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par AlexLeCoq - le 11/06/2014
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par AlexLeCoq - le 11/06/2014

DOSSIER : Assassin's Creed et la bande dessinée

Alors que l'E3 bat son plein et qu'Assassin's Creed Unity nous a tous bien fait baver en offrant pour la première fois (et enfin) la possibilité d'opérer au cœur de la Révolution Française dans un Paris plus vrai que nature, nous vous proposons aujourd'hui de faire un tour de la licence dans ses versions papiers.

Franco-belge, Comics et bientôt Manga, Assassin's Creed s'essaie à tous les types de Bande Dessinée, pour le meilleur mais aussi pour le pire !

Rien n’est vrai, tout est permis.

Cette phrase signifie beaucoup pour la confrérie des Hashashin d’Altair ou plus tard pour les confrères d’Ezio Auditore. Pourtant, ce dicton bien mystérieux semble aussi s’appliquer à l’Union des Bretons Indépendants, plus communément nommé Ubisoft. Originaire de France, la société qui a gravi les échelons de l’industrie vidéoludique a pourtant migré depuis longtemps de l’autre côté de l’océan Atlantique. Acteur majeur d’une industrie qui brasse des millions, Ubisoft occupe une position de choix depuis quelques années maintenant, notamment grâce à l’arrivée de son tout dernier bébé en 2007, Assassin’s Creed. Grand frère spirituel de Prince of Persia, la série concoctée à Montréal offre une liberté d’action conséquente dans des terres trop peu explorées en jeu vidéo comme le Proche-Orient à l’époque des Croisades ou l’Italie de la Renaissance, tout en créant une mythologie forte à coups de conflits ancestraux entre Templiers et Assassins mais aussi et surtout d’ésotérisme et des questions sur la place de l’être humain dans un univers qu’il ne connaît finalement pas. Rien n’est vrai, tout est permis. Cette maxime chère à la série s’applique aussi à son éditeur puisque, sentant les voiles de son navire pirate se gonfler grâce au succès d’Assassin’s Creed, Ubisoft décide de ne pas s’arrêter aux pixels pour étendre le pouvoir des Templiers et en faire une véritable vitrine transmédia.


Ainsi, la société d’Yves Guillemot s’essaie à tous les formats et Assassin’s Creed s’écarte pour la première fois du média vidéoludique avec Assassin’s Creed: Lineage, court-métrage de 35 minutes réalisé spécialement pour accompagner la sortie de la première aventure d’Ezio Auditore dans Assassin’s Creed 2. Correctement réalisé (sans tutoyer les sommets) et s’attardant sur Giovanni, le père d’Ezio lui-même assassin, ce court film montrait clairement les ambitions du studio autour de son jeu et  et avait fait monter la pression à l’approche du jeu en 2009. L’amour de la vidéo va d’ailleurs rester pour Ubisoft qui récidivera pour la sortie d’Assassin’s Creed: Brotherhood et Assassin’s Creed: Revelations avec des courts-métrages, d’animation cette fois, Assassin’s Creed : Ascendance et Assassin’s Creed : Amber, ce dernier n’étant pas à négliger puisqu’il retrace les dernières heures d’Ezio. La licence va d’ailleurs bientôt a avoir le droit à un long-métrage dans lequel l’acteur Michael Fassbender occupera les rôles de producteur et d'acteur principal de la franchise, co-produite par la 20th Century Fox. Mais ce n’est pas le seul média auquel s’est essayé Ubisoft pour offrir de la matière à sa licence phare puisque l’éditeur Rennais décide de franchir en 2009 la porte du 9emeArt en offrant sa première bande dessinée à Assassin’s Creed pour accompagner la sortie sur consoles du deuxième chapitre de la licence

 

Pour lancer sa première bande dessinée estampillée Assassin’s Creed, Ubisoft décide de se passer d’intermédiaire et annonce en 2009 la fondation de sa propre maison d’édition, Les Deux Royaumes. Le titre étant en référence directe à l’une de ses autres séries phares, Prince of Persia. L'ambition du studio est de créer un tout nouveau pan de la si importante métahistoire de sa saga à travers cette bande dessinée, confiée au scénariste Éric Cobeyran et au dessinateur Djillali Defali. Malheureusement, cette première tentative est un échec pour tous les fans du jeu. L’idée de la série franco-belge est de se focaliser sur le personnage de Desmond (sur les trois premiers tomes) pour en raconter les aventure et ainsi découvrir certains de ses ancêtres non présents dans le jeu comme Aquilus, un assassin gallo-romain ayant vécu au IIIème siècle.

Sans être foncièrement mauvaise, la série qui compte actuellement 5 tomes se perd beaucoup trop dans la mythologie d’Assassin’s Creed et perd donc son intérêt principal qui est d’étoffer l’univers du jeu. Ubisoft ne semble pas vraiment avoir suivi le développement de la série puisque celle-ci crée des incohérences avec la trame principale en abordant trop tôt certains points qui trouveront plus tard des explications différentes en jeux vidéo. Ainsi, les plus férus de la saga sont donc confrontés à des aberrations scénaristiques, notamment autour du personnage du Sujet 16, qui a des origines totalement différentes de ce qu’il sera par la suite dans Assassin’s Creed Revelations. Dans le jeu, Clay (c’est son nom) est présumé mort après avoir été sujet aux expériences d’Abstergo (la succursale contemporaine des Templiers) mais dans la BD, le personnage devient Michael et réussit à s’enfuir d’un laboratoire Templier le retenant prisonnier. Ce n’est pas le seul point qui fâche puisque la cohérence temporelle de la BD ne s’imbrique par véritablement avec les jeux, dont les évènements s’enchaînent véritablement. Peut-être des détails mais ce sont ces mêmes "petits riens" qui font la force d’Assassin’s Creed et en ne respectant pas sa propre série, la BD Assassin’s Creed peine à toucher le public qui voudrait assouvir sa soif de connaissances sur le conflit séculaire des deux factions.

C’est d’ailleurs dans l’optique de faire table rase du premier cycle que la BD des Deux Royaumes a décidé de centrer ces deux derniers tomes sur un personnage totalement inédit, Jonathan Hawk, dont l’ancêtre est un assassin ayant vécu en Égypte du XIVeme siècle.



Ubisoft
réagit rapidement et décide d’offrir à la saga Assassin’s Creed une adaptation papier digne de sa grandeur, permettant de donner réellement de la matière à l’univers incroyablement riche mis en place dans ses jeux. C’est ainsi que l’éditeur breton se tourne vers le marché États-Unien en 2010 en annonçant un partenariat avec les artistes canadiens Cameron Stewart et Karl Kerschl sur le comics édité par DC, Assassin’s Creed: The Fall. Mini-série en 8 numéros, The Fall décide de partir du bon pied en s’alliant avec un scénariste qui a de la bouteille dans le milieu du comics mais qui travaille surtout main dans la main avec les studios de développement de Montréal qui sont alors aux balbutiements de la création d’Assassin’s Creed III. Pour la petite histoire, sachez que ce n'est pas grâce à son nom, connu du monde des Comics, que Cameron Stewart a obtenu le job, mais simplement parce qu'il habite à deux rues des studios de développement d'Ubisoft Montreal, et qu'il a accepté ce contrat parce qu'il est lui même un fan de la série. Les deux partis opèrent donc ensemble afin de mettre en place une histoire enfin cohérente qui amène les lecteurs dans une Russie en pleine révolution à la fin du XIXeme siècle. On voit alors à travers les yeux de d’un nouvel assassin, Nikolaï Orelov, qui combat pour la liberté individuelle et qui est l’ancêtre de Daniel Cross, un membre de la confrérie des Assassins qui va se révéler beaucoup plus compliqué et torturé qu’il n’y paraît.

Ce nom n’est évidemment pas inconnu à l’oreille des joueurs de la série puisque l’agent Daniel Cross a commencé à faire parler de lui dans le mode multijoueur (oui, il faut fouiner) d’Assassin’s Creed Revelations avant d’avoir une place de choix dans le troisième épisode canonique de la licence permettant d’être témoin de la révolution américaine à la fin du XVIIIeme siècle, à travers les yeux de Connor Kenway. The Fall connaîtra d’ailleurs une suite, The Chain, qui bouclera l’histoire de Nikolaï tout en se focalisant toujours sur le personnage tourmenté de Daniel Cross. Le récit en deux parties, qui est regroupé dans Assassin's Creed: Subject 4 aux Deux Royaumes, s’incorpore parfaitement à la mythologie principale du jeu prenant place en plein cœur du conflit qu’oppose les Assassins aux Templiers et traitant de thèmes forts à la saga comme l’héritage ou encore la loyauté.



C’est donc tout normalement que Cameron Stewart, Karl Kerschl et Ubisoft récidivent en septembre 2013 en sortant le comics Assassin’s Creed: Brahman, cette fois-ci directement édité par Ubisoft (via le label UbiWorkShop). Finie la Russie et bonjour l’Inde puisque ce nouveau comic-book prend une direction totalement nouvelle en se focalisant sur le personnage de Jot Soora, un programmeur qui met la main sur le prototype de l’Animus distribué dans le monde par Abstergo. Aniquoi ? Derrière ce nom barbare se cache en fait un élément central de la saga d’Ubisoft car il s’agit d’une machine mise au point pour permettre d'accèder via sa mémoire génétique à des pans de vie de ses ancêtres, sans pour autant altérer le passé. C’est grâce à elle qu’il est donc possible de “voyager” dans le temps. Les Templiers décident donc de modifier l’Animus pour en faire une console de jeu. Secrètement, cette dernière puise en fait dans les mémoires de ses utilisateurs. Notre héros va découvrir le pot-aux-roses et va détourner l’objet pour avoir lui-même accès à ses mémoires. Jot Soora, qui n’a finalement rien à voir avec le conflit Templier/Assassins vite être rattrapé par les deux factions tout en suivant, dans l’Animus, l’histoire de l’Assassin Arbaaz Mir. Mais tout l’intelligence d’Assassin’s Creed Brahman vient du fait que Jot est en fait le serviteur d’Arbaaz. Un procédé ingénieux qui permet de changer un peu les règles de la narration dans Assassin’s Creed en mettant en place un personnage principal finalement secondaire et témoin des actions d’Arbaaz. D’autant plus que, malgré son intrigue se déroulant en Inde, Assassin’s Creed Brahman est directement lié à la mythologie principale et notamment à Assassin’s Creed IV: Black Flag qui montre Abstergo comme une société de divertissement aux objectifs beaucoup plus obscurs. Il est d’ailleurs intéressant de voir qu’Abstergo est devenu une mise en abîme d’Ubisoft, se présentant comme un studio de jeu vidéo opérant à Montreal, l'un des principaux intérêts des séquences dans le présent du dernier épisode de la série.

Assassin’s Creed: The Fall, The Chain et Brahman sont des œuvres véritablement immanquables pour tous les fans de la saga en manque de leur dose d'Assassins pour patienter avant la sortie du très attendu prochain épisode. Il faut d’ailleurs ajouter que le travail de Karl Kerschl au dessin est vraiment agréable. L’artiste canadien livre des planches toujours très dynamiques qui rendent la lecture du comic-book vraiment agréable d’autant plus que les design de Nikolaï et Arbaaz sont vraiment impressionants et dans la droite lignée de la saga sur consoles.


Pas encore prête d’arriver à son terme, la saga Assassin’s Creed, dont l’épisode Unity est actuellement en développement et s’est dévoilé pour la première fois cette semaine à l’E3, est le type d’univers qui pousse fortement à la recherche et à la curiosité (Il faut absolument passer par le Codex dans les jeux), notamment grâce aux nombreux contextes historiques qu’elle permet de découvrir. La série a la particularité de mêler finement Histoire (avec un grand h) et récit comblant les amateurs de vieux livres comme ceux de science-fiction. Avec un ADN fortement pensé pour le transmédia, la licence se prête bien à l’exercice de l’adaptation papier même s’il faudra tout de même éviter de passer par la case Franco-Belge pour directement se focaliser sur les comics liés à la série. Ubisoft va d’ailleurs s’essayer à quelque chose de complètement nouveau puisque demain sortira chez Ki-oon le premier tome d’un manga nommé Assassin’s Creed Awakening qui devrait se baser sur Assassin’s Creed 4: Black Flag tout en s’ouvrant à un nouveau récit dans la licence puisqu’on y suivra aussi les aventures de Masato Yagyû, qui suivra la quête d’Edward Kenway à travers l’animus ! Rendez-vous demain sur 9emeArt.fr pour la critique du premier tome !

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