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par LiseF - le 9/07/2018
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par LiseF - le 9/07/2018

Mimikaki, l'étrange volupté auriculaire, ou comment solliciter les sens en manga

En 2006, le mangaka Yaro Abe s'est fait connaître à l'âge de 43 ans pour son oeuvre La Cantine de Minuit, par la suite adaptée en série live action. Le manga nous propose de suivre le quotidien d'un petit restaurant du quartier de Shinjuku ouvert de minuit à sept heures du matin. On y découvre les vies des différents clients noctambules qui se succèdent devant le comptoir. Mais avant ça, Yaro Abe a été publié dans la revue Big Comic Original pour Mimikaki, l'étrange volupté auriculaire, un album hors-normes que nous pouvons découvrir en France grâce au Lézard Noir.

Là encore, l'auteur nous plonge dans le quotidien de différents personnages, mais autour d'un commerce bien plus surprenant, celui du Mimikaki. Ce mot désigne à la fois un objet et une pratique, celle de poser sa tête sur les genoux d'une personne spécialisée dans le curage d'oreilles, à l'aide d'un bâtonnet en bois courbé.

Différents destins autour d'une pratique surprenante

Comme pour La Cantine de Minuit donc, nous allons suivre différents personnages qui n'ont pas forcément de liens entre eux. Le jeune homme devenu accro au Mimikaki, le vieux pote de la patronne qui attend l'amour de sa vie, le vieil homme indiscret... Chacun a un rapport spécial à ce salon. Certains personnages découvrent comme nous cette pratique surprenante, et ont dans un premier temps une réaction de rejet, avant de découvrir le côté voluptueux de l'art du curage d'oreilles.

Hé oui parce que le but n'est pas seulement hygiénique. En se faisant triturer l'intérieur des oreilles, les différents personnages seront soumis à des sensations qui varient d'un protagoniste à l'autre. L'un va retrouver des souvenirs enfouis, l'autre va s'endormir... Et beaucoup vont ressentir de l'excitation sexuelle. Pourtant, Mimikaki, l'étrange volupté auriculaire n'a rien de tapageur ni de voyeuriste. Cette excitation est évoquée simplement, de manière naturelle et évidente. 

Une myriade de sens

Alors évidemment, l'album ne permet pas de ressentir soi-même de l'excitation sexuelle. Mais lire ce manga est quand même une drôle d'expérience. Tout au long de ma lecture, j'ai eu l'irrésistible envie de me gratter l'intérieur des oreilles. Certains personnages deviennent accro à tel point que leur médecin leur recommande de ne plus avoir recours au Mimikaki. Leur souffrance devient alors la nôtre : avec son trait simple et épuré, Yaro Abe parvient à nous faire ressentir ce que ressentent les personnages au plus profond d'eux-mêmes.

Pourtant, l'oeuvre n'a rien d'indiscrète, et c'est là le tour de force réalisé par l'auteur : les destins et les histoires sont simplement effleurés, et pourtant on ressent une vraie symbiose avec le récit. Pas de doutes, Mimikaki, l'étrange volupté auriculaire est une oeuvre hors-norme. Hors-norme pour son sujet mais également pour sa narration.

Évidemment, ce n'est pas étonnant que Yaro Abe se soit fait connaître avec La Cantine de Minuit, alors que Mimikaki lui est antérieur. Le principe de La Cantine est plus accessible, chacun connaît le principe des restaurants. Mais Mimikaki permet de découvrir une pratique japonaise étonnante, et en même temps de suivre un instant le quotidien de différents personnages japonais.

Pour ma part j'étais un peu réticente à l'idée de lire cet album, étant facilement dégoûtée. En fait, Mimikaki, l'étrange volupté auriculaire est un manga sensible et discret, sans aucune démesure. On peut remercier le Lézard Noir de nous avoir permis de découvrir l'oeuvre en français, ce one shot est disponible au prix de 13 euros.

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