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par LiseF - le 9/04/2019
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par LiseF - le 9/04/2019

Gilets jaunes : après quatre mois de manifestations, la baisse de fréquentation continue chez les libraires

Image d'illustration : librairie Expérience à Lyon sur Google maps

En novembre, le mouvement des Gilets Jaunes naissait, au départ dans la contestations contre la hausse du prix du carburant. Par la suite, il a cristallisé de nombreuses revendications sociales, devenant un acteur incontournable du débat public. En quatre mois, les Gilets Jaunes se sont mis à fonctionner sur un modèle récurrent : une manifestation tous les samedis dans plusieurs grandes villes de France. Les samedis, c'est aussi les plus gros jours en terme de fréquentations pour de nombreux commerces, en comptant les libraires spécialisés dans la bande dessinée.

Des samedis compliqués

Dès le début des protestations, les chiffres étaient particulièrement parlants. Le mouvement Gilets Jaunes a débuté en novembre, donc juste avant les fêtes qui est la période la plus faste de l'année du côté des libraires. Selon l'Observatoire de la librairie, une nette dégradation est intervenue à la mi-novembre, alors que les tendances étaient jusqu'alors légèrement positives. Et ça ne s'améliore pas vraiment : Jonathan, de la librairie Expérience à Lyon reçoit moins de visiteurs les samedis. La boutique est située juste à côté de la place Bellecour, souvent épicentre des manifestations à Lyon.

"On le ressent effectivement les samedis, le centre ville est à moitié bouclé, on peut plus y acccéder ni en voiture ni en métro, parfois même à pieds. Ça dépend vraiment des samedis, mais ça fait quatre mois que ça dure."

En plus des baisses de fréquentations, certains commercants craignent la dégradation de leur boutique. Les locaux d'Expérience sont en-dessous du niveau du sol, de fait la vitrine est plutôt petite donc moins exposée. Néanmoins, ça n'empêche pas les libraires de s'interroger quand les manifestations ont lieu juste à côté, sur la place Antonin Poncet.

La devanture de la Librairie Expérience

"On touche du bois jusqu’au jour où un mec va péter un plomb et jeter un truc dans la vitrine. Il y a une coiffeuse qui a le même genre de vitrine juste au bout de la rue, son magasin s’est fait casser il y a quelques semaines. On les regarde, on les voit courir et on croise les doigts."

Selon Jonathan, au fil des semaines les manifestations tournent de plus en plus aux affrontements et de moins en moins aux protestations sociales. De fait, les visiteurs prennent peur et osent moins descendre jusqu'à la Presqu'Île. Après discussions avec ses confrères situés dans des zones moins centrales, il a réalisé que ces derniers étaient moins impactés. L'effet se ressent sur les fréquentations, mais pas seulement.

Les séances de dédicaces impactées

Les librairies spécialisées, c'est l'occasion d'acquérir des BD qu'on ne trouverait pas ailleurs, mais aussi d'assister à des événements dédiés. Tout comme Expérience, la Mystérieuse Librairie Nantaise propose toute l'année un riche programme de dédicaces. Celle-ci est située juste à côté de Commerce, où se déroulent beaucoup de manifestations à Nantes. Dans cette ville qui a connu les mouvements liés à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, les mobilisation policières sont souvent très fortes lors des manifestations. Emmanuel l'un des libraires de la Mystérieuse, m'a fait part d'un fâcheux épisode :

"Quand on a reçu Aseyn pour Bolchoï Arena, il y a eu une charge au niveau de la rue, et donc on a reçu des gaz lacrymogènes, le nuage est rentré dans la boutique."

Dans ces conditions, rien d'étonnant à ce que les lecteurs, pour beaucoup de familles avec des jeunes enfants, évitent de se déplacer le samedi. C'est aussi un coup dur pour les auteurs, qui voient moins de monde à leurs séances de dédicaces.

Cependant, le bilan n'est finalement pas catastrophique du point de vue de Jonathan et Emmanuel. Tous deux m'ont fait remarquer que si les fréquentations étaient en baisse le samedi, une partie des visiteurs faisaient le choix de venir d'autres jours de la semaine pour éviter les débordements. De fait, aucun des deux ne se plaint pour l'instant d'une baisse drastique des chiffres par rapport à l'année précédente. 

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