Illustration de l'article
Actualités
Archive 9ᵉArt
par Alfro - le 16/03/2015
Partager :
par Alfro - le 16/03/2015

Édito #33 : Les mangas sont-ils l'avenir d'Hollywood ?

Les choses sont ainsi faites désormais que l'on prépare déjà la lassitude du public aux adaptations de comics sur grand écran. Question de modes, de surproduction ou de scénaristes pas forcément proactifs, ce genre qui n'est apparu au cinéma il n'y a même pas vingt ans est déjà la cible de nombreux avis qui affirment que le public aura tourné le dos aux encapés d'ici la fin de la Phase 3 de Marvel Studios et bien avant que la Warner ait sorti tous les films DC Comics qu'ils ont annoncé. Si l'on tempérera ces analyses en se disant que l'on les entendaient déjà à la sortie du premier Iron Man, on voit les studios hollywoodiens se démener pour trouver la nouvelle franchise à succès.

C'est un peu le drame d'Hollywood aujourd'hui, et de la culture de masse en général, de vouloir capitaliser sur des acquis plutôt que d'expérimenter, d'oser faire quelque chose d'inédit au risque d'être mal reçu. On ne badine plus avec les budgets quand ceux-ci dépassent allégrement la centaine de millions de dollars. Argument de producteur, on n'investit pas l'équivalent d'un budget ministériel dans un long-métrage si on est pas sûr de récupérer un retour sur investissement confortable. Et c'est là que la culture geek est devenue le nouvel idéal des collines californiennes, le public est déjà là et est prêt à débourser énormément pour aller voir des héros qu'il connait déjà au cinéma et dépenser le reste de sa paye en produits dérivés.

Pas fous les studios, travaillons déjà des histoires qui ont un public acquis et qui est un haut consommateur de culture. Alors au-delà des comics, que reste-t-il ? Les jeux vidéo, qui sont déjà bien pillés et qui nécessitent d'avoir ce film-culte qui va les consacrer, parce que ce n'est pas avec Doom ou Need For Speed qu'on ira bien loin. L'autre possibilité, qui semble à l'étude depuis quelques années, c'est évidemment les mangas. Profitant de l'explosion de la BD japonaise sur le sol américain dans les années 2000, c'est un tout nouveau marché qui s'est ouvert aux producteurs.

Sauf qu'ils n'arrivent visiblement pas à parvenir à leurs fins, les différents projets tombant aux oubliettes les uns après les autres. James Cameron ne parle plus jamais de son adaptation de Gunnm, le film Akira est enfin retourné aux oubliettes qui lui conviennent et le film Macross semble perdu au milieu de ses réécritures. Pourtant, Ghost in the Shell continue envers et contre tout en ayant même signé Scarlett Johansson au casting, Avi Arad restant convaincu du potentiel que peut avoir cette histoire au cinéma. Problème, que ce soit lui ou le réalisateur Rupert Sanders, ils ne semblent avoir retenu dans l'histoire originale que le premier niveau de lecture : l'intelligence artificielle est dangereuse ! On peut se tromper, mais que ce soit dans le manga de Masamune Shirow ou encore plus dans le film de Mamoru Oshii, la richesse de cette œuvre réside dans ce qu'elle a de plus profond à raconter.

Cette espèce de latence entre le désir des producteurs et la sortie des films en question est assez étonnante, mais assez explicable dans un contexte qui voit deux des géants de l'industrie, Warner et Disney, imprimer leur direction sur le cinéma à gros coups de biftons. Outre les super-héros qui vont bientôt avoir un film par mois (on exagère à peine), il faut aussi compter sur le retour de Star Wars et de l'univers d'Harry Potter. Alors, devoir au milieu de ça importer un concept de monde post-apocalyptique que parcourent des jeunes motards désœuvrés jusqu'à ce qu'ils fassent la rencontre du paranormal, c'est pas facile. Surtout que la narration japonaise est le contraire même de celle promulguée par les blockbusters, rendre linéaires des histoires la plupart du temps déconstruites et qui appellent toujours au non-dit, à l'indicible... évidemment que d'un point de vue de producteur l'adaptation de jeux vidéo semble plus aisée.

Surtout que nous avons déjà eu des exemples d'adaptation de manga par les gros studios hollywoodiens. Sans même parler de Dragon Ball Evolution qui est une insulte à l'intelligence de ses scénaristes, on rappellera le cas de Priest, qui avait tout pour être un désastre et qui fut effectivement une catastrophe qui ne rentra dans ses frais qu'avec la vente des DVD. Dans leur recherche effrénée de la nouvelle sensation à venir piocher dans le geekdom, le manga semblait être le nouvel El Dorado (parce qu'il ne reste plus grand chose d'autre à adapter à vrai dire) pour les studios, pourtant celui-ci offre de la résistance. Ne nous trompons pas, ce n'est qu'une question de temps avant que l'on découvre ScarJo défourrailler du cyborg en IMAX. Peut-être même qu'ils nous laisseront une petite réflexion sur la nature humaine en easter-egg, pour être sympa avec le fan.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail