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par Alfro - le 26/01/2015
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par Alfro - le 26/01/2015

Édito #26 : Qui serait notre Grand Prix d'Angoulême 2015 ?

Les trois noms des finalistes du Grand Prix du Festival d'Angoulême 2015 sont donc tombés : Alan Moore, Hermann et Katsuhiro Otomo. Un représentant majeur pour chacun des pans les plus importants de la bande dessinée mondiale. Trois noms qui pourraient aisément recevoir le titre honorifique sans que l'on ait à y redire. Trois œuvres colossales aussi, qui n'aideront pas forcément les jury pour les départager, à ce niveau-là ce n'est presque plus qu'une affaire de goût. Mais si la rédaction de 9emeArt.fr devait n'en choisir qu'un, sur qui porterions-nous notre choix ?

En terme de mérite personnel, aucun de ces artistes n'a rien à envier aux autres. Hermann a largement influencé la BD franco-belge, notamment avec sa série au long cours Jeremiah, dont le premier album est sorti en 1979 et dont l'histoire post-apocalyptique a laissé une empreinte indélibile sur la production séquentielle européenne. Alan Moore a lui tout simplement révolutionné les comics en les faisant entrer dans une ère plus sombre et plus adulte, avec des œuvres aussi cultes que Watchmen ou The Killing Joke. Quant à Katsuhiro Otomo, il s'acharne à tutoyer de hautes sphères philosophiques à travers son œuvre, notamment un Akira mondialement connu.

C'est donc un trio de poids lourds chacun dans sa catégorie auquel on fait face ici. Comme si Mohammed Ali rentrait sur le même ring que Bruce Lee et Chuck Norris  (une arène qui aurait donc une forme de Colisée), les meilleurs dans leurs domaines qui obligent à concentrer le débat sur autre chose que la qualité de leurs travaux, indéniable et inoxydable. Vient alors la question plus pragmatique : qui pour faire un bon président de jury ?

Car si Hermann est revenu sur ses propos et qu'il a déclaré qu'il accepterait en fin de compte le Grand Prix si on le lui offrait, il n'en est pas de même pour le sorcier de Northampton. Alan Moore a la tête dure, et quand il boude les honneurs, pas moyen de revenir sur sa décision. Il serait donc dommage de lui offrir le prix et qu'il ne vienne pas l'année suivante. Deux ans de suite, puisque Bill Watterson ne fera finalement pas le déplacement en terres poitevines, cela ferait vraiment trop désordre pour un festival qui aimerait sans doute éviter une nouvelle polémique. Ils en eu leur lot ces derniers temps, on oublie le génial scénariste de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, on se prémunit ainsi d'un mauvais sort qu'il pourrait nous lancer.

Vient alors la considération politique. On se souvient de la polémique qui avait entouré le cas Akira Toriyama, à qui l'on avait offert un Prix du Quarantième Anniversaire du Festival d'Angoulême en guise de prix de consolation dont personne n'était dupe. Il devait l'emporter, c'est acté, mais la frilosité de certains aparatchiks de la supposée "intelligentsia" de la BD à l'égard des auteurs étrangers n'aura pas joué en la faveur du créateur de Dragon Ball qui l'avait pourtant largement emporté dans les votes des auteurs. Voter en faveur d'Otomo serait donc montrer une ouverture d'esprit nouvelle, et enverrait un message fort sur la reconnaissance du manga.

Souvent relégué au rôle du sous-genre un peu crétin de la BD, le manga pourrait sous l'égide du scénariste de Mother Sarah regagner ses lettres de noblesses. Enfin, le Festival d'Angoulême pourrait se vanter de l'internationalité de son titre, dont il a besoin si l'on considère que le Festival de Lucques est devenu plus important en terme de fréquentation, le festival italien n'hésitant pas depuis quelques années à inviter régulièrement des auteurs japonais ou américains. Surtout, une présidence assurée par Katsuhiro Otomo (si tant est qu'il accepte, ce qui serait loin d'être gagné selon l'un de ses éditeurs) serait presque l'assurance d'avoir un festival placé sous le signe du bon goût et permettrait de mettre en avant les thèmes si chers au mangaka : Quel monde allons-nous laisser derrière nous ? Ne devrions nous pas revenir à l'essentiel : la Vie ? Que faisons-nous à la planète qui nous abrite ? Des problématiques qu'il serait plutôt louable de voir aborder lors d'un festival culturel de cette ampleur.

Le dessin est une œuvre de François Boucq qui met en scène les personnages créés par les finalistes dans une confrontation qui n'est pas sans rappeler Le Bon, La Brute et Le Truand.

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