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par Alfro - le 30/12/2013
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par Alfro - le 30/12/2013

Édito #3 : Ces trésors de BD dans les cartons

Cette histoire est récurrente lors des fêtes de fin d'année. Goutte au nez, désirant jouer à la console que l'on vient de recevoir et regarder les dessins-animés qui tournent en boucle à la télé, il faut passer par l'habituelle corvée familiale de la visite aux grands-parents. Là, la scène est souvent identique, les adultes discutent entre eux de sujets qui n'intéressent bien qu'eux et le marmot traîne son impatience de plus en plus bruyamment et pour retrouver un semblant de calme, on ressort les vieux cartons de jouets des parents qui semblent avoir été eux aussi des enfants. Même si franchement, nous en doutons quand même pas mal, ces gens n'ont pas l'air d'avoir un jour su s'amuser.

Dans les cartons couverts de la poussière accumulée depuis que votre géniteur a quitté le domicile familial, une horde de jouets brisés et machouillés attendent patiemment qu'une âme charitable fasse de nouveau fonctionner leur mécanisme. Rien de bien excitant cependant. Rien de comparable au Super Mario Bros. 3 qui nous attend impatiemment ou au dernier Action Man, celui qui va sur la Lune avec les missiles tirés par son module spatial. Et puis, ils ne sentent pas très bon ces chevaliers unijambistes et ces soldats de plastiques qui ont dû connaitre une mâchoire canine (ou bien est-ce celle du paternel ?).

Mais là, dans le dernier carton, celui qui sent encore plus le moisi que les autres - pendant ce temps-là, les adultes goûtent au silence retrouvé tout en sirotant un café (c'est quoi cette hérésie ? Le chocolat chaud est bien meilleur !) - ce carton sur lequel il y a deux lettres, un B et un D. Ok, pourquoi pas. Il y en a aussi au fond de la classe. On peut les lire à la pause, mais qui irait se priver d'un petit foot ou d'une bataille épique de Pog ? Mais  bon, là il n'y a rien de mieux à faire de toute façon. Ouvrons, nous verrons.

Là, on se rend compte que ça sent pas bon, ça fouette même sévère. Entre les relents de vieux cuir et l'horrible odeur de pot-pourri, ça en fait juste une de plus. Le gamin n'a aucune compassion, ça lui plait ou non, souvent pour toujours. Tout se joue là, à cet instant, moment décisif dont on ne sent pas le poids, ignorant les implications que cette découverte peut avoir sur notre futur, et nos lectures. Bon, déjà, il y a de la couleur, bon point, en plus les dessins sont drôles. C'est quoi ça ? Astérix. Pas facile à dire. Mais il est drôle le gros. On continue, les ch... les Sch... Schou... choux ? Schtroumefeu. Non, Schtroumpfs ! C'est nul comme nom ! Par contre c'est drôle. Il est marrant le grognon là. Et c'est parti, ça continue, les albums sont dévorés, un par un. Plus personne pour nous arrêter, la pile des BD assimilées (faudra un jour faire un parallèle entre l'enfant et le Borg, les similitudes sont assez troublantes) ne fait que s'agrandir, le monde vient de tripler de taille, des horizons jamais découverts s'ouvrent à nous. Un univers de couleurs flamboyantes (mais un peu jaunies) et de formes inédites se découvre dans toute sa générosité.

Personnellement, j'ai découvert la BD grâce aux Jack Kirby, ses Fantastic Four, que mon père avait ramené du Canada et qui étaient donc en anglais. Qu'importe les mots quand le dessin est si puissant, si frappant, il brise le crâne sans passer par le nerf optique, se trouve un bout de cervelle et s'y love. Il y restera pour l'éternité. Mais déjà il faut partir, l'institution parentale a lutté pour nous emmener, il faudra lutter pour repartir. Ah oui, c'est jamais simple, mais on ne fait pas des enfants pour la sérennité alors assumez et laissez-nous, juste une heure ! Une dernière BD, il faut savoir ce qui va arriver à Blake et Mortimer, cette Marque Jaune, terrible. Non, encore, d'toute façon j'ai jamais le droit de faire ce qui me plait (ah mon pauvre, si tu savais comment c'est plus tard) ! Si vous avez de la chance, des Fluide Glacial et des Métal Hurlant auront échappés à la vigilance des adultes, de quoi se faire toute une éducation (mais cachez-les aux regards inquisiteurs sous peine de ne plus les revoir avant d'être arrivés au lycée).

On reviendra, on a déjà pris rendez-vous. Tellement d'albums à dévorer, de couleurs à s'en faire péter la rétine, d'histoire à vous vriller l'imagination et imprimer tout un nouveau monde dans un esprit qui ne saurait se contenter de cette réalité si morne. À l'année prochaine les gars. Entre temps, on aura découvert Dragon Ball avec ses potes. C'est décidé, ce midi je n'irai pas taper dans le ballon, j'irai au fond de la classe.

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