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par Alfro - le 27/04/2015
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par Alfro - le 27/04/2015

Édito #36 : L'Attaque des Titans, une réussite programmée

Pour être tout à fait honnête et lever toute ambiguïté en ce début d'édito, je dois préciser que je n'aime pas L'Attaque des Titans (à la lecture des quatre premiers tomes). Je trouve que l'histoire n'a pas grand-chose à raconter et qu'au mieux elle joue sur des peurs récurrentes sans rien avoir à lui opposer. Peut-être que cela change au cours de la série, je ne suis pas allé vérifier. Ce qui est sûr, c'est que le trait de Hajime Isayama est beaucoup trop peu à mon goût pour que je me force à continuer. Donc, je n'aime pas L'Attaque des Titans, mais je comprends pourquoi cela marche.

C'est avec la lecture du dernier spin-off en date (suite à des pressions venues d'en haut), tomes 1 et 2, que l'éclairage sur ce qui est à l'œuvre sur cette série se fait plus clair que jamais. Le succès de cette série ne doit pas grand chose au hasard et encore moins, sans vouloir l'offenser, au talent de monsieur Isayama. Il a d'abord profité d'être la série-phare d'un nouveau magazine, le Bessatsu Shônen Magazine. La Kôdansha veut récupérer le retard qu'elle a sur la Shûeisha et lance à grand renfort marketing ce nouveau magazine dont le manga sur les Titans est la figure de proue. Surtout que dans un même temps, elle profite de ses accointances avec Disney pour développer sa filiale aux Etats-Unis. Le manga bénéficie alors d'une grande exposition.

Cependant, le magazine peine à décoller. Il va accueillir une série du Studio Clamp (xxxHOLIC), mais celle-ci ne restera pas programmée longtemps et les ventes peinent toujours à suivre. Si bien que la Kôdansha va faire un peu de forcing, reprendre entièrement en main le destin du seul manga qui marche dans ce magazine. Il demande ainsi à Isayama un premier spin-off, qui sera une sorte de version SD de son manga, et lance la production en même temps de la première saison de l'animé, produite par un tout nouveau studio, Wit Studio, filiale de Production d'I.G. qui appartient dans les faits à la Kôdansha. Ils vont même débaucher de nombreux animateurs chez IG, et il faut reconnaître qu'ils vont faire un travail de qualité.

La débauche marketing que l'on va alors subir depuis 2013 est assez inédite au Japon, surtout qu'elle se construit directement à l'international. Rien n'est laissé au hasard, et on voit apparaître des techniques de contrôle des affects dont le manga avait quasiment été épargné depuis. C'est à ce moment de la réflexion que l'on pose un premier regard sur la couverture de L'Attaque des Titans - Birth of Livaï, et premier constat, ça ressemble à la notice d'un médicament. En premier lieu, Isayama est crédité pour l'histoire originale, merci pour lui, il n'aura plus rien d'autre à voir avec ce spin-off. Le dessinateur, Hikaru Suruga, est seulement le troisième nom a être listé, derrière un certain Gun Snark, pseudo anonyme qui a semble-t-il eut l'idée de ce manga. Ici, c'est ce qui va être entre parenthèse qui est intéressant : Société Nitroplus.

Si à la base il s'agit d'une société de jeux vidéo érotiques qui a muté pour devenir une société de développement de personnages et de visual novels. En gros, ils vont créer des designs à même de suivre l'air du temps et s'en servir pour développer des événements autour. Leur plus gros fait d'arme ? Super Sonico, personnage fictif qui a sorti des albums et qui possède des trillions de figurines à son effigie. Là où ce volume devient complétement terrifiant, c'est quand on comprend grâce à l'interview du dessinateur Suruga (qui est au demeurant pas mauvais) qu'il n'a rien créé ici, puisque les personnages sont des archétypes dont on lui a fourni design et cahier des charges.

Le manga a été conçu entièrement par des sociétés de designs qui imaginent ce qui marchera le mieux, tout en servant un propos assez inquiétant. On y voit Livaï qui est un jeune homme des bas-fonds remonté contre des puissants corrompus et égoïstes. Le héros de shônen se définit la plupart du temps par son envie de foutre un gros coup de pied dans le conformisme ambiant. Ichigo refuse les règles que lui impose la Soul Society, Naruto veut qu'on arrête de le voir comme un paria et Luffy, lui, est carrément un pirate. Ainsi, Livaï semble être du même moule, jusqu'à ce qu'il accepte, sciemment et pour le bien de tous, de rentrer dans le rang, de devenir un bon soldat (littéralement), faisant le choix de se concentrer sur le combat contre les Titans et oubliant totalement cette histoire de corruption, ne voulant pas prendre le risque d'affaiblir la société. Une morale qui ne rejoint pas vraiment l'appel à la liberté que représente habituellement le genre.

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