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par Alfro - le 5/03/2015
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par Alfro - le 5/03/2015

Please Hollywood #5 : Green Blood par Matthew Vaughn

Nous sommes en 2020, Scarlett Johansson a récolté un Razzie Award pour chacun des films de la trilogie Ghost in the Shell, Katsuhiro Otomo a déclaré qu'il se retirait dans les montagnes reculées du Pérou après avoir vu le film Akira réalisé par Jaume Collet-Serra et James Cameron a fait de Gunnm un film vide de sens. Alejandro Gonzalez Iñarittu fait alors un film, primé aux Oscars, qui montre la déliquescence de la culture en suivant un otaku suicidaire.

• Réalisation

Les films adaptés de manga sont devenus la nouvelle risée d'Hollywood, mais pourtant Matthew Vaughn va surprendre son monde en adaptant une autre BD venue du Japon. Il demande à Mark Millar d'attendre un peu avant l'adaptation de Chrononauts et se lance bille en tête dans son projet de film Green Blood, lui qui veut faire un western d'action bourré d'humour et de vrais moments sombres qui ouvrent à la réflexion.

Tombé par hasard sur le manga de Masasumi Kakizaki publié chez nous par Ki-Oon, il a tout de suite vu le potentiel explosif de cette œuvre. Le Britannique dont quatre des cinq films sont adaptés de comics n'est pas effrayé par l'adaptation d'une BD, même si elle se lit de droite à gauche. Surtout, il voit dans les découpages dynamiques l'expression de nouvelles scènes d'action pleines d'innovations visuelles. Il s'adjoint les services du mangaka pour coécrire le scénario et, comme à son habitude, décide de produire lui-même le film, laissant à la Fox le soin de distribuer son long-métrage film sans jamais qu'ils n'aient à intervenir dans la production.

• Direction Artistique

Que le théâtre des événements du manga se situe aux Etats-Unis du 19ème siècle facilite l'adaptation pour un public occidental, Vaughn le sait et peut se baser sur des références que le public visé par Hollywood connait. Une aubaine pour lui qui peut donc s'éclater artistiquement. La première moitié du manga étant clairement inspirée de Gangs of New-York, il décide de la traiter comme l'aurait fait Martin Scorcese en y rajoutant sa sensibilité d'Anglais, plus proche de l'humain et moins épique. Il traite l'image de l'antique New York comme dans le manga, sombre et boueuse. Surtout, il s'amuse avec d'immenses plans-séquence qui montre des bas-fonds new-yorkais grouillant de vie et de détails amusants.

La seconde moitié est du pur western. Là encore, il s'éloigne des standards américains, et plutôt que John Ford et Sam Peckinpah, c'est l'héritage de Sergio Leone qu'il convoque ici. Cela lui permet en plus de filmer les grandes confrontations emphatiques du manga avec toute la théâtrilité des grands films du réalisateur italien. Il va pourtant prendre le parti d'avoir une image sombre qui alterne avec les grands espaces lumineux qui appellent à la liberté. Plus le film approche de sa conclusion dramatique, plus le ton devient lourd et oppressant, il crée le contraste avec ce souffle bucolique tourné dans la tradition de la comédie anglaise qu'avait offert la moitié du film où l'on quittait enfin New York.

Surtout, s'il laisse de longues scènes d'exposition avec des dialogues où il laisse vivre un silence lourd de sens, Green Blood est pour lui l'occasion de filmer des gun-fights complétement délirants. L'attirail haut en couleur de personnages tout aussi marqués visuellement permet au réalisateur de se lâcher. En véritable obsessionnel de la technologie cinématographique, il multiplie les plans plein d'inventivité et provoque une révolution du cinéma d'action telle que l'on en n'avait plus connu depuis The Matrix. Connaissant bien David Bowie, Matthew Vaughn lui aurait demandé d'intercéder auprès de son fils pour qu'il lui partage les avancées sur les CGI qu'il a fait en travaillant sur sa saga Warcraft. En résulte une image qui allie décors naturels et effets visuels criants de vérité.

• Casting

Brad Burns : Pour incarner Brad Burns, il faut un acteur qui puisse aussi bien canaliser l'amour qu'il éprouve pour son frère et son désir de le protéger, que l'aspect inquiétant de sa personnalité qui ressort quand il travaille comme assassin pour le compte des mafias irlandaises. Pour exprimer au mieux cette dualité, il jette son dévolu sur Freddie Highmore. Le jeune acteur incarnant à la perfection Norman Bates dans la série Bates Motel a depuis bien grandi et a pris en muscles (mais moins qu'Aaron Taylor-Johnson qui a été hospitalité suite à une overdose de stéroïdes).

Luke Burns : Difficile de trouver un acteur au physique de jeune premier, qui respire la naïveté lumineuse, sans qu'il n'ait un jeu stéréotypé. Pourtant, Matthew Vaughn arrête le casting dès qu'il découvre Jacob Lofland. Le jeune homme découvert dans Mud a l'authenticité qu'il cherche et sait passer d'un jeu de jeune homme fragile à celui d'un adolescent plein de volonté. Matthew McConaughey déclarera à la cérémonie des Oscars qu'il lui a tout appris et remercira Dieu de ne plus être lui quand il avait 25 ans.

Brad King : Pour interpréter ce père psychopathe, némésis ultime et objet de la quête de nos héros, il faut un homme à la carrure impressionnante pour son âge, qui peut faire preuve d'une folie dévastatrice autant que d'une intelligence cruelle et froide. Le choix contreversé mais salutaire de Matthew Vaughn se porte sur Sylvester Stallone qui sous la direction d'un grand réalisateur retrouve son jeu d'acteur et déclenche une nouvelle hype autour de lui avec tout un public qui redécouvre les premiers Rocky et Rambo.

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