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par La Redac - le 15/07/2019
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par La Redac - le 15/07/2019

Pour l'ancien rédacteur en chef du Weekly Shonen Jump, Hiroki Goto, Ken le Survivant était destiné à devenir une icône

Jeudi 4 juillet 2019. Hall 6 du Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Sur l’estrade de la zone Kuri, se trouve un petit bonhomme japonais haut comme trois pommes, les cheveux blanchis et les traits marqués par le temps. Assis derrière un micro qu’il peine à dépasser et devant une centaine de personnes, il s’apprête à prendre la parole après avoir reçu un tonnerre d’applaudissements.

L’homme caché derrière cette silhouette frêle, petites lunettes sur le nez et veste grise sur les épaules, fatalement trop ample pour lui, s’appelle Hiroki Goto. Né en 1945, il n’est autre que l’un des anciens rédacteurs en chef historique du Weekly Shonen Jump, créé en 1968 par l’éditeur Shueisha.

Mais Hiroki Goto n’est pas n’importe lequel d’entre eux. Il est celui qui a piloté le magazine nippon durant ses plus grandes heures de gloire, de 1986 à 1993. Membre de la rédaction du Jump depuis les années 1970, il en prend la tête alors qu’il vient à peine de passer le cap de la quarantaine.

Depuis ce poste, il contribue dès lors grandement à l’émergence de nouveaux titres tels que Dragon Ball ou encore Captain Tsubasa (j’imagine que ça vous parle). Des titres qui permettront aux ventes du magazine de décoller avec des tirages qui iront jusqu’à atteindre le chiffre vertigineux de 6,43 millions d’exemplaires en 1993 ! (Le record absolu de 6,53 millions sera établi deux ans après, en 1995). De nos jours, cette période faste est même appelée “l’âge d’or du manga” par certains.

Presque 35 ans plus tard, Hiroki Goto, aujourd’hui âgé de 74 ans, vient de publier JUMP — L’âge d’or du manga. Dans cet ouvrage de 336 pages, l’homme se livre, offre un regard forcément unique sur le Jump et partage des anecdotes croustillantes dont les passionnés aiment tant se délecter. En somme, il s’agit d’un joli héritage écrit de ses souvenirs engrangés lors de cette période dorée du Weekly Shonen Jump vécue de l’intérieur.

À l’occasion de sa conférence à la Japan Expo, c’est justement un peu ce qu’il a reproduit. Interrogé sous le schéma d’un passage en revue d'une douzaine des titres les plus marquants prépubliés dans le Weekly Shonen Jump, Hiroki Goto s’est ainsi exprimé sur Dr. Slump, Dragon Ball, Captain Tsubasa ou encore Slam Dunk. Mais également sur Hokuto no Ken publié de 1983 à 1988, par Tetsuo Hara et Burunson. Voici son témoignage.

Sur Tetsuo Hara

"Quand Tetsuo Hara est arrivé chez nous, on s’est tout de suite rendu compte qu’il dessinait très, très bien. Mais également qu’il n’était pas doué pour écrire des histoires. On a donc décidé de l’associer à un scénariste. C’est comme ça que l’on a créé le binôme avec Buronson."

Sur la genèse du personnage Kenshiro

“Tetsuo Hara était un jeune garçon de constitution très fragile. À l’école, il était martyrisé par les autres enfants. Je pense que le personnage de Kenshiro lui a été inspiré de ce vécu. Kenshiro est un héros fort et musclé qui se met au service des plus faibles et combat l’injustice.”

Sur l’impact de Kenshiro auprès du lectorat

“C’est un personnage très inspirant. La plupart des lecteurs étaient des jeunes qui subissaient beaucoup de pression sociale et politique. Chacun d’entre eux était soumis au pouvoir de quelqu’un ou d’une autorité supérieure, avec le sentiment d’être victime d’injustice. Kenshiro était par conséquent un personnage auquel il était facile de vouloir s’identifier, d’y trouver son idéal et donc d’avoir envie de suivre ses aventures.”

“De mon point de vue, c’est un héros très charismatique, hyper viril dans sa manière de se comporter et de se tenir. C’est un personnage très musclé avec de belles postures. Que ce soit de dos, de trois quart… Tout ça le rend magnifique et explique pourquoi il est devenu une icône.”

Sur la vision de la société japonaise sur la violence de Hokuto no Ken

“Au Japon, le côté violent et sanglant de Hokuto no Ken n’a pas posé de problème. Il faut comprendre que la violence de l’oeuvre passait plus facilement car lors des combats, Kenshiro frappe les points vitaux d’ennemis profondément mauvais. Le sang qui gicle, c’est un peu comme si on faisait jaillir le mal de leur corps. Le fait qu’un ennemi explose lorsqu’il meurt ou bien le fait que Kenshiro dise avant de vaincre son adversaire “tu es déjà mort” sont des choses très caricaturales. Cette exagération a fait que l’aspect violent du manga n’a pas été pris au sérieux au Japon.”

À noter qu'en France, lorsque le tsunami manga déferle sur le territoire dans les années 1980, de nombreuses associations et personnalités politiques, Ségolène Royal en cheffe de file, montent au créneau pour faire déprogrammer les animes. Elles estiment que ces dessins animés ne sont pas du tout adaptés aux enfants et qu’ils peuvent avoir des graves conséquences sur leur développement.

Envie d'en apprendre plus ? JUMP — L’âge d’or du manga de Hiroki Goto est disponible depuis le 4 juillet 2019 aux éditions Kurokawa.

par Arthur Jégou
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