Illustration de l'article
Incontournables
Archive 9ᵉArt
par Alfro - le 15/06/2015
Partager :
par Alfro - le 15/06/2015

Dossier Premium : La folle aventure de Yu-Gi-Oh!

On connait tous Yu-Gi-Oh!, d'une façon ou d'une autre. Que ce soit en manga, son médium d'origine, en animé, en jeu (de cartes ou sur consoles), il était difficile dans les années 2000 de passer à côté de cette histoire d'un garçon qui parcourait le monde pour affronter différents adversaires... à coups de cartes.

Mais qu'est ce qui se cache réellement derrière un succès si fulgurant ?

Tout commence en 1996 avec Kazuki Takahashi, un mangaka qui n'a encore jamais publié de série au long cours. Pourtant, la Shûeisha lui fait confiance et lui affirme même qu'ils seraient prêts à lui offrir une série réguilère dans le célèbre Weekly Shônen Jump s'il trouvait un concept viable. Un argument non-négligeable puisque paraître dans le Jump est une source d'exposition certaine, et souvent synonyme de succès pour un mangaka.

Il va alors s'inspirer d'un voyage qu'il vient d'effectuer en Egypte pour imaginer l'intrigue d'une histoire qui s'appuierait principalement sur cette ambiance de mystère et d'ésotérisme qui se dégage des ruines antiques. Grand fan de Mike Mignola, il a aussi le désir de faire figurer dans son manga des monstres en tous genres, inspirés de différentes traditions mais qui lorgnent très largement vers la fantasy. Un mélange d'influences qu'il doit mâtiner à la sauce shônen.

C'est ainsi qu'il va créer le personnage de Yûgi Muto, jeune lycéen constamment brimé mais qui partage la passion de l'auteur, grand fan de Magic : L'Assemblée, pour les jeux de cartes. Un jour, son grand-père lui offre un puzzle millénaire. Il sera le seul depuis des millénaires à réussir à l'ouvrir et l'esprit d'un pharaon va alors prendre possession de lui. Tout le début du manga se construit sur l'opposition entre les deux personnalités de Yûgi, la sienne qui est effacée mais qui possède un vrai cœur pur (un héros de shônen dans la plus pure tradition classique), et celle du pharaon, sûr de lui et qui n'hésite pas à aller chercher l'affrontement.

D'ailleurs, question classicisme du shônen, Takahashi va même nous gratifier du personnage de Seto Kaiba, nouvel exemple du syndrôme Végéta, puisqu'il sera d'abord l'antagoniste du début de la série avant de devenir un allié de Yûgi (tout en ne voulant jamais le reconnaitre, tout comme un certain Saiyen). Là où ce manga est particulier, c'est qu'il va être influencé par son propre produit dérivé. En effet, alors que le début voit Yûgi s'adonner à plusieurs jeux différents, le pouvoir du pharaon étant de tous les maîtriser à la perfection, son évolution va devenir la raison du succès de Yu-Gi-Oh!.

Le jeu de cartes n'est au début que l'un des aspects du manga. Pourtant, quand un véritable jeu de cartes va être dérivé de la série et avoir un succès fulgurant, Takahashi va décider de l'intégrer plus avant dans sa série. Si bien que le manga va à partir du Tome 8 devenir une véritable série de combats de cartes où le Dragon Blanc aux Yeux Bleus ou le Gardien Celtique vont devenir des personnages à part entière. C'est cette version qui va devenir célèbre.

Évidemment, devant le succès du manga, Yu-Gi-Oh! va être adapté en série animée. En contrat avec la Shûeisha, c'est Toei Animation qui récupère les droits télévisuels du manga et qui va produire l'animé. Ainsi, dès 1998, une série animée adapte littéralement l'œuvre de Kazuki Takahashi. Elle reprend l'intrigue depuis le début et durera 27 épisodes. Celle-ci reprendra les sept premiers tomes de la série, mais ne sortira jamais des frontières japonaises puisque ce n'est évidemment pas cette partie du manga qui fit son succès.

Si bien que dès 2000, une nouvelle série animée, appelée elle aussi Yu-Gi-Oh! (elle sera sous-titrée a posteriori Duel Monsters), va être lancée. Elle sera confiée à un autre studio, Gallop (qui sont alors en plein boom grâce à Transformers : Robots in Disguise et à qui l'on doit l'animé Kenshin le Vagabond), dont les productions sont réputées de meilleures qualités que celles de la Toei (ce qui se vérifie en tout cas ici). Cette série va prendre le parti de commencer à partir du Tome 8 du manga, bricolant rapidement le début pour recoller avec l'histoire.
 

Ainsi, ils concentrent l'adaptation sur la partie vraiment connue du manga, et surtout celle qui a obtenu un vif succès. Cet animé sera nettement plus long puisqu'il va s'étendre sur pas moins de 224 épisodes. En plus de cela, c'est celui-ci qui va être distribué à l'international et étendre le succès de Yu-Gi-Oh! au reste du monde. Profitant de l'intérêt croissant et assez récent des Etats-Unis pour les mangas, il s'impose sur un marché riche et porteur qui va faire de Yu-Gi-Oh! un succès presque plus important en dehors du Japon que sur ces terres d'origines. C'est ce même animé qui va être diffusé en France, sur M6, et installé la franchise sur notre territoire.

Cette seconde série animée va avoir tellement de succès aux Etats-Unis que 4kids va s'associer avec Gallop pour produire une mini-série de douze épisodes qui seront exclusivement diffusés sur le territoire américain. D'ailleurs, ils vont aller plus loin en coproduisant aussi le deuxième film d'animation (le premier était l'œuvre de la Toei et avait été subit le même destin que la première série animée), Yu-Gi-Oh! le film : La Pyramide de Lumière. Si celui-ci sera aussi diffusé au Japon, il est avant tout un produit américain puisqu'il est distribué par Warner Bros. et écrit par Michael Pecerlello, un Américain donc, qui se base très librement sur les premiers tomes du manga tout en conservant l'idée du combat de cartes.

Désormais, la franchise a plus de succès au pays de Walt Disney (et en Europe) que sur le territoire japonais. 4kids continue donc d'enfonce le clou et va proposer du matériel original en créant un nouvel animé, Yu-Gi-Oh! GX, qui se déroule dix ans après la fin du manga et présente de nouveaux personnages qui étudient à l'académie pour devenir champion du jeu de cartes fondée par Seto Kaiba. Elle s'étendra sur pas moins de quatre saisons et 180 épisodes. Une adaptation en manga sera réalisée, mais elle ne suit pas la trame exacte de l'animé.
 

Par la suite, de nouveaux animés seront produits selon le même modèle, en présentant à chaque fois une nouvelle génération de duellistes. Dans Yu-Gi-Oh! 5D's (154 épisodes), ils présentent un monde dystopique où les riches vivent dans une cité autour de laquelle s'amoncellent des bas-fonds peuplés par les pauvres. Evidemment, le héros vient de ces bas-fonds. La particularité ici, c'est que les arènes de duel ont été remplacés par des piste de course, les disques de duels étant devenus des motos. C'est à cette période que sortira le dernier film de la franchise, qui mélange les personnages des trois séries animées.

En 2011, l'exploitation de la licence battant son plein et éloignant toujours plus la franchise de son point d'origine, commence Yu-Gi-Oh! Zexal (148 épisodes). Un nouveau héros duelliste, de nouvelles cartes (car il faut bien comprendre que chaque animé est l'occasion de diffuser de nouvelles extensions au jeu de cartes qui se vendent par milliions) et une histoire bricolée sur le tas. Ici, le héros voit un extra-terrestre lui apparaître et lui révéler que sa mémoire a été éparpillée, si bien que le duelliste doit collecter les 100 cartes qui la contienne (un pitch écrit approxivement entre le dessert et l'arrivée du café). Et ce n'est pas fini, puisque un nouvel animé, Yu-Gi-Oh! Arc-V, a été lancé l'année dernière.
 

Si Yu-Gi-Oh! a connu autant de séries dérivées et de continuation dans sa licence, c'est que la franchise a pu s'appuyer sur le succès du jeu de cartes. Dès le début du manga de Kazuki Takahashi, la Shûeisha décide de promouvoir cette nouvelle série avec un jeu de cartes, et demande à Konami de créer ce jeu estampillé aux couleurs du manga. Seulement, comme le manga n'a pas développé les règles de façon détaillée (du moins, qui ne sont pas effectives pour un véritable aspect compétitif), l'éditeur de jeu doit en inventer des nouvelles. Ils s'inspirent largement de Magic : L'Assemblée et distribuent de premiers decks inspirés par les créatures du manga.

Le succès du jeu sera tel, l'équilibrage des règles en faisant un jeu vraiment compétitif, que ce sera finalement lui qui va amener de nouveaux lecteurs vers le manga. Tellement que Takahashi va lui-même intégrer les règles à son œuvre, puis développer la suite de l'intrigue autour de ce jeu. Si bien que la frontière entre l'œuvre et le produit dérivé va devenir assez flou, et cela ne va pas aller en s'arrangeant par la suite puisque les séries animées seront une manière de promouvoir les nouvelles extensions du jeu, faisant figurer les nouveaux monstres créés dans pour le jeu de cartes.

Le jeu va se développer au point d'obtenir une ligue officielle qui va organiser des tournois partout à travers le monde (et qui continuent toujours aujourd'hui). De nouvelles extensions sortent régulièrement et des publications spécialisées sont publiées exclusivement sur ce jeu (en France, il s'agit du bimestriel Dragon Blanc). Un modèle entièrement inspiré par celui de Magic : L'Assemblée et dont le succès n'est plus à démentir.

Bien sûr, des versions jeux vidéo de ce jeu de cartes vont régulièrement sortir dès 1998. Les premiers opus sortiront sur PlayStation et Game Boy, et depuis toutes les consoles japonaises auront au moins connu une version du jeu Yu-Gi-Oh!. D'ailleurs, la dernière en date devrait sortir au Japon cet été et sera le premier opus à sortir sur PS4 et Xbox One. Et on sait que vous êtes nombreux à avoir saigné la version Gameboy Advance sur émulateur, chargeant votre sauvegarde jusqu'à avoir le booster parfait ! 
 

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail