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par LiseF - le 5/12/2018
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par LiseF - le 5/12/2018

Boucs de combat et aventures épiques : rencontre avec Amélie Fléchais et Jonathan Garnier pour parler de Bergères Guerrières

Ah, je vous en ai parlé de Bergères Guerrières... Il s'agit de la toute première BD que j'ai présenté dans notre ancienne série de vidéos, les coups de coeur de la semaine. À la sortie du second tome j'ai à nouveau été charmée par l'univers de Jonathan Garnier et Amélie Fléchais. Il fallait absolument que je rencontre ce duo ! En j'en ai eu l'occasion en octobre, lors du festival Quai des Bulles. Aujourd'hui dans le cadre de notre rubrique Roulez Jeunesse, je vous propose de découvrir cette interview.

Une série féministe et intergénérationnelle

Ce qui frappe en premier lieu dans Bergères Guerrières, c'est son ton délicieusement progressiste pour une BD jeunesse. En effet, on suit Molly, une petite fille qui vit dans un village peuplé presque uniquement de femmes. Les hommes sont partis à la guerre et ont tous mystérieusement disparu. Les femmes se sont alors organisées pour défendre leur communauté, fondant l'ordre des Bergères Guerrières. Seuls restent les plus jeunes garçons, ainsi que les hommes invalides. Mais peut-on qualifier la série de féministe ? Jonathan Garnier me le confirme :

"En soi oui ! L’idée c’était de mettre en avant les femmes qui prennent en main leur communauté. Mais ce n'est pas un pamphlet non plus ! C’est naturel, les femmes gèrent leur village sans les hommes."

Le scénariste m'explique que ce scénario est inspiré de la vraie vie : lors des guerres mondiales, les femmes ont du s'organiser sans les hommes partis combattre, et y ont trouvé une forme d'émancipation. Pour le duo, le sujet était intéressant mais ne devait pas être évoqué de façon lourde. Je m'interroge également sur le personnage de Liam, ce petit garçon qui se déguise d'abord en fille pour intégrer les Bergères Guerrières, et finit par être accepté par la communauté.

"L’idée avec Liam c’était de montrer l'absurdité de l'exclusion : les femmes n'étaient pas acceptées à la guerre, mais dans l'autre sens ça fait bizarre. Liam nous permettait de nuancer le message."

Je disais que la première chose qui sautait aux yeux quand on lisait Bergères Guerrières, c'était son message. Mais son dessin lui aussi, est plutôt bluffant. Amélie Fléchais a son stye bien à elle, très graphique et tout en arabesques. Je suis curieuse de connaître ses influences. 

"Forcément Miyasaki, Tove Jansson aussi pour les Moomins. J'ai des influences celtiques comme Brendan et Le Chant de la Mer. En fait j’ai travaillé pour un studio irlandais qui s'appelle cartoon saloon, qu'on retrouve sur Parvana. Et puis j'ai des influences moins évidentes comme One Piece, pour les scènes d’action, l’expression des personnages !"

Côté scénario, Jonathan Garnier me parle d'Astérix pour le village d'irréductibles. Il s'inspire également d'oeuvres fantastiques bien connues telles que Harry Potter ou le Seigneur des Anneaux.

Un second tome plus sombre

Je l'expliquais dans ma critique du second tome, l'histoire est devenue plus sombre et plus tendue. Un tournant étonnant mais plutôt agréable pour une série jeunesse. Pour Jonathan Garnier, Bergères Guerrières c'est pour toute la famille :

"J’aime bien les BD que toute la famille peut lire. Moi quand j’écris, je ne cherche pas à écrire une BD jeunesse : il y a un peu toutes les générations qui seront représentées. Avoir des enfants comme héros ça n'empêche pas que des adultes puissent nous lire. Avec la thématique de la quête initiatique, on va pouvoir évoquer pas mal de choses : l’entraide, la communauté, la mort… on côtoie autant le léger que le grave, ça permet une richesse de ton."

Amélie Fléchais ajoute que le côté "tout-public" permet d'évoquer des thématiques difficiles mais sans aller dans le trash, le glauque, qu'elle ne se sentirait pas de dessiner. Malgré ça, on n'est pas épargnés ! La scène où l'un des protagonistes et son chien par exemple, sont séparés, m'a un peu traumatisée. Jonathan Garnier en rigole :

"La scène du chien c’est un peu comme moi et mon chat ! Je l’ai laissé chez mes parents et il me manque ! Déjà sur Momo, je ne voulais pas rester dans une routine d’écriture, ni laisser le lecteur dans une routine de lecture. Je voulais malmener mes héros de façon réaliste. Il y a des BD jeunesse où ils partent à l’aventure, mais c’est facile ! "

Graphiquement, c'est aussi un tournant très intéressant. La palette de couleurs change, l'aspect des héros aussi, comme me l'explique Amélie Fléchais :

"C’est intéressant de changer de ton, ça me permet de tester de nouvelles ambiances, de faire grandir les héros. Par exemple ils ont l’air plus vieux, parce qu’ils ont perdu leurs joues roses. Au début du second tome ils ont fait face à un premier échec, à une première épreuve qui les a fait grandir. Être Bergère Guerrière c’est pas juste chevaucher un bouc et avoir la classe."

Bientôt un film ?

Et ça prend du temps de travailler sur ces ambiances ! Amélie Fléchais m'explique qu'elle travaille à plein temps sur la série, et n'est pas prête d'avoir fini. Trois tomes étaient prévus mais le duo partira finalement plutôt sur quatre tomes, les troisièmes et quatrièmes étant théoriquement plus épais que les deux premiers. Jonathan Garnier a plusieurs projets, parmi lesquelles une adaptation en long-métrage animé de la BD. Par contre il faudra être patient, parce que ce n'est pas pour maintenant !

Que nous réserve la suite de la série ? Le duo m'explique que l'histoire continuera à s'assombrir par la suite. L'idée est d'obtenir la réponse à cette question : où sont passés les hommes, et contre qui sont-ils partis se battre ? En attendant, les deux premiers volumes sont à retrouver chez Glénat !

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