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par LiseF - le 13/01/2018
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par LiseF - le 13/01/2018

Les chiens de Pripyat : un diptyque poignant sur un sujet original

Le 26 avril 1986 le quatrième réacteur de la centrale de Lénine en Ukraine explosait. Cela conduisit à la libération dans l'air d'une grosse quantité d'éléments radioactifs, entraînant le déplacement massif de la population autour, notamment des habitants de la ville de Pripyat. Mais les animaux eux, sont restés sur place. Et surtout les chiens.

La BD Les chiens de Pripyat se déroule quelques années plus tard. Les autorités s'inquiètent de voir ces chiens contaminés traîner partout, et décident de payer les chasseurs locaux pour aller les exterminer : plus on ramène de tête de chiens coupés, plus la prime est grosse. Notre héros c'est Kolia : et ce jour-là, son père a décidé de l'emmener avec son groupe, à la chasse aux chiens. Mais le gamin ignore qu'autour de la centrale, il n'y a pas que des chiens...

Les enfants de l'atome

Les chiens de Pripyat raconte l'histoire de ces hommes venus tuer les chiens qui rodent, mais pas seulement. Aux alentour de la centrale il y a aussi des braconniers, mais également des enfants orphelins, oubliés de tous. À force de fréquenter les environs, ils ont tous développé d'effroyables malformations. Ils ont sur le corps des pustules, des membres atrophiés. Et c'est eux finalement, qu'on traite comme des chiens. Attraper un enfant de l'atome rapporte bien plus qu'une tête de chien.

Notre héros Kolia est plongé en plein dans cette misère. Le petit garçon ne s'attendait peut-être pas à une telle violence en partant chasser avec son père. Les braconniers sont d'une violence sans merci quand il s'agit de ramener du gibier, et les chiens, affamés, n'hésitent pas à grignoter les cadavres.

Une fiction sans concession

En un sens, il faut avoir les nerf plutôt bien accrochés pour lire Les chiens de Pripyat. Si le gros camion rempli de têtes de chiens coupées est déjà difficile à voir dans le premier tome, le second met en scène les heurts des différents groupes qui rôdent autour de la centrale, et c'est un sacré bain de sang. Mais le scénario de Aurélien Ducoudray est sans concession : on tremble pour les personnages, et on est sans cesse dérangé à l'idée que toute cette histoire se déroule dans une zone infectée, où chacun risque sa peau à chaque inspiration.

Le tout est couronné par le trait admirable de Christophe Alliel, qui arrive vraiment à créer une ambiance. Son style a des accents de franco-belge, mais avec une touche vraiment personnelle. Ses personnages notamment, ont chacun leur look et font une grosse impression. À un moment, l'un des chasseurs perd la boule et se prend pour le roi des chiens. Ils devient alors effrayant, presque surréaliste avec ses orbites vides et sa taille imposante.

Le format du diptyque est tout à fait adapté pour cette histoire : Ducoudray prend le temps de poser les bases, nous expliquer la situation et nous présenter les personnages. Il ajoute à ça une bonne couche de mystère qui donne follement envie de lire la suite. Dans le tome 2, on est donc attachés à ces différents personnages et on suit avec avidité leurs aventures.

Au final, les Chiens de Pripyat est un diptyque vraiment réussi : on s'attache aux personnages, on se questionne sur cette situation si absurde mais pourtant bien réelle dans certains aspects. Un récit qui se lit d'une traite, à découvrir chez Grand Angle. Chaque tome est disponible au prix de 14,50 euros.

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