées aux dégâts collatéraux du crossover.

L'histoire de Civil War débute alors que l'équipe des New Warriors est en pleine enquête à Stamford sur la planque d'une équipe de super-vilain, le tout étant filmé pour les besoins d'une émission de télé réalité. L'opération va déraper lorsque Nitro, un homme capable d'exploser, va débarquer et détruire une école, faisant de nombreuses victimes. Un drame national qui touchera les Etats-Unis tel un 11 Septembre super-héroïque, apparaissant comme la dernière goutte d'eau qui fait déborder le vase de la tolérance des gouvernements. Suivra la mise en place d'un projet de loi de recensement, afin d'enregistrer toutes les identités secrètes des vigilantes pour les faire travailler sous l'autorité du S.H.I.E.L.D. Tony Stark, déjà impliqué politiquement et extrêmement chamboulé par la succession d'évènements récents, va se retrouver pris à parti par la mère d'une victime, le poussant à soutenir ce projet. De l'autre côté, Steve Rogers voit d'un très mauvais oeil cette initiative liberticide et refuse d'y participer. Il sera par conséquent déclaré hors la loi, pourchassé par les autorités tout en organisant la résistance.

Cette crise de confiance que met en scène Civil War est donc construite à partir d'Avengers Disassembled ainsi que toute une série de dérapage qui ont eu lieu dans Secret Wars ou encore House of M. C'est Brian Michael Bendis qui a d'ailleurs pitché le concept de Civil War, mais Marvel a confié le soin de développer ce conflit au scénariste controversé Mark Millar. Ce dernier ayant déjà abordé le rapport entre sur-homme et organisation politique avec The Authority, il était tout trouvé pour ce récit polémique.

Le film des frères Russo, en reprenant le titre de cet évènement, est évidemment son équivalent au sein du Marvel Cinematic Universe, mais uniquement sur certains éléments de contexte. Le Raft que l'on peut apercevoir dans le long-métrage s'inspire vaguement de la Prison 42, construite par Red Richards dans la Zone Négative pour enfermer toutes les personnes ayant des pouvoirs et refusant de s'enregistrer au près du gouvernement- on y retrouvait notamment Iron Fist en Comics. Le rôle de Spider-Man, également, est beaucoup plus important dans le comic-book, là où le Spidey incarné par Tom Holland fait à peine ses débuts - même si l'idée d'un personnage à mi-chemin entre les deux camps est plus ou moins évoqué implicitement. C'est surtout la lutte idéologique que se livrent Captain America et Tony Stark dans l'oeuvre originale qui servira de point de départ aux scénaristes du film. Ces derniers ajouteront des raisons plus personnelles à ce conflit, mais les deux camps - l'un prônant plus de contrôle, l'autre prônant le libre arbitre - restent les mêmes.

Là où la Civil War de Mark Millar est intéressante, c'est qu'elle se repose sur plusieurs centaines de héros et des dizaines d'années de relations entre eux. De grandes réunions entre super-héros se tiennent, les arguments volent et se confrontent, et chacun devant prendre un parti. La notion de camp est bien plus accentuée et les retournements de vestes jouent sur un aspect stratégique, en vue de l'affrontement final annoncé. Ce dernier est sanglant, massif, rajoutant du grain à moudre au gouvernement et à son initiative. La conclusion est en cela beaucoup plus radicale que celle du film, prenant un vrai parti sur le gagnant et ce que cela implique pour le reste de l'univers. Surtout, Mark Millar fait tomber un symbole, une légende, qui lui aussi trouvera une forme de conclusion dans sa propre série, écrite par Ed Brubaker.

Marvel Deluxe - Civil War, tome 1: Guerre Civile.
(5 autres tomes et un prologue également disponible)

 

Le run d'Ed Brubaker, scénariste des plus belles pages du polar en comics avec Criminal ou encore Fatale, a marqué comme personne avant lui le personnage et son héritage. Il commence à l'écrire en 2005, à peu près au moment où Bendis prend les commandes des Avengers. Dans un style très noir, il plonge Steve Rogers dans le monde moderne, au coeur des affaires du S.H.I.E.L.D., en tant que soldat envoyé en mission d'espionnage afin d'enquêter sur l'Hydra, ainsi que son propre passé.

Le début de la série réintroduit Bucky en tant que Soldat d'Hiver, dans un récit qui a beaucoup servi à construire le second opus des aventures cinématographiques de Captain America. Le film, comme les écrits de Brubaker, creuse le passé de son héros pour bouleverser ses repères. Le comic-book va bien plus loin, en réintroduisant plusieurs antagonistes connus de manière plus moderne, encrés dans un complot pour le moins complexe. Une idée que l'on peut retrouver avec le Baron Zemo, incarné à l'écran par Daniel Brühl, bien loin des tons violet du costume classique.

La série a développé, depuis ses débuts jusqu'à la publication de Civil War, une gigantesque machination de Red Skull trouvant son terrible objectif dans l'arc bien nommé : La Mort de Captain America. Avec cette histoire, Ed Brubaker prend le pari risqué de continuer la série sans son héros, en transmettant l'héritage du super-soldat à travers plusieurs personnages, du Soldat de l'Hiver au Faucon en passant par l'Agent 13. Cette dernière, qui prend une autre dimension dans le film des frères Russo, est au coeur de l'intrigue avec une belle relation développée avec Rogers depuis l'arrivée du scénariste et qui prend une nouvelle direction à l'orée de cette disparition. Il est d'ailleurs assez conseillé de connaître ses classiques en Comics pour apprécier leur relation au cinéma, un tantinet bâclée pour qui n'aurait suivi leur histoire commune qu'en travers.

Pendant plusieurs années, Ed Brubaker a donc continué l'écriture de la série Captain America sans son personnage principal, en faisant passer les couleurs de la bannière étoilée à Bucky Barnes, avant (évidemment) de le faire revenir dans un rôle différent, plus proche de celui d'un directeur du S.H.I.E.L.D., avec un nouveau costume et un bouclier holographique. Il est d'ailleurs assez marrant de se dire que ce bouclier vient de faire une apparition dans la série Agent of S.H.I.E.L.D., un peu avant la sortie du film Civil War. Un signe, peut-être, de la direction que pourrait prendre le personnage de Chris Evans.

Les écrits de Brubaker sur Captain America restent un immense classique de l'histoire du personnage et des comics, et qui a définitivement ancré le héros d'un autre siècle dans le XXIème. Un immanquable.

Marvel Icons - Captain America par Ed Brubaker (2 tomes déjà disponibles)
 

De nouveaux personnages font leur première apparition dans ce nouveau film Captain America : des moins connus du grand public comme Black Panther jusqu'à la superstar qu'est Spider-Man. Une nouvelle version plus jeune, déjà impliquée dans une Civil War, alors que le Peter Parker de l'univers classique avait déjà bien grandi avant de prendre part au conflit de Mark Millar. C'est le scénariste Joe Michael Straczynski qui a initié cette direction pour le personnage, le faisant définitivement évoluer de son rôle de jeune étudiant aux problèmes de monsieur-tout-le-monde à l'adulte responsable, marié et professeur dans un lycée.

Cette évolution a ouvert une toute nouvelle voie à son scénariste, apportant plus de maturité et de sérieux à son héros. Ce dernier va d'ailleurs nouer assez rapidement des liens avec Tony Stark, en rejoignant les New Avengers après Disassembled notamment, mais également dans sa série principale où l'ingénieur millionnaire philanthrope va lui concevoir un nouveau costume, Iron Spider, plus high-tech. Une relation qui va se tisser un peu avant les évènements du Civil War papier, et qui va évidemment être mise à rude épreuve une fois la tragédie de Stamford passée. Stark va alors convaincre le héros de participer à une grosse annonce, visée à soutenir le projet de recensement des super-héros : dévoiler son identité secrète en conférence de presse. Un choix lourd de sens, qui questionne justement sa moralité et ses responsabilités, montrant à la fois l'exemple de ce qu'il croit être juste tout en exposant sa famille.

Un choix qu'il regrettera, puisqu'il finira par se rendre compte de la dimension liberticide du projet de Stark et du gouvernement et rejoindra les rangs de Captain America. Mais le mal est fait, son identité est connue de tous et sa famille est exposée comme jamais. Tante May en fera d'ailleurs les frais, poussant Spider-Man dans ses derniers retranchements et une ultime histoire orchestrée par le scénariste, dont la conclusion sera réécrite par Joe Quesada, provoquant la colère et le départ du génial scénariste.

Entre 2001 à 2008, Joe Michael Straczynski a ainsi écrit des millers de pages d'aventures du personnage, allant des plus fantastiques au plus terre-à-terre, et jouant sur cette même dimension d'un univers plus ancré dans le réel - un épisode spécial d'Amazing Spider-Man rend par exemple hommage aux victimes du 11 Septembre, après avoir été écrit et dessiné (!) dans la nuit suivant le triste évènement - et amené à déboussoler nos héros pour mieux les faire évoluer avec son temps. L'un des meilleurs arc de Spider-Man, tout simplement.

Marvel Icons - Spider-Man par Joe Michael Straczynski (3 tomes déjà disponibles).
Marvel Deluxe - Civil War, tome 2 : Vendetta.

 

Brian Michael Bendis est un scénariste prolifique qui s'est imposé comme personne chez Marvel dans les années 2000. Si il a participé à la déconstruction du vieux monde avec Avengers Disassembled, il a également pris le temps d'en créer un nouveau avec Ultimate Spider-Man. Premier titre de la ligne Ultimate, bien avant les X-Men et Ultimates de Mark Millar, USM relance le jeune Spider-Man à notre époque, dans une version plus adolescente et lycéenne que ce que proposait Joe Michael Straczynski à le même époque. Le Spidey de cet univers Ultimate, déjà bien pillé par le Avengers de Joss Whedon, semble être celui retenu pour son renouveau au cinéma sous les traits de Tom Holland.

La série reprend le postulat très classique d'un Peter Parker nerd et pas très sportif qui va se faire mordre par une araignée radioactive, expérience des laboratoires Oscorp. En découvrant ses nouveaux pouvoirs, ce Spider-Man va également devoir gérer ses histoires de coeur avec Mary Jane ainsi que son quotidien étudiant et l'évolution de son adolescence. Là où la série a réinventé tout l'univers du tisseur pour lui donner une ambiance plus pop et dynamique, elle développe un Parker hyper intelligent, débrouillard et inventeur, tout en ayant une certaine confiance en lui qui le fait bavarder sans cesse pendant qu'il affronte les différents méchants qui s'opposent à lui. Il croisera également la route de Captain America, Iron Man et cie, avec un rapport de tutelle, jouant sur la différence d'âge entre les héros, que l'on peut retrouver dans le film Civil War.

Un héros qui aura pourtant évolué et grandi pendant ces années, Brian Michael Bendis et Mark Bagley ayant réalisé ensemble plus de 150 numéros du mensuel, qui a connu différentes formes par la suite mais toujours avec le même scénariste. C'est d'ailleurs lui qui créera plus tard, après la mort de ce Spidey, le personnage de Miles Morales, jeune afro-américain beaucoup plus ancré dans une réalité sociale, qui ne manquera pas de dépasser le simple cadre des Comics. 

Cette version était d'ailleurs la première intention de Marvel Studios pour le nouveau Spider-Man cinématographique. Il faudra attendre, puisque Sony a souhaité repartir avec Peter Parker, encore plus jeune que dans les films de Sam Raimi ou Marc Webb toutefois. Ultimate Spider-Man a également eu le droit à une adaptation en dessin animé, toujours en cours de diffusion, qui reprend la même ambiance et la même dynamique. C'est surtout dans le prochain film de Jon Watts que devrait se faire sentir cette influence teenage et ce lien au reste de l'univers Marvel, avec ce rapport de tutelle que l'on retrouve dans les dialogues entre Stark et Parker dans le film des frères Russo.

De part son aspect en parallèle de la continuité classique, Ultimate Spider-Man offre la version la plus jeune et moderne du personnage, avec un dynamisme incroyable et une fraicheur sans cesse renouvelée. Indispensable. 

Marvel Deluxe - Ultimate Spider-Man (9 tomes déjà disponibles)

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