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par Sullivan - le 2/02/2015
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par Sullivan - le 2/02/2015

Édito #27 : "Faut qu'la nouvelle décolle, y a une nouvelle école"

2 Février 2015, le monde vient de basculer. Non pas à cause de la fusion Square Enix / Capcom qui fait dresser les poils à tous les fans de VS Fighting, ni même parce qu'une nouvelle librairie de référence débarque à Paris, encore moins parce que les Patriots sont vainqueurs de la NFL avec des ballons dégonflés et c'est pas ce bus Londonien décapité par sa propre ville qui lui volera la vedette. Ce qui vient de changer le statu quo se trouve au coeur du Poitou-Charentes, où le Festival d'Angoulême vient de consacrer Katsuhiro Otomo et LastMan de deux prix à la signification suffisamment forte pour que le changement devienne presque palpable. 

Certes, les mauvaises langues rappeleront que le festival de Lucca en Italie (le seul véritable concurrent d'Angoulême dans le monde) consacrait Taniguchi d'un Grand Prix dès 2010 ou encore que Glénat n'a pas souhaité évoquer le succès d'un auteur responsable de l'une des plus belles pièces de sa catalogue lors de sa conférence de presse le lendemain de son sacre (Akira commence à dater et d'autres titres d'Otomo se retrouvent notamment chez Delcourt), mais il est pour l'instant l'heure de célébrer un bien beau succès.

Voir aussi : Katsuhiro Otomo réalise une immense et magnifique fresque

Après la polémique Toriyama et le sacre tardif de Bill Watterson, les gardiens du temple Angoumoisin se devaient de revoir leurs acquis et d'écouter les messages à l'écho redondant au coeur de la sphère BD. En consacrant Katsuhiro Otomo d'une courte tête, c'est un message fort qui est envoyé à tout le monde de la Bande Dessinée. Et si nos infos en interne nous indiquaient il y a peu que la venue du père d'Akira et de Mother Sarah dans le cadre de la 43ème édition du Festival BD était peu envisageable, il semblerait que les lignes aient bougé. Lui qui est déjà venu de son propre chef en touriste au coeur de la France pour découvrir toute la richesse séquentielle qu'elle referme fin Janvier devrait selon toute vraisemblance nous faire l'honneur de sa présence l'année prochaine pour un moment que l'on espère inoubliable. Lui, l'esprit libre, celui qui combat à grands coups de chefs d'oeuvres tous les pré-requis de la licence rampante et dangereuse au Japon, qui rend hommage à ses contemporains les plus passionnants en BD et en animation, qui déplace sa modestie caractéristique sur le tapis rouge des Oscars, plutôt que d'y étaler son évident génie. Lui, qui a véritablement révolutionné la Pop-Culture avec l'une de ses oeuvres fondatrices, qui l'a façonné avec sa participation à ses projets les plus marquants (Steamboy, Metropolis, Neo Tokyo, Short Peace), qui a même fait partie de DC Comics le temps d'un Bat-Chapitre impérissable et j'en passe. Honorer Otomo, c'est honorer une certaine forme de Pop-Culture, de celle qui brise ses chaînes et qui entreprend de l'honorer peu importe ses origines, peu importe son style, tant qu'elle est animée par cet intangible supplément d'âme.

Voir aussi : Katsuhiro Otomo est désormais un chevalier des arts et des lettres. 

Et que trouve-t-on dans le sillage de ce sensei absolu ? Ni plus ni moins que LastMan, magnifique vainqueur du Prix de la meilleure série, du haut de ses ventes loin d'être colossales (Les Echos parle de 80 000 exemplaires sur les 6 tomes cumulés) et de son expansion ultra-bandante (pardonnez-moi l'expression) en animation et manette en main. Menée de main de maître par Bastien Vivès, Balak et Sanlaville, Lastman est le meilleur argument pour l'ouverture sur l'autre à travers la Bande Dessinée, elle qui mélange sans mal le modèle du Manga, les influences Hollywoodiennes et ce petit plus parfaitement Franco-Belge. Ajoutez à ça la consécration (attendue) de Riad Sattouf qui remporte son deuxième Fauve d'Or avec un album ô combien utile dans le contexte social actuel (L'Arabe du Futur - Allary Editions), le prix spécial du jury pour ce génie de Chris Ware et son Building Stories absolument unique, et vous obtenez un palmarès qui en jette et qui semble enfin faire un semblant d'unanimité au sein du lectorat. On n'oublie évidemment pas Les Petites Coupures et tous les autres, mais on se félicite surtout de désormais pouvoir justifier à nos mamans ce surplus de Club Dorothée, dans la roue des plus beaux artistes consacrés. 

(c) Photo tout là-haut : l'Instagram de Bastien Vivès
(c) Titre un peu claqué : Elie Yaffa, poète.

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