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par LiseF - le 9/10/2017
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par LiseF - le 9/10/2017

La forêt millénaire, un bel hommage à Jirô Taniguchi

On vous l'expliquait la semaine dernière, le 27 septembre est sorti la Forêt Millénaire, de Jirô Taniguchi. Huit mois après sa mort. Laissez-moi vous expliquer pourquoi cet album est un formidable hommage au mangaka de génie qu'il était.

La Forêt Millénaire, un projet de longue date

Jirô Taniguchi avait cet album en projet depuis longtemps. L'histoire raconte la vie d'un petit garçon qui, après le divorce de ses parents, doit aller vivre à la campagne. Là-bas, une mystérieuse forêt immense et touffue est apparue du jour au lendemain, secrètement peuplée de créatures cornues.

Le petit garçon réalise alors qu'il est capable de communiquer avec la nature, tant avec les animaux que la forêt elle-même. Par la suite, les humains découvrent un gisement de métal précieux dans la forêt, et décident de miner. Notre héros va tout faire pour les en empêcher, et sauver les créatures ainsi que leur maison.

C'est ce que le projet aurait dû être. Dans les faits, on ne dispose que des cinquante premières planches. On fait donc connaissance avec le héros, puis on réalise qu'il peut communiquer avec la nature. La suite est expliquée par Motoyuki Oda, l'éditeur japonais, dans la seconde partie de la BD. Hé oui, parce que l'album est en trois parties : les planches, un entretien avec l'éditeur au Japon, et les croquis de l'auteur. De cette façon, on peut mieux comprendre son projet : une idée qui ne concernait pas uniquement le fond de l'oeuvre, mais aussi la forme.

Un mouvement nouveau envisagé par Jirô Taniguchi pour la BD japonaise

Sur une étagère française, La Forêt Millénaire ne détonne pas spécialement. Dans une librairie japonaise en revanche, l'album aurait fait un autre effet...

Celui-ci est imprimé dans un format à l'italienne, c'est-à-dire qu'il est plus large que haut. Selon l'éditrice chez Rue de Sèvres, c'est une idée qui trottait dans la tête de l'auteur après un passage en France. Il estimait que ce format rendait plus honneur au dessin que le format classique du manga (et il avait bien raison, si vous voulez mon avis).

Au Japon le mode de diffusion d'une BD est bien plus normalisé qu'en France. Elle sort souvent chapitre par chapitre au préalable dans un magazine, avant d'être éditée. Et lorsqu'elle atteint cette étape, elle est imprimée dans un format normalisé. De fait, tous les mangas ont la même taille.

Jirô Taniguchi voulait briser ce moule, proposer une BD au format nouveau, sans publication au préalable.

Une belle réflexion sur notre rapport à la nature

Sur la forme, cette BD aurait donc été importante et novatrice. Mais même sur le fond, elle aurait laissé je pense une véritable empreinte. Jirô Taniguchi voulait nous encourager à réfléchir sur notre rapport à la nature, sans pour autant tomber dans l'injonction. Son héros devait dialoguer avec la nature, au sens propre. Lui donner d'une certaine façon une humanité.

L'auteur avait envisagé ce récit comme une série en cinq tomes. En sachant qu'il était malade, il avait décidé de minimiser au fil du temps ses ambitions. Finalement, il n'aura pu produire que quelques pages. Mais quelles pages ! Rien qu'avec ces cinquante premières planches, on réalise combien La Forêt Millénaire aurait pu être génial.

Alors vous vous en doutez, je ne pouvais pas mettre de note à cet album, comme dans une critique classique. Si j'avais dû, j'aurais mis 2/10 parce que je suis très triste de ne pas voir la suite de l'histoire, et 10/10 parce que je trouve l'idée géniale et les dessins parfaits.

L'album constitue en tout cas un excellent hommage à Jirô Taniguchi. Il nous montre toute la sensibilité, l'esprit visionnaire et le talent de ce grand monsieur.
 

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