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par Elsa - le 28/02/2014
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par Elsa - le 28/02/2014

Neyef (South Central Stories), l'interview

Après Ce goût et un passage par Doggybags (volume 2), Neyef inaugure la série des Doggybags présente avec South Central Stories, un one-shot en trois actes particulièrement réussi, entre guerre des gangs et poésie sombre du blues.

Pour 9èmeArt il revient sur ses influences, ses méthodes de travail, et nous glisse une petite exclusivité qui ravira les fans de Mutafukaz...

Peux-tu nous raconter ton parcours ?

Après le bac j'ai fait une école d'arts appliqués à Nantes. Une fois mes études terminées, avec des amis on a monté un fanzine qui s'appelle le Chakipu (on a sorti 7 numéros jusqu'à aujourd'hui). Ensuite l'un de nous a trouvé du travail sur Wakfu et est parti bosser à Ankama. Un an plus tard quand il a fallu que je travaille sérieusement pour rembourser mon crédit, il m'a parlé d'Ankama éditions qui recherchait des dessinateurs pour leur collection Dofus monster. J'ai envoyé un dossier, qui a été pris. Ça m'a permis d'avoir le contact de RUN, à qui j'ai envoyé mes différents projets par la suite.

Comment raconterais-tu South Central Stories en quelques mots ?

Je dirais que c'est un mix entre un morceau de gangsta rap et une chanson de delta blues.  

Comment est née l'idée de cette histoire ?

J'adore le vieux blues (des années 20, 30) et tout son folklore, l'univers qu'il y a autour, les légendes. C'est la musique du diable, par opposition au gospel. Avec le blues, j'écoute principalement du hip hop, et l'univers des gangs est assez lié à celui du hip hop. L'idée c'était de mélanger ces deux univers qui n'ont pas grand chose à voir ensemble au premier abord, les gangs avec le blues. Essayer de garder le fatalisme et la noirceur du blues, l'associer à la violence et au quotidien des gangs, et en tirer une histoire. J'ai juste voulu mélanger deux musiques que j'adore et me faire plaisir.

Comment s'est passé ton travail sur ce titre ?

Je commence par écrire intégralement l'histoire, ensuite je m'occupe de la pagination, savoir en combien de planches l'histoire va tenir. Après c'est le storyboard. Je le fais toujours en petit et très simple, je mets juste des masses pour la composition des cases, je ne mets aucun détail. Il m'arrive souvent de le changer au moment du crayonné. C'est le passage que je préfère, juste la mise en scène. Après le crayonné , encrage et colo. J'évite de faire tous les crayonnés puis tous les encrages...etc...généralement j'alterne 20 crayonnés, 20 encrages ça m'évite de me lasser.

Est-ce que la contrainte d'articuler ton récit en trois actes a été parfois compliquée, ou au contraire libératrice ?

Non au contraire c'était une aide. J'ai un peu tendance à partir dans tous les sens quand j'imagine une histoire un peu comme dans Ce goût où l'histoire manquait de structure et de maîtrise. Les trois actes m'ont permis de me cadrer. Un peu comme un squelette sur lequel je greffais mes idées et qui a permis à l'histoire de tenir debout au final. Ce que j'ai aimé aussi dans les trois actes, c'est que ça m'a permis de donner un style différent à chaque histoire, un rite initiatique, une vengeance et une fable noire.  

T'es-tu beaucoup documenté en amont pour créer l'univers de la bd ?

J'ai vu pas mal de documentaires sur les gangs, sur les Bloods et les Crips. Il y a aussi des films comme Colors ou Menace 2 society qui m'ont bien aidé, la série the Shield, et puis GTA 5. C'est assez sympa de pouvoir jouer à GTA et se dire que c'est pour le boulot. Des clips de gangsta rap des années 90 aussi (NWA, Eazy-e...).

South Central Stories, ce sont des personnages forts. les as-tu créés en amont de l'écriture ou ont-ils gagné en densité au fur et à mesure de l'écriture ?

Je suis parti d'archétypes et j'ai essayé de leur donner de l'épaisseur au fil de l'écriture. J'ai essayé de leur donner à tous un conflit intérieur qui une fois résolu va les révéler à eux même. Ils verront qui ils sont vraiment, même si c'est contre leurs convictions. Ils sont tous plus ou moins naïfs face au monde dans lequel ils vivent, et ce monde va se charger de le leur rappeler.

Quels techniques et outils as-tu utilisé pour ce récit ?

Pour le dessin, je crayonne au critérium et j'encre à la plume. Ensuite je colorise sur pc. Comme j'ai une colo assez simple à base d'aplats et que mon trait est assez fin, je rajoute une texture pour ajouter un peu plus de richesse à l'image. Le but c'est d'être rapide sans perdre au niveau du dessin.

Quelles ont été tes principales influences pour ton récit, ainsi que pour ton dessin sur ce titre ?

Pour le dessin mes influences c'est Toriyama avec Dragon Ball que je dessinais quand j'étais gosse, Mignola, Winshluss, Oda pour One Piece, Ottomo. J'aime beaucoup la ligne nerveuse des japonnais. L'éventail est assez large, le problème c'est qu'entre Winshluss et Ottomo il y a un monde et c'est assez dur de concilier graphiquement ces deux envies. Depuis Ce goût, je me suis pas mal remis en question pour le dessin et je me suis plus rapproché du dessin d'animation pour gagner en dynamisme et en volume. Sinon j'essaie de m'inspirer d'un peu de tout, de la photo ou des tags à l'extincteur par exemple pour les onomatopées qui couvrent toute la case.

Pour la narration, je m'inspire plus de films et de séries que de BD. Quand je fais mon story board, j'ai plutôt un film qui se fait dans ma tête, plus qu'un enchainement de case. Je ne suis pas un gros lecteur de BD en fait, généralement quand j'achète une BD c'est plus pour le dessin.

Et pour le récit, ce qui m'a inspiré ce sont des textes de hip hop, des chansons de blues ou Tarantino et les frères Coen pour les dialogues.

Les couleurs de South Central sont très fortes, avec des ambiances marquées. Qu'est ce qui t'a inspiré ta colorisation ?

J'ai surtout voulu coller à l'univers grindhouse comme dans Planète terreur avec des couleurs saturées, assez agressives dans les teintes. Et puis l'histoire se passe dans les années 90. Dans mes souvenirs c'est une période assez colorée.   

Quels sont tes prochains projets ?

Je monte un dossier avec Damien Perez au scénar, ce sera un polar. J'ai un autre projet avec un ami sur l'univers des whites trash américain, et je vais commencer un spin off de Mutafukaz avec RUN au scénario. Sinon j'ai une idée de western mais ça peut attendre.

 

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