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par Republ33k - le 3/02/2015
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par Republ33k - le 3/02/2015

FIBD 2015 : Les Etats Généraux de la Bande-Dessinée

Association née des conflits et des problèmes qui menacent chaque jour la bande-dessinée, les Etats Généraux de la BD ont officiellement débuté le 30 janvier dans le théâtre d'Angoulême, qui pour l'occasion, était occupé par des amoureux du 9ème art inquiets du sort des auteurs.

Cette première session des Etats Généraux fut introduite par Benoît Peeters, auteur, scénariste, essayiste mais surtout président de cette association. Il l'a rappelé, l'objectif n'est pas de fédérer les auteurs de bande-dessinée contre ce grand méchant loup fictif que seraient les éditeurs, mais bien de réfléchir, en conviant tous les acteurs du marché à la table, à une amélioration des conditions de vie des scénaristes, dessinateurs et autres coloristes.

A ce titre, l'association a convié bien des organisations, pour discuter du sort de plus en plus précaire des auteurs. On retrouve ainsi les différents syndicats et organisations du milieu de la BD française, comme le Syndicat National des Editeurs, représenté par Guy Delcourt, le Syndicat des Editeurs Alternatifs, le SNAC branche BD, évidemment, le Centre National du Livre et bien sûr le RAAP, Régime des Artistes et Auteurs Professionnels, qui doit se pencher sur la fameuse modification du régime de retraite. Et ce n'est là qu'un aperçu des acteurs conviés aux négociations.

D'emblée, les Etats Généraux de la BD font preuve d'une certaine objectivité, en offrant la parole à tous ceux qui font la bande-dessinée sur le marché français, qu'ils soient du côté des auteurs ou a priori opposés à ces derniers. Mais cette hétérogénéité n'empêche pas quelques heurts, comme l'a montré cette session d'ouverture : le représentant du rap n'ayant pas hésité à rentrer dans le vif du sujet, répondant à la main tendue des auteurs par une série de graphiques qui appelaient évidemment à une vérification. Pire encore, on à tenté, toujours du côté du RAAP, un peu de cynisme quant aux victimes de Charlie Hebdo. Autant parler de suicide social, dans un festival qui n'a cessé d'évoquer la disparition des dessinateurs du journal satirique.

Après ce petit accrochage, les Etats Généraux de la BD nous ont présenté leur Conseil Scientifique. Il s'agit en fait d'un groupe de penseurs, historiens, économistes et sociologues, qui sera chargé d'analyser la situation du marché de la bande-dessinée pour en tirer, avec un peu de chance, des solutions qui conviendront à tous. L'idée est d'avoir une "connaissance objectivée" de la bande-dessinée, qui sera bâtie à l'aide d'enquêtes faites auprès des auteurs, des éditeurs, des libraires, des diffuseurs et bien sûr des lecteurs. Et en travaillant de près avec des universitaires, les EGBD s'assurent des données objectives et protégées, comme l'a rappelé Benoît Peeters. Une fois les résultats trouvés pour un sujet précis, les conclusions des Etats Généraux seront annoncées sous forme d'un colloque, qui pourra se tenir dans toutes les grandes villes de France, comme le rappelle Denis Bajram, attaché à l'idée de diffuser les trouvailles du Conseil Scientifique.

Inutile de vous dire que la tâche est titanesque, même pour de brillants universitaires, et qu'elle demandera de la patience. Il sera difficile de réunir toutes les informations nécessaires aux analyses du Conseil Scientifique, sans même parler de la durée des enquêtes, qui visent des résultats à long voire très long terme. Bien heureusement, nous sommes tous capables de faire avancer les recherches des EGBD grâce à un système de cahiers de doléances, rédigé par l'association, qui permettra à tous les acteurs du marché de se défendre et de simplifier le travail du Conseil Scientifique.

Les Etats Généraux ont du pain sur la planche. Il faudra ménager les égos et pousser très loin l'analyse pour offrir aux auteurs de bande-dessinée et à tous leurs partenaires des solutions viables pour l'avenir. Le projet est de longue haleine, mais devrait rapidement faire parler de lui, surtout si des colloques sont organisés aux quatre coins de notre beau pays. En attendant, les auteurs de bande-dessinée risquent toujours la banque-route, et comme le rappellent Benoît Peeters et Denis Bajram, c'est tout le marché qui pourrait plonger avec les artistes si des premières solutions ne sont pas envisagées avant début 2016, date butoir pour la réforme des retraites.

photo Olivier Dion, LH.

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