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par Alfro - le 25/02/2015
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par Alfro - le 25/02/2015

Nos BD cultes #1 : Siegfried

Si nous avions accueilli la nouvelle de l'arrivée du Château des Étoiles avec un tel enthousiasme, ce n'est pas seulement pour son univers ouvertement inspiré de Jules Verne, mais parce que l'auteur nous avait déjà donné un aperçu de tout son talent avec Siegfried.

"Je veux savoir si Siegried a une chance de triompher !"

Siegfried, c'est l'adaptation libre du célèbre opéra L'Anneau du Nibelung de Richard Wagner, ce dernier s'étant lui-même inspiré d'une légende que l'on retrouve aussi bien dans l'Edda poétique des Scandinaves que dans les chansons allemandes du Moyen-Âge (l'opéra emprunte aux deux versions). Un mythe qui raconte comment un enfant au passé obscur du nom de Siegfried, élevé par le nain Mime, ira jusqu'à défier des dieux qui le craignent. En effet, né des amours interdits entre une déesse et un humain, il est destiné à un grand avenir et Odin va se servir de lui pour affronter le dragon Fafnir qu'il ne peut lui-même combattre.

C'est ce pitch qui respire la fantasy par tous les pores qui va attirer Alex Alice, lui qui voulait se tourner vers ce genre épique alors qu'il apportait les dernières touches au dernier tome du Troisième Testament, bande dessinée qu'il a réalisé avec le scénariste Xavier Dorison et qui l'a fait connaître (en lançant dans un même temps la mode du thriller ésotérique). Il va donc se pencher sur l'opéra de Wagner et les différentes versions de la légende pour livrer cette bande dessinée en trois tomes. Il va cependant faire bien plus qu'un modèle de BD de fantasy, y apportant de l'émotion pure, de l'humour et un sens de l'aventure passionnant.

"L'avenir est dans les épreuves, le présent dans les ténèbres."

Alex Alice va déployer une histoire riche et surprenante. Prenant les codes de la fantasy dans ce qu'elle a de plus épique, il va à côté de ça y mettre des éléments épars. Entre des paysages criant de vérité et un forgeron Mime qui semble être tiré des meilleurs storyboards de Pixar, on retrouve un trait qui oscille constamment entre réalisme majestueux et dessin évocateur. Sa maîtrise du découpage, de l'encrage et même des couleurs offre des planches tout bonnement sublimes, un écrin magnifique à une histoire qui avance par touches impressionistes. D'ailleurs, le genre de la fantasy est souvent très verbeux, alors qu'Alice va préférer laisser son dessin respirer, apporter les émotions multiples qui peuplent ce récit. Une ode à la narration par l'image, avec un héros expressif qui va se confronter à des dieux impressionants de puissance.

Ce dessin protéiforme, alternant avec facilité entre l'intimiste et les grandes scènes théâtrales, rappelant l'origine du récit, évoque souvent de grands films d'animation. Pour cause, dès le premier tome de sa trilogie, Alex Alice avait prévu d'en faire une adaptation en film animé. Il a même pour cela créé une boîte de prod' et engagé son ami Mathieu Laufray en tant que directeur artistique. Et même si Dargaud est impliqué dans le projet, un tel film demande un budget conséquent, si bien que l'on se demande où en est aujourd'hui ce long-métrage dont un teaser avait même été produit. Reste la bande dessinée, œuvre que nous considérons déjà culte alors même que le premier tome est sorti en 2007. Un sommet d'histoire, belle et poignante, un récit tout aussi épique que drôle et touchant. Une franche réussite qui semble se réitérer à nouveau dans Le Château des Étoiles, qui verra sa première histoire se conclure dans le deuxième tome que l'on découvrira en mai.
 

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