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par Alfro - le 19/05/2015
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par Alfro - le 19/05/2015

Portrait de Légende #12 : Leiji Matsumoto

Albator, ou Captain Harlock pour les puristes, est un personnage on ne peut plus emblématique. Le genre de héros qui ont défini la décennie dans laquelle ils sont apparus, assez iconique pour rassembler toute une génération. Son créateur, Leiji Matsumoto, ne s'est en revanche pas limité à cette seule création et a construit tout au long de sa carrière une œuvre majeure pour le neuvième art.

Leiji Matsumoto naît en 1938. Son père est officier dans l'armée de l'air impériale, ce qui à cette époque est plutôt un poste à haut risque (Pearl Harbor surviendra alors que Matsumoto a 3 ans). C'est donc dans le Japon ravagé d'après-guerre que le futur artiste grandit. C'est aussi durant cette période qu'il va découvrir les premiers dessins animés de Walt Disney qui vont avoir un profond impact sur lui.

Quelqu'un d'autre est fortement inspiré par ces premières images venues d'Amérique : Osamu Tezuka. Celui-ci est alors en train de créer le manga moderne en utilisant cette nouvelle inspiration, pendant que celui qui s'appelle encore Akira Matsumoto commence à faire ses premiers dessins. Celui-ci s'est découvert une véritable vocation et semble déterminé à faire du dessin son futur, s'attachant plus particulièrement au média du manga qu'il découvre grâce à Astro Boy.

Il s'applique tellement dans le seul but de devenir mangaka qu'il va remporter son tout premier concours à 15 ans seulement. Le magazine Manga Shônen le récompense pour son manga Les Aventures d'une Abeille, et le publie dans ses pages. Leiji Matsumoto boucle la boucle quand Osamu Tezuka le remarque à cette occasion et l'embauche comme assistant. Le jeune mangaka rejoint le père du manga moderne alors qu'il dessine les dernières pages du Roi Léo.

Alors qu'il termine le lycée, il rencontre un autre mangaka en la personne de Tetsuya Chiba. Ce fils d'opposants au régime impérial qui avait quitté le Japon durant la guerre est connu chez nous grâce à Ashita no Joe, l'histoire d'un aspirant boxeur qui va devenir (dans la réalité) un symbole des mouvements d'extrême-gauche au Japon. Il va vite devenir l'ami de Mastumoto et lui conseiller de monter sur Tokyo pour poursuivre sa carrière.

Sur les conseils de Tetsuya Chiba, le jeune Akira Matsumoto va arriver à Tokyo en 1957 et s'installer près du quartier de Shinjuku, qui commence à cette époque à devenir ce haut-lieu de la culture pop japonaise que l'on connait aujourd'hui. Il écume donc les boutiques de mangas qui commencent à s'installer et essaie d'obtenir des petits boulots auprès des éditeurs qu'il parvient à rencontrer. Il va alors surtout dessiner des histoires à l'eau de rose, des shôjô produits en masse. C'est aussi à cette période qu'il rencontre Miyako Maki, mangaka comme lui et qui deviendra sa femme.

Il va vivre à ce régime pendant presque une décennie. Cependant, sentant que cela ne lui convient pas, il décide d'arrêter ces travaux de commande en 1965 et prend même le nom de Leiji Matsumoto ("Leiji" veut dire "Guerrier Zéro" en japonais, l'idée du recommencement, tout ça). Tout ne va pas bien se passer, il va lui falloir vivre sur le succès de sa femme un petit moment. En effet, il publie plusieurs histoires de science-fiction, mais rien ne marche, même pas cette histoire sur un certain Captain Harlock qui sort en 1969 et qui reste pour l'instant un chapitre unique.

 

Il lui faudra attendre 1971 avant de pouvoir voir une de ses séries éditée en volume relié, synonyme du succès pour un mangaka. Pour une fois, il abandonne le genre de la science-fiction pour raconter dans Otoko Oidon l'histoire d'un jeune homme qui galère en arrivant en arrivant dans la grande vile, se servant de son expérience personnelle pour alimenter ce manga comique. Il remporte son premier Prix de la Kôdansha (catégorie manga pour enfant) grâce à cette série.

Faisant encore des détours par le western ou le manga de guerre, Leiji Matsumoto revient finalement à son genre de prédilection : la Science Fiction. En 1974, sort le premier numéro de Space Battleship Yamato qui raconte la mission de la dernière chance de l'humanité pour un cuirassé de la Seconde Guerre Mondiale qui est transformé en vaisseau spatial et qui doit survivre à une armée extraterrestre. Ce manga sera adapté en animé, qui va profiter de "l'animé boom" pour devenir un succès colossal et faire de Matsumoto un auteur reconnu.

Il ne le sait pas encore, mais Leiji Matsumoto vient de poser avec Space Battleship Yamato la première pierre d'un univers cosmique. Il lui faudra encore quelques détours, histoire de bien confirmer son éclectisme, avec un manga de guerre avec The Cockpit ou même des mangas où le dessinateur exprime toute son admiration pour les chefs d'orchestre Wilhelm Furtwängler et Herbert Von Karajan

Pourtant, en 1977, il publie le premier numéro de Capitaine Albator. Il réutilise ce personnage de pirate de l'espace qu'il avait créé huit ans plus tôt (avec l'évolution graphique du style de Matsumoto). Seulement, cette fois-ci, l'attention sur l'œuvre du mangaka est bien plus importante, et qui raconte l'histoire de cet anti-héros qui s'oppose à la pensée unique et qui va tout de même défendre l'humanité en allant combattre seul des envahisseurs extraterrestres dans l'indifférence générale.

Coup sur coup, il va enrichir l'univers initié par Space Battleship Yamato avec deux nouvelles séries, Galaxy Express 999 et Queen Emeraldas. La première nous présente deux jeunes garçons qui s'offre un voyage en train (oui, oui) à travers la galaxie et offre le prétexte à une fable morale et philosophique. La seconde suit la compagnonne d'arme d'Albator et reine des pirates. Il agrémentera cet univers de plusieurs petites histoires successives durant toute la fin de sa carrière.

Il nettoiera même la cohérence de cette fresque cosmique avec L'Anneau des Nibelungen, sorti en 1989 et qui recoupe les différents pans de son univers en réutilisant l'idée de temps cyclique. Désormais, son héritage est indéniable, et c'est sans doute ce qui a poussé le groupe français Daft Punk à aller le chercher pour réaliser un moyen-métrage pour mettre en image leur album Discovery. Surtout, loin d'être un ermite, Leiji Matsumoto continue toujours d'être très enclin à aller à la rencontre de ses lecteurs.

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