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par Elsa - le 10/11/2014
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par Elsa - le 10/11/2014

Fanzine, auto-édition et autres histoires #11 L'Encre Blanche (Katarakt !)

En plus d'être une alternative vers laquelle de plus en plus d'auteurs pensent à se tourner en ces temps moroses, l'auto-édition a toujours été un vaste champs d'expérimentation où liberté et plaisir sont les maitres mot.

La jeune association nantaise L'Encre blanche s'est lancée dans cette folle aventure, en démarrant avec un projet présenté sur Ulule. Après un succès notable et plusieurs mois de labeur, Katarakt ! est né et Katarakt ! est beau. 

Cette bande dessinée de près de 200 pages, assortie d'une encyclopédie et de fan art dessinés par des guests de qualité (on taira leur nom pour conserver le plaisir de la surprise) nous plonge dans un univers protéiforme en plein bouleversements. Quatre histoires, et des héros tous décidés à faire avancer les choses pour des raisons qui leurs sont propres. Parviendront-ils à accomplir leur destinée ? Ce qu'on peut déjà dire c'est que leur route sera semée d'embûches...

Cinq artistes qui ont mélangé leurs imaginations pour créer un monde, puis y développer chacun leur talent, et une bande dessinée originale, captivante, pleine d'humour, d'énergie et d'aventure.

Yvan Duque, l'un des membres de la fine équipe présente à Quai des Bulles pour y présenter la bd en avant-première, nous en dit un peu plus sur les membres de l'équipe, la génèse et la réalisation de Katarakt !

Est-ce que peux te présenter, ton parcours, et présenter un peu l’équipe ?

Je m’appelle Yvan Duque, je suis illustrateur freelance. Je fais partie de l’association l’Encre Blanche. On est cinq, on a tous fait l’école Pivaut. Trois en illustration : Adrian Bloch, Claire Bédué et moi. Maxence Henry a fait animation, et Maxime d'Hervé a fait graphisme. C’est lui le graphiste de l’asso, il ne dessine pas mais s’occupe de la couverture, des interchapitres, de la mise en page de Katarakt !…

En ce qui concerne l’Encre Blanche, on s‘est réuni après l’école. On ne savait pas trop comment ça allait se passer. On voulait continuer à produire mais ça n’est pas évident. On s’est dit qu’on allait faire des petits projets, même sans avoir de contrat. Ne pas attendre sans qu’il ne se passe rien.

On a monté des petits évènements petit à petit, des petites expos. Ensuite on a monté des trucs de plus en plus grands. Et on a eu cette idée de la campagne Ulule pour Katarakt ! On a créé tout l’univers ensemble, puis on s’est lancé. 

On était déjà un peu suivi sur internet, on avait des bons retours sur notre travail, c’est vrai, mais c’était quand même un peu abstrait. On ne savait pas trop, mais on s’est lancé.

Au départ, l’idée c’était de faire un gros fanzine, pas une bd. On demandait 1500 euros, qui comprenaient tous les frais. On ne se payait pas dessus, c’était juste pour sortir le truc. On voulait créer, avancer.

Ça a super bien marché. On a atteint plus de 300%, on a rajouté des pages, ça s’est étoffé. C’était génial et hyper surprenant. On était confiant, mais pas à ce point-là, ça nous a vraiment boosté.

On avait prévu de produire 200 bouquins de 150 pages, et au final on en a imprimé mille, et ils font 220 pages. Forcément, plus on a gagné, plus on a dépensé. 

La campagne a pris fin en mars, et on s’est vraiment mis au boulot. On a terminé les dessins fin juin. Puis le bouclage jusqu’en septembre.

Vous n’aviez rien écrit avant le Ulule ?

Si. On avait toute la trame globale de l’univers. Là c’est le tome 1. Il pose les bases. Il y a quatre histoires assez éloignées.

L’idée c’est une pyramide. On part de trucs assez éloignés, assez légers, et petit à petit ça va se resserrer pour devenir une histoire globale avec les personnages réunis. Que ça devienne de plus en plus concret.

Comment est née l’idée de cet univers ?

En faisant un financement participatif, on n’avait pas d’éditeur, personne pour nous dire ‘ça ça va marcher, ça ça va pas marcher, ça on n’est pas trop fan.’ Donc on s’est dit qu’on allait faire ce qu'on avait envie, sans contrainte. L’idée était vraiment de s’amuser, d’avoir un univers très vaste, très ouvert. Sans problème de cohérence historique ou autre.

Comment résumerais-tu Katarakt ?

C’est compliqué. En gros c’est un univers particulier. Il y a un évènement lié au Roi, qui fait que tout est déréglé. C’est une nouvelle ère qui commence, mais plutôt instable. Elle amène à l’aventure, à aller à la recherche de vérités, de solutions.

Il y a des aventuriers, des héros, forcément des gens mal intentionnés aussi. C’est à ce moment-là, quand la paix est troublée, que commence Katarakt ! Et potentiellement, la fin sera quand tout revient dans l’ordre… ou pas. C’est ce 'pourquoi', pourquoi ça a changé, qui est la finalité. Mais en même temps on se laisse libres, ça peut évoluer. C’est pour ça qu’on n’a pas tout écrit, on ne veut pas être prisonniers de notre histoire.

Vous avez donc choisi l’auto-édition sur ce projet. Pourquoi avoir choisi cette voie, et quel sont les avantages et inconvénients ?

On avait déjà fait un projet avec Adrian, qui s’appelait The Camp. On avait démarché les éditeurs, c’était un projet qui nous tient à coeur. On avait eu plein de retours positifs, mais ça prend du temps, c’est vraiment long, et nous on ne voulait pas attendre. Donc on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse nous-même.

C’est normal que ça prenne du temps, on n’a pas une grande expérience, mais on a décidé de se lancer. 

Et on adore les beaux objets. L’auto-édition permettait aussi de pouvoir faire le plus beau livre possible. D’avoir le contrôle sur ça. On a pu gérer le format. Et puis ça n’est pas évident d’avoir quatre dessinateurs dans un même bouquin, à vendre, pour un éditeur. 

Après c’est vrai que les inconvénients, c’est que tu fais tout. Il n’y a pas un éditeur qui te dit ‘attention ça ça ne marchera pas.’ On s’est un peu cassé les dents sur certains trucs, mais on apprend comme ça. C’était bien.

On a tout fait de A à Z. Mais on a eu des gros coup de pouce, notamment de Jonathan Garnier, qui nous a vraiment filé un coup de main. Sur la relecture, le bouclage, la colorimétrie etc. Merci à lui parce qu’il nous a vraiment bien aidé.

Et comment s’est passé votre travail sur le livre ?

C’était par phases. La création s’est vraiment faite tous ensemble. On a fait une grande soirée. On avait mis une feuille grand format sur la table, tout le monde parlait, et j’ai dessiné la carte. ‘Oh ça serait bien qu’on fasse ça, ça ça serait marrant, qu’il y ait un château là.’ C’est la même sur le poster. Je l’ai remise en couleur à la gouache, mais c’est celle-là. Ensuite tout a poussé autour. 

Puis on a fait plusieurs évènements où on a créé ensemble, avant de dérouler chacun de notre côté. On n’a pas d’atelier pour l’instant, on a bossé de chez nous. Mais comme ça il y avait aussi le plaisir de faire des petites surprises aux autres.

Est-ce que tu a effectué un gros travail de documentation pour créer ton univers ? 

Non justement, je n’ai rien regardé, pour ne pas être influencé. J’ai regardé mon dessin, et c’est tout.

Après j’ai plein d’influences, forcément. J’adore le travail d’Amélie Fléchais, de Carson Helis, de Evin Earl… Mais là j’avais un ordi avec zéro documentation, j’ai essayé que ce soit le plus possible MES trucs.

Et comme mon personnage est une sorte de fantôme-champignon informe, ce n’était pas trop dur niveau doc. Et comme l’univers est libre, on s’en fout si une plante ne ressemble pas à une plante. On n’a pas besoin d’être réaliste et c’est agréable.

Vous utilisez des techniques différentes. De ton côté qu’est ce que tu utilise ?

Moi j’utilise de la gouache. Je bosse sur du A4, un format un peu plus grand que dans la BD. Ca prend un peu de temps, mais ça va, je m’en suis sorti. Il y a 32 pages, et j’ai étalé mon travail, j’ai bossé 4 mois dessus.

Et les autres ?

Adrian ne bosse qu’en numérique, directement sur l’ordi. Maxence fait un encrage à la main, puis une colo numérique. Et Claire fait un encrage, puis certaines planches sont à l’aquarelle, d’autres colorisées en numérique.

Est-ce que c’est stimulant, mais aussi parfois compliqué, de partager un projet à plusieurs ?

C’est compliqué, mais c’est surtout agréable, à partir du moment où on accepte que rien n’est figé. Si les autres dessinent mes personnages différemment je m’en fiche. Je n’ai pas vraiment vu de contrainte.

Par contre c’était super stimulant. Tu reçois une illu pleine page de quelqu’un d’autre, et ça te pousse. Ca n’est pas une compétition, mais une petite émulation au sein du projet. C’est génial pour progresser et avancer. 

Je ne sais pas si tout le monde l’a vécu comme ça, mais ça c’est vraiment bien passé.

Tu peux déjà nous parler de la suite ?

Pour l’instant il n’y a rien d’écrit. Concrètement on a fini juste avant Quai des Bulles, donc on va souffler une ou deux semaines. Après on verra.

On ne sait pas si on va faire un autre financement participatif, ou autre.

Il y a une suite, et on va la faire, c’est sûr. Après, quand et comment, ça n’est pas figé.

Clairement, nos histoires s’arrêtent à un moment, on a essayé que ça ne soit pas un cliffhanger intenable, mais on veut vraiment que petit à petit ça se resserre. 

Et vous travaillez sur d’autres projets à côté ?

Adrian est coloriste pour Spider King, un projet de Simone D'Armini qui avaient fait un kickstarter aussi.

Maxime est graphiste, Maxence a fait un bouquin à côté. Avec Adrian, on a fait un petit livre qui s’appelle Jankenpon. C’est un projet qu’on a fait en 48 heures. On n’en pouvait plus de Katarakt, on s’est dit qu’on prenait deux jours, et qu’on faisait un livre. Il y a trente pages, ça n’est pas prise de tête du tout. 

Je pense qu’on va refaire des petits challenge comme ça, des collaborations avec d’autres dessinateurs qu’on aime bien. On a plein d’idées, mais rien de sûr. Mais clairement on ne va pas s’arrêter. 

Ça fait hyper plaisir d’être là, on est super contents, on a des bons retours, c’est un début.

C’est vraiment hyper agréable de produire, on ne veut pas du tout stagner. Il y aura plein d’autres choses, c’est notre objectif.

 

La page facebook de L'Encre Blanche.

Le site de L'Encre Blanche, où vous pourrez acheter, entre autres jolies choses, Katarakt !

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