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par LiseF - le 8/03/2018
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par LiseF - le 8/03/2018

Créatrices, soyez fières de votre travail !

L'image illustrant cet article est l'oeuvre de Francesca Sanna, réalisée dans le cadre du Doodle sur la journée internationale des droits des femmes.

Vous le savez sans doute, en ce 8 mars on célèbre la journée internationale des droits des femmes. Chez ARTS (donc 9emeArt, COMICSBLOG et SyFantasy), on a décidé de marquer le coup en vous proposant chacun un article sur le sujet. Pour ma part, j'ai eu envie de vous parler de quelque chose qui me travaille depuis de nombreux mois : la nécessité pour les créatrices de revendiquer et d'être fières de leur travail au quotidien.

En fin d'année dernière, je rencontrais une jeune autrice qui publiait sa toute première BD. Tout au long de l'interview, elle s'est plusieurs fois excusée, pensant que ce qu'elle disait n'était pas intéressant ou pas pertinent. Ce qui était bien sûr faux. Au bout d'un moment, je lui ai conseillé en toute amitié d'éviter de s'excuser pendant les interviews. Ce à quoi elle a répondu "ah oui... Désolée !".

La nécessité d'arrêter de s'excuser

Loin de moi l'idée de jeter la pierre à cette autrice talentueuse, tout simplement parce que c'est un mécanisme qu'en tant que journaliste spécialisée je retrouve très régulièrement chez les autrices de BD. Elles sont souvent plus humbles et je n'ai rien contre les gens humbles : c'est agréable d'interviewer des gens qui ne nous prennent pas de haut et qui sont vraiment accessibles. Mais plus qu'être humbles, je trouve qu'elles ont tendance à se déprécier elles-mêmes et de fait, à déprécier leur travail. Et cela ne leur rend pas du tout service !

Un autre exemple : pour mon article sur Tipeee, j'ai interviewé la très chouette Yatuu. Lorsque je lui ai demandé pourquoi son Tipeee marchait aussi bien (ce qui est loin d'être le cas de tous les projets BD), elle n'a pas su me répondre. Pour la taquiner je lui ai dit que c'était peut-être parce que ce qu'elle faisait était de qualité, ce à quoi elle a répondu "euh... Peut-être, j'y avais pas pensé !". C'est drôle cette réaction alors que dans sa super BD Erika et les Princes en Détresse, on peut voir de très belles illustrations comme celle-ci :

On est d'accord que la vanité est pénible. Quel que soit le domaine, les créateurs qui ont la grosse tête et sont persuadés d'être meilleurs que tout le monde sont antipathiques. Personne ne veut ressembler à ça mais je pense qu'il y a un juste milieu. Lors de mon interview avec Timothé le Boucher par exemple, je l'ai trouvé hyper sympa et très intéressant, mais à aucun moment il n'a déprécié son oeuvre : il était conscient que son travail était de qualité. Pour autant, je ne l'ai pas trouvé vaniteux ou antipathique. La différence c'est que lui... C'est un garçon.

Les femmes face aux discriminations systémiques

Dans tous les milieux mais encore plus dans les domaines artistiques, je suis convaincue que les femmes doivent se battre, face aux misogynes mais aussi face à elles-mêmes, pour être fières de leur travail. Le problème est bien évidemment systémique : même si le phénomène tend à diminuer au fil des décennies, la figure de la success story est encore masculine. Dans les magasins de jouets, on propose aux petites filles de jouer avec une cuisinière, des fruits en plastique et même des faux aspirateurs, quand les garçons auront des jeux de constructions qui pètent la classe. En parlant de jeux de constructions d'ailleurs, il suffit de regarder les LEGO : la gamme LEGO Friends, pour les petites filles, laisse beaucoup moins place à l'imagination et nous propose surtout de recréer des scènes du quotidien.

Et même si on grandit, on gagne en esprit critique, il est difficile de se détacher des rôles pré-définis que la société continue à nous asséner. Alors qu'est-ce qu'on fait ?

Est-ce que c'est la faute des femmes si elles ne mettent pas suffisament en avant leur travail ? Certainement pas. Est-ce qu'elle se rendent service en restant humbles et timides ? Non plus. Selon moi ça fait partie du rôle de chacun de tout faire pour que l'égalité dans la BD soit de plus en plus une réalité : inviter des femmes aux tables rondes, acheter et lire des BD d'autrices (je vous ai même fait une sélection), les conseiller à nos amis... Mais je pense que les créatrices ont aussi leur rôle à jouer. Soyez conscientes de la qualité de votre travail, arrêtez de vous excusez : vous êtes fortes, vous n'êtes pas nombreuses, mais il y en aura de plus en plus qui arriveront après vous. Et c'est aussi à vous de leur ouvrir la voie !

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