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par Republ33k - le 25/05/2015
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par Republ33k - le 25/05/2015

Édito #38 : Luc Besson, le Valérian du cinéma français ?

Tout récemment mis à l'honneur par le palmarès du Festival de Cannes, le cinéma français est l'une des ultimes incarnations d'un septième art régional. Mais derrière ses airs de dernier des Mohicans, notre cinéma cache bien des enfants terribles, dont le plus célèbre est sans doute Luc Besson. Un réalisateur au parcours pour le moins inhabituel, qui avec son prochain film, Valerian, s'attaque au projet le plus ambitieux de sa carrière et accessoirement l'un des plus téméraire de l'histoire du septième art français. Et puisque Valerian and the City of a Thousand Planets - son nom complet- est déjà l'objet de diverses moqueries, il était temps de ramener un peu de neutralité, voire d'optimisme, quant au prochain Luc Besson.

Mais avant toute chose, je tenais à préciser que je ne m'avancerais pas, ici, sur les qualités du film. De toute évidence, cette adaptation de l'œuvre culte du franco-belge, imaginée par Jean-Claude Mézières et Pierre Christin, pourrait être le pire des navets comme un chef-d'œuvre. Ce qui m'intéresse aujourd'hui concerne plutôt la portée technique et symbolique d'un projet aussi improbable qu'une traduction cinématographique de Valérian et Laureline en 2015, à l'heure où Star Wars s'apprête à revenir sur nos écrans. Surtout après un premier essai animé qui était déjà produit par Europacorp, la société de Luc Besson.

Cocorico !

Comme je le disais en introduction, le cinéma français repart cette année vainqueur du festival de Cannes, couronné de la Palme d'Or et de divers prix prestigieux. Un beau succès, mais la puissance d'un septième art ne se mesure pas à de simples trophées, qui par ailleurs, ne sont jamais que le reflet d'un petit groupe de spécialistes. Une Palme d'Or, voilà qui flatte l'ego du cinéphile patriote que je suis, mais laissez-moi vous le dire, l'annonce de Valerian me passionne tout autant, pour la simple et bonne raison qu'il s'agit d'un projet français.

Et sans vouloir tomber dans une Montebourgite aïgue,  cette caractéristique me semble essentielle. Il y a quelques semaines, dans un échange téléphonique passionné avec un bon ami, je me demandais pourquoi la France n'avait pas son équivalent de l'entertainment. On nous renvoie souvent au succès d'Ubisoft du côté du jeu-vidéo, mais à mon sens, l'entreprise est depuis longtemps déjà tournée de l'autre côté de l'atlantique, sans même parler de ses derniers échecs dans les bacs.

Revenons donc à notre mouton noir, Luc Besson. Malgré tous les griefs qu'on peut lui adresser, l'un des derniers à faire vivre de gros projets sur notre territoire, notamment grâce à la création d'Europacorp, qui imite le modèle des studios américains. On doit au réalisateur des projets comme Le Cinquième Element, Jeanne d'Arc ou encore Lucy, trois grosses productions qui ont été produites par des maisons françaises, et qui ont engagé des équipes techniques et des acteurs de notre beau pays. Et Valerian ne fera pas exception : d'une part parce que le film sera entièrement produit et en partie distribué par Europacorp, et d'autre part parce que Besson lui-même a doté la France de studios du côté de Saint-Ouen et de sa Cité du Cinéma.

La science-fiction, tu l'aimes ou tu la quittes

Ensuite, rappelons-nous qu'il y a quelques mois, lorsque Luc Besson avait annoncé son retour à la science-fiction pour son prochain film après un Lucy déjà très fantasque, nombreux sont ceux qui avaient sauté de joie, ou du moins, bien accueilli la nouvelle. Depuis, cet optimiste a semble-t-il disparu de la toile française, et pourtant, on doit au réalisateur le génial Cinquième Element.

Pour tout vous avouer, ce dernier est l'un de mes films cultes. J'aurais donc tendance à placer plus de confiance dans les mains de Besson que mes compères. Mais qu'à cela ne tienne, le film dispose d'un score de 71% sur Rotten Tomatoes, pour prendre une note assez fiable pour refléter sans amiguïté sa popularité. Et pour le coup, qu'on aime ou nom les aventures de Korben Dallas, il faut reconnaître au Cinquième Elément une approche assez fraîche de la science-fiction au cinéma. Certes, l'ensemble est très inspiré de Valérian justement, et de Moëbius, mais dans les salles obscures, cette direction artistique est restée relativement unique. Elle continue d'ailleurs d'inspirer, outre-atlantique, énormément de cosplayers, ravis de se vêtir en Korben Dallas ou en Jean-Baptiste Emmanuel Zorg pour leurs conventions.

Luc Besson 2.0 ?

Enfin, terminons sur ce que nous savons déjà sur Valerian and The City of a Thousand Planets. Tout d'abord, son duo d'acteurs, plutôt solide. Dane DeHaan est assurément l'un des interprètes les plus doués de sa génération, et il fait preuve d'un professionalisme certain dans chacun de ses rôles. Quant à Cara Delevingne, son ascension fulgurante au sein d'Hollwood témoigne de son talent et de sa popularité : elle est d'ailleurs impliquée dans sept projets différents à l'heure où j'écris ses lignes.

Besson ayant été bien entouré tout au long de sa carrière, on peut également s'attendre à une distribution tout aussi intrguante pour les rôles secondaires. Aux côtés du duo très tendance, on pourrait donc très bien retrouver de talentueux acteurs français, ou des stars incontestées qui ont brillé devant la caméra du réalisateur du Grand Bleu. Et on pense forcément au génial, à l'unique, au terrible Gary Oldman, qui avec un tel projet, pourrait bien sortir de son syndrôme post-commissaire Gordon.

Enfin, je vois dans les déclarations de Besson, qui décide de rejoindre les réseaux sociaux pour être accompagné lors de ce travail de titan, une forme de modernité appréciable. De nos jours, nombreux sont les réalisateurs qui offrent à leurs fans quelques détails, quelques précisions sur leurs projets à l'aide du web 2.0, et je sais que les cinéphiles curieux s'en réjouissent. Un exemple, pour rester dans le domaine de la science-ficiton, James Gunn, le réalisateur des Gardiens de la Galaxie, avec lequel j'ai suivi le développement d'un des films les plus fous de l'écurie Marvel Studios. Et si on m'offre de revivre le même genre d'expériences "aux côtés" d'un type aussi controversé que Luc Besson, je n'hésiterai pas une seule seconde.

Moralité, pour chaque running gag, chaque insulte, chaque critique peu inspirée sur Valerian ou Luc Besson, on peut trouver une bonne raison de croire en ce projet. Encore mieux, on peut s'armer de fierté et se réjouir de voir un français qui n'a pas froid aux yeux adapter une œuvre aussi culte que frenchie. Surtout à l'heure où Hollywood, à peine rassasié par la culture des super-héros, s'en prendra bientôt aux œuvres nippones. Car c'est aussi ça, le septième art français, pas seulement des films d'auteurs obscurs, des comédies sociales et des films de potes : un cinéma de genre minime, mais d'une richesse à en faire pâlir tous nos voisins.

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