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par LiseF - le 27/05/2019
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par LiseF - le 27/05/2019

Zaroff, traque terrible dans la jungle étouffante

Dans le film Les Chasses du comte Zaroff, un chasseur parti traquer le jaguar faisait naufrage sur une île isolée. Il y rencontrait Zaroff, un noble russe exilé qui s'adonnait à la chasse à l'Homme. Dans le film, notre héros met le sadique en déroute, le livre en pâture à ses chiens et s'enfuit. Dans la BD Zaroff de Sylvain Runberg et François Miville-Deschênes parue chez Le Lombard, ce dernier a survécu... Et devient le gibier.

Le chasseur devient chassé

L'histoire se passe donc quelques années après les événements du film. Zaroff, jeté en pâture à ses chiens, a réussi à survivre en en tuant quelques-uns à main nu. Ses serviteurs sous le bras, il est parti se réfugier sur une autre île et a laissé tomber le "sport" de la chasse à l'Homme. Le sadique passe ses journées à broyer du noir et ses petites gens s'inquiètent. Et ses panthères de compagnie ont faim ! Tout va changer quand le noble découvre devant chez lui un colis surprise, venu d'une certaine Fiona.

Le colis contient une vidéo racontant une funeste histoire. En fuyant la Russie, Zaroff était accompagné de sa soeur. Mais il faut croire que le sadisme n'est pas toujours de famille, puisque cette dernière s'est trouvé un gentil mari et a donné naissance à trois charmants enfants. Monnaie d'échange idéale pour Fiona, cheffe d'une mafia redoutable de Boston, dont le père fut l'une des victimes de Zaroff. Dans la vidéo, on la voit tuer le mari de sa soeur et embarquer le reste de la famille : tout ce petit monde est désormais sur l'île de Zaroff, et ce dernier a intérêt à retrouver sa famille s'il espère les sauver. Désormais la proie, c'est lui !

La transpiration, la pluie et la peur

Sylvain Runberg est rôdé dans l'exercice du scénario. Rien que chez Le Lombard on a pu le lire dans Jakob Kayne, Le Règne, Reconquêtes... Ici, il se lance dans un défi particulièrement intéressant, celui d'écrire la suite d'un film datant des années 30. Et ça marche : le pitch est symbolique de cette période, celui d'une île reculée où un meurtrier y assouvit ses pires penchants. Mais l'auteur remet ce scénario au goût du jour et parvient à rendre le récit contemporain. L'auteur crée chez le lecteur un dilemme : Zaroff est un monstre, mais c'est aussi le héros de l'histoire et à ce titre, on veut qu'il survive. Et surtout, il doit protéger sa famille qui elle, est parfaitement innocente. Face au redoutable gang de Boston, la soeur et ses trois enfants sont finalement les personnages à sauver.

Cette complexité des sentiments, qui innonde aussi bien le lecteur que les protagonistes de l'histoire, est sublimée par le dessin et François Miville-Deschêne. Ce sont les expressions faciales surtout, qui m'ont captivée. La terreur, la fatigue, la lassitude sont comme des terrains de jeux pour le crayon de l'artiste. Soulignons également le travail sur les décors qui semble titanesque. De fait, il parvient à créer une ambiance qui nous permet d'entrer complétement dans le récit. L'île de Zaroff est une prison étouffante, par sa petite surface qui rend la traque incessante, mais aussi à cause de la jungle emmêlée, des dangers présents partout, entre les chasseurs et les bêtes sauvages. Tout le long de l'histoire les personnages dégoulinent à cause de la pluie et de la transpiration, et on ressent leur malaise très fort, grâce à la qualité du dessin.

Efficace que ce Zaroff (l'album, pas l'homme) : ce one-shot nous présente un personnage terrible et passionnant à la fois, et une traque endiablée qu'on dévore à toute vitesse. Une expérience prenante à découvrir chez Le Lombard au prix de 16,45 euros.

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