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par Cryma - le 15/12/2014
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par Cryma - le 15/12/2014

Faire de la philo en slip 15 - La France contemporaine

Philosophie de la France contemporaine

 

Une philosophie qui s'attaque au monde moderne

Ce qui regroupe ces différents philosophes, c'est avant tout leur désir de mettre la population en garde contre les déviances du monde moderne. Ils ont assistés durant leurs carrières respectives à la manipulation des foules par le pouvoir nazi, l'apparition de la télévision, la modification progressive des mécanismes de la presse, l'implantation des institutions par le gouvernement et encore bien d'autres choses. Ils en ont tirés un enseignement simple : le monde évolue et continuera d'évoluer vers une recherche de pouvoir par les dirigeants et n'importe quel nouveau moyen est bon à prendre. Ils vont alors entreprendre une lutte philosophique contre cette « dictature » du superficiel et cette manipulation des masses, tentant « d'éduquer » la société et de lui ouvrir les yeux sur ces déviances, de plus en plus nombreuses et influentes. Pour cela, certains vont se tourner vers le passé, proposant l'analyse des anciens comme mouvement salvateur, d'autres vont lutter à armes égale, usant de la presse, de la télévision et des institutions afin de mieux lutter contre elles, d'autres encore vont tenter de modifier complètement les mécanismes de l'être humain du XXe siècle en lui proposant des solutions alternatives et d'autres, enfin, vont quant à eux tenter de baser leurs travaux sur l'homme que l'on a jamais considéré auparavant, celui que l'on a toujours exclu des considérations philosophiques (le fou, l'idiot...), espérant y trouvé une réponse nouvelle.

 


 

Jankélévitch / Cyrène : Il faut user du peu d'influence que l'on a sur le monde de manière forte et morale.

 

Vladimir Jankélévitch (1903)

Philosophe et musicologue, ce grand penseur du XXe siècle est connu pour avoir participé à de nombreux conflits de son époque, notamment contre l'état Nazi. Surnommé « le marcheur infatigable de la gauche », Jankélévitch base sa philosophie sur 3 axes majeurs : Tout d'abord, la métaphysique du « je ne sais quoi » et du « presque rien », s'inscrit dans la continuité des réflexions « temporelles » de Bergson. Ainsi, Jankélévitch, lui, désire capturer l'instant précis du « devenir », le moment exact où l'être va changer, là où tout est possible, seuls moments de l'existence qu'il juge réellement empreints de liberté et de choix. Il considère d'ailleurs que l'existence qui précède ce choix est une existence de projection dans le futur (on ne pense pas à l'instant présent mais bien au « devenir ») et que l'existence qui vient après n'est que complaisance égotiste d'avoir vécu ce moment. Il ne reste alors de ce « presque rien » (l'instant) qu'un simple « je ne sais quoi » qui traîne dans l'atmosphère, et rien ne sera jamais plus comme avant. Il est donc évident pour le philosophe d'apprendre à repéré, capter et participer à cet instant de devenir. Deuxième axe de sa pensée, La morale de l'intention bienfaisante. Jankélévitch pose ici deux paradoxes de la morale, la relativisant fortement : L'homme sait qu'il doit être moral mais ne possède que de très peu d'outils pour l'être, outils, qui plus est, relèvent bien souvent d'une incompréhension humaine (on peut par exemple citer la parole divine, l'amour ou la justice, des concepts moraux mais très flous pour l'Homme). Ensuite, l'homme doit être moral mais ne le peut qu'à travers des actes précis, et ce même si sa volonté est universelle (c'est ce que le philosophe appelle « une paradoxologie de l'organe-obstacle », ou l'incomplémentarité de la chair avec la métaphysique morale). Troisième axe, enfin, l'esthétique de l'ineffable. Jankélévitch, en pianiste accomplit et fin musicologue, abordera l'existence de la conscience du temps par l'homme (rejoignant une fois de plus Bergson) où il comparera très souvent la temporalité de la musique (qui n'existe que dans le temps, et non dans l'espace où ailleurs) avec la condition de l'homme et la « restriction » temporelle dont fait preuve chaque existence humaine.

 

A retenir : Musicologue, moraliste

 

Cyrène

J'ai choisi Cyrène et non son père, qui possède pourtant les mêmes pouvoirs, pour une raison très simple : Là où son paternel usait de son pouvoir sonic de manière « primaire », même si parfaitement maîtrisée, Cyrène, elle, parviendra à explorer ce pouvoir du son plus en profondeur, développant alors un pouvoir hypnotisant, proche de la musicalité dont il est question plus haut. Il est d'ailleurs intéressant de constater qu'en combinant son parcours et son pouvoir, Cyrène crée malgré elle un parallèle flagrant avec la philosophie de Jankélévitch. Ainsi, là où le philosophe abordera l'idée du « moment déterminant », du « devenir », Cyrène aura une jeunesse fortement déterminante pour la suite de son existence. Elle sera élevée par un oncle plutôt immoral mais finira par rejoindre le « bon » côté des héros. Par ailleurs, elle possédera un réel sens moral, et ce malgré son éducation, ce qui renvoie directement à l'analyse singulière que fait le philosophe de cette même morale, arguant que l'homme possède bel et bien un sens moral universel (la preuve en est avec les choix de Cyrène) mais qu'il ne possède au final que d'un cadre très réduit pour appliquer cette morale (cadre réduit symbolisé par tous les obstacles qui se dresseront face au sens moral inné de l'héroïne, son oncle maléfique en tête). Enfin, comme dit précédemment, Cyrène rejoint parfaitement le philosophe dans la symbolique de la musique et du son, qui symbolisent l’instantanéité par excellence, créant un troisième parallèle très fort entre les deux personnages.

 

A retenir : Musicologue, moraliste

1 œuvre significative : ?

 

 

 


 

Aron / Oracle : Il faut apprendre à prendre du recul sur l'existence afin de mieux la comprendre.

 

Raymond Aron (1905)

Décrit très souvent comme le « spectateur engagé », Aron tentera durant toute sa carrière de mêler l'étude et l'action, deux disciplines qui s'amenuisent pourtant mutuellement selon lui. Il sera tout d'abord un disciple de Toqueville mais finira par épouser les théorie de Marx, auquel il consacrera nombre de ses cours à la Sorbonne. Il s'inspirera également de Hannah Arendt afin de développer une théorie sur le totalitarisme. Ainsi il en dégagera 5 éléments significatifs : Le monopole de l'activité politique par un régime, une idéologie considérée comme la seule et unique vérité, le monopole des moyens de persuasions (médias, armées...), le monopole économique de l'état, la punition sévère de toute protestation ou de toute faute commise. On l'opposera souvent à Sartre, qui, à la même époque, sera de tous les combats et dans le feu de l'action, quand Aron sera, quant à lui, toujours en retrait, en bon analyste qu'il est. Dans un cadre davantage politique, Aron décrira les relations internationales comme des rapports de forces où la guerre est parfois légitime, arguant que l'organisation interne d'un état et sa relation au reste du monde sont deux choses bien distinctes. Malgré cela, Aron refusera d'être catalogué comme « réaliste » (le réalisme est une doctrine des relations internationales qui considère qu'une politique de puissance et de conquête par un état est un fait et une conduite souhaitable comme moindre mal), arguant qu'il y a bien plus de morale dans sa pensée.

 

A retenir : Moraliste, politicien, démocrate, marxiste

 

Oracle (Barbara Gordon)

Je sais que j'ai déjà placé Barbara Gordon en tant que Batgirl plus tôt, mais je trouve, pertinemment je l’espère, qu'elle est réellement différente lorsqu'elle est oracle. Sa personnalité change, ses perceptions changent et surtout, son rapport à l'existence change fortement en tant qu'Oracle. Oracle est en réalité un nom de code de Barbara qui, lorsqu'elle devint paraplégique, dut se retirer du monde des super-héros, ne pouvant plus lutter physiquement contre les menace. Mais refusant d'abandonner son rôle de « justicière », elle deviendra Oracle, une informaticienne de génie aidant Batman à l'aide d'une base de donnée conséquente qu'elle réunira progressivement. On peut évidement y voir le désir qu'avait Aron d'être en retrait des sujets qu'il observait, Barbara possédant une objectivité sur les situations et un apport d'informations davantage important grâce au fait qu'elle est en retrait du terrain (rejoignant en cela la pensée d'Aron). Autre aspect intéressant qui rapproche ces deux personnes, c'est leur acceptation d'une certaine « fatalité ». Entendons-nous bien, Aron ne considérait aucunement les relations internationales passant par le conflit comme une fatalité, il y voyait d'ailleurs une nécessité et non un « mal nécessaire », mais je pense que l'on peut quand même comparer cette conviction à celle qu'à Barbara Gordon, qui a parfaitement conscience que la criminalité (que j'associe à la guerre), et surtout, le combat qu'elle mène contre cette criminalité, est un mal nécéssaire à l'évolution de Gotham (comme Aron et les Réalistes voyaient les conflits internationaux comme des « moindres maux »).

 

A retenir : Moraliste, démocrate, marxiste

1 oeuvre significaive : Batman : Cataclysme

 

 

 


 

Sartre / Huntress : Il faut prendre son existence en main et la modeler librement.

 

Jean-Paul Sartre (1905)

Figure emblématique et médiatique s'il en est, Sarte est reconnu depuis longtemps comme la figure de proue de l'existentialisme. Sartre considère que l'homme n'est pas défini en soi, et qu'il a, par conséquent, le moyen de se définir lui-même (à l'inverse d'un objet inanimé par exemple). Sartre considère d'ailleurs que l'homme est libre car Dieu n'existe pas, l'homme devient donc absolument ce qu'il veut et non plus une « création » prévue à une fin quelconque (L'homme n'est plus un « outils » fabriqué par un Être supérieur, remplissant un rôle prédéfini, comme un marteau ou un tournevis, mais bien ce qu'il veut être, en toute liberté). Dés lors, l'Homme a deux fois plus de responsabilités qu'avant, puisqu'il choisit lui-même ce qu'il va devenir, et donc, ce que va devenir l'humanité. L'homme est donc libre de choisir son essence à travers son existence (contrairement à Hegel, par exemple, qui jugeait qu'il existe une essence déterminée pour l'Homme). L'existentialisme s'oppose donc au déterminisme, qui considère l'homme comme impuissant face aux circonstances environnantes, l'existentialisme considérant l'homme comme seul et unique influence de sa propre existence. Sartre distingue alors 2 obstacles à l'existentialisme : D'abord l'homme qui se définit sans tenir compte de la morale (créant ainsi une humanité immorale), Sartre appelle cela la « mauvaise foi », car, dés lors que l'homme est seul responsable de l'humanité et de l'existence, il se doit d'être « un exemple ». Ensuite, la volonté d'autrui, empêchant l'homme de se choisir, de se définir, d'exister pleinement et comme il l'entend, d'où découlera sa célèbre phrase : « L'enfer, c'est les autres ».

 

A retenir : Existentialiste, athée, humaniste, moraliste

 

Huntress (Helena Bertinelli)

Elle représente très bien ce que veut dire existentialisme. Ainsi, elle sera élevée dans une « famille » de criminels et sera même formée en Sicile afin de devenir un membre de la mafia. Pourtant, dans un réel élan existentialiste, reprenant ainsi le contrôle total de son existence, elle choisira de lutter contre le crime, devenant alors une justicière. On peut même considérer, en portant l'analogie sartrienne à son paroxysme, que Batman représente la figure « divine » de Gotham, jugeant de ce qui est bon ou non pour ses disciples, les engageants uniquement s'ils peuvent servir sa cause (on peut donc y voir un parallèle avec la vision « fonctionnel » que Sartre reprochait à la religion), ce que Huntress refusera, entrant très souvent en conflit avec Batman (et délaissant donc la religion, osant ne pas écouter « Dieu » afin de faire ses propres choix). Cependant, elle sait dés lors que sa morale sera tout ce qui lui reste, ayant en quelque sorte refusé la morale de Dieu, et qu'elle devra donc éviter de faire preuve de cette fameuse « mauvaise foi » et poursuivre son engagement moral, même sans avoir Batman pour guide. On peut donc dire que Huntress est l'une des rares héroïnes de Gotham ayant su totalement s'émanciper de Batman, représentant donc un très bel exemple d’existentialisme dans sa capacité à exister par elle-même et à définir sa propre essence par son existence et non par une décision « supérieure » (qui serait alors synonyme de religion si on parle de Batman ou de déterminisme si on parle de ses origines criminelles). Notons enfin qu'Huntress se confrontera aux deux obstacles de l'existentialisme définit par Sartre, ce qui permet de pousser l'analogie encore plus loin. Elle sera d'abord confrontée « aux autres » (en l’occurrence Barbara Gordon, qui refusera de la reconnaître en tant que Batgirl lors du tremblement de terre de Gotham), et elle sera également, et ce très souvent, tiraillée entre son choix de faire le bien (des actes moraux) et retomber dans la violence avec laquelle on l'a éduquée (symbolisant le risque de « mauvaise foi » de l'Homme que le philosophe mettait en exergue).

 

A retenir : Existentialiste, « athée », moraliste

1 oeuvre significative : Batman : No Man's Land 1

 

 

 


 

Levinas / Lex Luthor : Il faut s'accomplir pleinement au risque de ne pas vivre totalement.

 

Emmanuel Levinas (1906)

Profondément ancré dans une philosophie de l'éthique, Levinas avait pour but de projeter l'Homme dans sa propre éthique, l'arrachant littéralement de ses convictions trop terre-à-terre. Il tentera également d'aborder l'éthique et la morale humaine en se consacrant à l'aspect relationnel de l'homme, arguent qu'il s'est munit d'un outil infaillible depuis la nuit des temps afin de peaufiner son rapport aux autres : Le visage. Ainsi, Levinas basera l'ensemble de ses réflexion sur le visage humain, le considérant tantôt comme un symbole, tantôt comme un phénomène duquel découle tous le reste. Levinas considère que l'éthique est ce qui provoque un dérangement dans le sujet, une confrontation de l'homme à l'infini. Cet infini, ce « trou dans l'être », c'est notre visage et celui d'autrui, ultime « nudité » de l'être humain. Levinas, contrairement à d'autres philosophes, accepte le mal comme faisant partie intégrante de l'homme, il ne tente pas de le « rejeté » hors de l'homme mais bien de le porter comme un fardeau. De plus, Levinas s'interroge sur la morale et se demande si, finalement, la morale n'est pas juste un reflet d'une culture. La vraie morale étant ce que nous portons au plus profond de nous (nous ne la créons d'ailleurs pas), même si celle-ci, aux yeux de l'autre, n'est peut-être pas considérée comme morale. Chaque homme posséderait alors sa propre morale, et son but serait alors d'accomplir sa morale à lui (il rejoint ici « l'accomplissement » chez Nietzsche, qui tente d'éliminer l'aspect moral ou éthique des actes). Le visage devient alors une métaphore de la morale humaine, il existe mille et un visages comme il existe mille et une morales, chaque être possédant son propre visage, qui ne ressemble à nul autre.

 

A retenir : Amoral, sociologue, éthique, matérialiste

 

Lex Luthor

Comme beaucoup de super-vilains dans ces dernières années, le travail sur le sens moral et la psychologie de Luthor ont fait de lui un personnage plus ambigu que réellement malfaisant. Et c'est ce qui me permet de le placer ici (rappelons qu'il a été tout un temps Président des États-Unis et qu'il a fait équipe avec Batman durant les événements de Forever Evil). Mais ce qui m'intéresse chez Luthor, c'est qu'il possède bel et bien sa propre morale, une morale qu'on ne peut qualifier d'immorale, mais une morale qui ne représente pas forcément l'aspect morale universelle (il rejoint en cela Dr Doom, cité plus tôt). Il rejoint alors la philosophie développée par Levinas sur le fait que chaque être possède sa morale et qu'il est avant tout important de se réaliser pleinement. C'est d'ailleurs cet empêchement de se réaliser pleinement (toujours stoppé par Superman) qui fera de Luthor une figure maléfique, ce qui, philosophiquement parlant, est porteur de sens. Mais des êtres immoraux et des philosophes amoraux sont légions, et tout autre association aurait été permise. Mais il y a un élément qui permet d'accentuer fortement le parallèle entre les deux personnes que sont Levinas et Luthor (et non, ce n'est pas le simple fait que leur noms commencent par un L), c'est bien la symbolique du visage. Ainsi, le philosophe nous expliquait que le visage de l'homme était son outil dans son rapport à l'autre mais également la preuve physique de son rapport à l'être, le visage constituant même « le trou dans l'être » de chaque homme. Et Luthor possède ce visage neutre, dénué de traits significatifs, de pilosité ou même de chevelure, ce visage qui pourrait être considéré comme le visage symbolisant celui de n'importe quel homme, permettant alors d'expliquer la philosophie de Levinas (Et ce visage n'est pas juste un design choisi au hasard vu qu'il participe énormément à la caractérisation du personnage). Car si le visage de l'homme est son rapport au réel, à l'être, voire au néant, l'accentuation de la neutralité du visage de Luthor ne fait-elle pas de lui l'homme Alpha ? Celui qui, pour Levinas, est parvenu à se détacher des principes moraux de la société (rappelons que pour le philosophe, la « morale » est avant tout une donnée culturelle) en acceptant le bien, mais aussi le mal, sans jamais les rejeté hors de son être, cheminant avec les deux, ou les portant comme un fardeau.

 

A retenir : Amoral, sociologue, matérialiste

1 oeuvre significative : Justice League : Le règne du mal

 

 

 


 

Merleau-Ponty / Zatanna : Il faut s'exprimer pleinement face au monde, et ce de toutes les façons possibles.

 

Maurice Merleau-Ponty (1908)

Ce philosophe très réflexif abordera un aspect philosophique alliant perception, conscience et corps. Ainsi, il expliquera que le corps n'est uniquement un objet matériel d'étude scientifique mais également l'objet permettant l'observation. Le corps fait partie intégrante de la perception, et ils sont dés lors liés dans la constitution de la conscience. Il s'oppose ainsi à Descartes et toutes sa descendance idéologique, qui opposait fermement corps et esprit. Il va alors porter sa réflexion plus loin et mettre en avant le fait que le corps permet d'exécuter des tâches spirituelles et intellectuelles, créant par là même une vie culturelle, notamment à travers le langage, qu'il considère comme noyau de la culture. Pour lui, les mots ne sont pas le reflet de la pensée, la pensée n'existe d'ailleurs pas hors du monde ni hors des mots (on peut y voir une opposition à Platon et son « monde » des idées). Il étudiera par la suite, notamment auprès d'enfants, l’acquisition du langage, et la façon qu'à l'homme de le structurer. Pour cela, il combinera des thèse de psychologie, de linguistique et d'anthropologie sociale. Son objectif est d'abord et avant tout d'analyser les structures à la base de l'expressivité, qui se révèlent invariantes, en enrichissant les considérations sur le langage par une attention au travail des artistes, poètes et écrivains. Merleau-Ponty considérera durant toute sa carrière que c'est la capacité de l'homme de s'exprimer qui le place comme être à part entière du monde et de l'existence, l'homme ayant sans cesse peaufiner ses moyens d'expressions à travers la structure du langage mais également les arts comme la peinture, la sculpture ou la musique.

 

A retenir : Linguiste, matérialiste, psychologue, spirituel

 

Zatanna

Cette héroïne possède un rapport tout à fait fascinant à son pouvoir, qui est la magie. De plus, elle possède un lien direct avec les deux grands aspects de la pensée de Merleau-Ponty, à savoir le corps et la parole. Commençons par le corps : Le philosophe a tenter toute sa carrière de ne plus opposer le monde physique (le monde du corps) avec le monde métaphysique (le monde immatériel de la pensée), expliquant que le corps faisait partie intégrante de l'intellect humain. Zatanna nous offre, quant à elle, une très belle transposition de cette idée dans le fait qu'elle a hérité des pouvoirs magiques de son père par « le sang », entendons, génétiquement. On y voit alors un premier lien entre corps et esprit, car Zatanna ne peut aborder le monde immatériel et spirituel de la magie et des incantations uniquement parce qu'elle possède un héritage génétique, prouvant par là même que l'héritage spirituel passe avant tout par l'héritage physique. Ajoutons à cela qu'elle pratique le métier de « magicienne » (prestidigitatrice) et que cette profession est une parfaite symbolique du fait d'aborder la magie par le corps (en effet, les prestidigitateurs donnent une illusion de magie, ils « montrent » la spiritualité grâce à un entraînement intense de leur corps et de leurs gestes). Second point essentiel qui relie les deux personnages, c'est l'utilisation si particulière du langage. Là où le philosophe défendra la thèse de l'importance de la linguistique, de la structure du langage et des moyens d'expression, Zatanna use physiquement du langage afin de pratiquer ses incantations. De manière encore plus particulière, Zatanna ne récite pas simplement ses sorts, mais est obligée de les réciter à l'envers, modifiant par là même la structure du langage, et c'est cette structure malléable qui crée, chez elle, cette capacité à user de son pouvoir. Comment, dés lors, ne pas voir un parallèle avec les travaux de Merleau-Ponty sur la structure du langage ? Terminons par simplement évoquer cette idée : Le philosophe considérait la pratique d'un art comme l'accomplissement humain à pouvoir communiquer et s'exprimer quand Zatanna pratique un art très particulier dont le but est également l'expression d'un plein potentiel, celui des « arts » occultes.

 

A retenir : Linguiste, matérialiste, spirituelle

1 oeuvre significative : ?

 

 

 


 

Weil / Le Hibou : Il faut s'éfforcer d'être altruiste et vertueux, même lors des moments difficiles.

 

Simone Weil (1909)

En tant que juive parisienne, cette intellectuelle sera extrêmement sensible à la montée en puissance du Nazisme. Elle publiera d'ailleurs une série d'articles qui, très tôt, montreront sa grande lucidité sur les événements qui suivront. D'abord très active comme professeur de philosophie, elle se tournera peu à peu vers la religion, interrogeant longuement les ecclésiastes sur Jésus et ses enseignements. Elle choisira également très tôt de donner la majorité de son argent aux personnes en ayant le plus besoin, ne vivant elle-même qu'avec le stricte minimum (on attribue d'ailleurs sa mort à une diète intentionnelle et fatale). Tous ses contemporains reconnaîtront plus tard qu'elle fût une figure emblématique de la philosophie par sa capacité à faire passer sa discipline, ses études, ses réflexions et sa quête de la vérité bien avant ses propres intérêts, s’effaçant littéralement pour laisser place à ses idées percutantes. Sa doctrine se basait avant tout sur l'Homme dans sa capacité à vivre en communauté, faisant preuve de souplesse et de charité envers autrui, pratiquer l'entre-aide et se bâtir sans cesse de nouveaux moyens de vivre mieux (milieu médical, juridique, politique...).

 

A retenir : Éthique, croyante, moraliste, vertueuse, altruiste

 

Le Hibou (Nite Owl)

Une multitude d'éléments rapproche le vertueux Dan Dreiberg à la philosophe. Commençons par citer la visions qu'ils ont du genre humain, croyant tout deux à son sens moral inné, à sa capacité à vivre en communauté et s'entre-aider en cas de besoin. Cela ressortira fortement chez Le Hibou dans son choix d'user d'armes non létales, mais également de devenir un « justicier » au sens noble du terme (il aura d'ailleurs eu comme modèle son prédécesseur sous le masque, figure vertueuse également). Un autre trait particulier qu'on attribuait à Weil était sa capacité à se plonger totalement dans ce qu'elle entreprenait, faisant preuve d'un don de soi sans pareil, n'usant son argent qu'à aider les autres. Ce trait de caractère significatif, on le retrouve chez Dreiberg. Héritier d'une petite fortune, il décidera d'investir la totalité de son argent dans sa lutte contre le crime, ne se consacrant dés lors uniquement à son rôle de justicier et très peu à sa vie sociale (on peut d'ailleurs faire un parallèle avec le choix d'existence de la philosophe, voire même de son niveau de vie, qui fut sans doute la cause de sa mort), réalisant littéralement un « don de soi » proche de celui de Weil. Dernier point important, leur croyance à la vie en communauté et à l'entre-aide. Chez Weil, cela passait par l'aide médicale, le don d'argent aux pauvres et la certitude qu'elle avait que l'homme était capable d'aider son prochain, chez Le Hibou, cela passe essentiellement par son désir profond de constituer une nouvelle équipe de justicier, persuader que « l'union fait la force » et que le travail en communauté et l'entre-aide sont les clés de tout. Il sera d'ailleurs l'un des seuls justiciers « moderne » à défendre le projet et à tenter de réellement le concrétiser.

 

A retenir : Éthique, moraliste, vertueux, altruiste

1 oeuvre significative : Before Watchmen - Nite Owl

 

 

 


 

Foucault / La Chose : Il faut se battre contre tous ce qui nous emprisonne.

 

Michel Foucault (1926)

Il est particulièrement connu pour s'être opposé aux institutions, les accusant d'être dirigées par les mécanismes du pouvoir et bloquant toute subjectivation de la société (ce qu'il appelle les « Institutions disciplinaires »). Parmi ces institutions qu'il dénonce, on trouve la psychiatrie, la médecine, le système carcéral ou encore le système scolaire. Son interprétation de l’ontologie est l'expérimentation de nos limites, la forme patiente de notre impatience de liberté, qu'il associe donc au rapport qu'il existe entre l'individu et les institutions. On peut dire qu'à défaut d'avoir percer à jour l'ontologie, Foucault avait par contre extrêmement bien cerné son opposant, à savoir l’institution et le savoir unique. Dans la seconde moitié des années 1970, il s'est ainsi intéressé à ce qui lui semblait une nouvelle forme d'exercice du pouvoir (sur la vie), qu'il a appelé « biopouvoir », indiquant le moment où, autour du XVIIIe siècle, la vie (tout ce qui constitue l'existence d'un homme) entre comme telle dans les mécanismes du pouvoir et devient ainsi un enjeu essentiel pour la politique. Au début de l'année 1980, Foucault dégage un nouvel axe de recherche : les actes que le sujet peut et doit librement opérer sur lui-même pour accéder à la vérité. Son travail se présente alors comme une immense histoire des limites tracées à l'intérieur de la société, et qui définissent les seuils à partir desquels on est fou, malade, criminel, déviant. En résumé, le pouvoir nous dicte ce qui est bien ou mal, ce qui est permis ou non, ce qu'il faut penser ou non. La folie devenant alors une bouffée d'air frais, une échappatoire pour ceux qui acceptent de s'y intéresser comme tel.

 

A retenir : Sociologue, anticonformiste, anticonstitutionnel.

 

La Chose (Ben Grimm)

Il est intéressant de constater, en forçant un peu la comparaison, que Ben Grimm aura été, durant toute son existence, dominé et « classé » par les institutions. Ainsi, il acquerra son pouvoir (et son physique disgracieux) en se voyant « obligé » de participer à un vol spatial expérimental (relevant du choix des institutions de son pays d'envoyer à tout prix des hommes dans l'espace avant la Russie) alors que son « instinct » (ce que Foucault classifiait comme la « folie » nous permettant d’œuvrer contre les institutions) lui dicte de ne pas y aller. Dés lors qu'il acquiert ce pouvoir disgracieux, il sera nommer « la chose », contre son grès, par Sue Storm, qui répond sans doute elle-même à ses mécanismes institutionnels de classification des « êtres » et n'en trouve aucun (on peut donc y voir le principe que mettait le philosophe en exergue, à savoir le fait que ce sont les institutions qui définissent les seuils à partir desquels on est fou, malade, criminel, déviant...ou hors normes dans le cas de Grimm). De manière plus générale, Grimm, ainsi que l'ensemble des Fantastic, sont en quelque sorte les victimes de ce « biopouvoir » que dénonçait Foucault, et ce tout au long de leur carrière (même si ce biopouvoir est exercé en partie par leur mentor, Red Richards). On peut alors voir en La Chose, de par son aspect difforme (hors-norme), et donc « anti-institutionel » (à l'instar d'un fou, d'un malade, ou d'un déviant) ce que le philosophe appelait les actes que le sujet peut et doit librement opérer sur lui-même pour accéder à la vérité. Ben Grimm devenant alors ce Foucault des super-héros lutant contre les institutions en étant un être déviant.

 

A retenir : Anticonformiste, anticonstitutionnel.

1 oeuvre significative : Fantastic Four : Une solution pour tout

 

 

 


 

Deleuze / Le Comédien : Il faut lutter contre tous ce qui nous emprisonne à chaque instant de notre existence.

 

Gilles Deleuze (1925)

Il bâtira son œuvre philosophique à partir de l'étude de grands penseurs, tentant de mettre en avant l'apport « nouveau » de chacun à l'histoire de l'humanité. Sa philosophie va dés lors être essentiellement tournée vers la « production du nouveau » et la création. Pour Deleuze, « la philosophie est l'art de former, d'inventer, de fabriquer des concepts ». Il assure que la philosophie ne s'adresse pas qu'aux spécialistes, et l'on peut dire de lui ce qu'il disait de Spinoza : tout le monde est capable de le lire, et d'en tirer de grandes émotions, ou de renouveler complètement sa perception, même s'il en comprend mal les concepts. Inversement, un historien de la philosophie qui n'en comprend que les concepts n'a pas une compréhension suffisante. Il mettait en tête de sa pensée l'immanence, tentant sans cesse de produire une philosophie de la vie et de l’affirmation. Dans ce besoin de voir l'accomplissement comme un outils, Deleuze s'associera à Foucault dans ses réflexions sur la folie, arguant que la folie n'est pas « la carte d'un autre monde » mais bien « une cartographie différentes de tous les mondes » (autrement dit, la folie n'est pas tant un frein à la compréhension humaine mais bien un moyen innovant et inconnu de l'explorer). Il verra d'ailleurs cet « autre moyen » comme une solution aux « Institutions disciplinaires » dénoncées par Michel Foucault (qui explique que les institutions seraient destinées à dominer la société, physiquement et intellectuellement), la folie devenant les seuls esprits libres. Il proposera d'ailleurs une continuité de cette pensée en élaborant l'idée de « société de contrôle ». L'expression désigne une société fonctionnant « non plus par enfermement, mais par contrôle continu et communication instantanée » et où « les mécanismes de maîtrise se font […] toujours plus immanents au champ social, diffusés dans le cerveau et le corps de citoyens ». Cela contrasterait avec les sociétés antérieures, où les coutumes, habitudes et pratiques étaient générées par des systèmes institutionnels qui fonctionnaient comme autant de milieux clos : école, caserne, usine, etc.

 

A retenir : Novateur, sociologue, anticonformiste, altruiste

 

Le Comédien

Si il y a bien un archétype du Super-héros semblant fou mais ayant en réalité percé la vérité sur le monde qui nous entoure, c'est Le Comédien. Il possède ce que Deleuze nomme une « cartographie spirituelle différente » et aborde ainsi le monde comme personne d'autre (comme on pourrait penser que le fait un fou), il dira d'ailleurs être « le seul à avoir compris que le monde n'est qu'une vaste plaisanterie ». Sa carrière de justicier sera ponctuée par des actes proches de la folie, voire de la psychopathie, notamment le viol du Spectre Soyeux ou le meurtre d'une jeune femme vietnamienne enceinte de lui. Il jouera d'ailleurs sur les deux tableaux durant toute son existence, œuvrant tantôt pour son propre compte ou pour celui d'un groupe de justiciers (Minutemen), tantôt pour les institutions (le gouvernement lui-même), cheminant en réalité à sa propre façon, sans influence d'aucune sorte (on peut y voir « l'esprit libre », prôné par le philosophe). Mais sa lutte contre les institutions ne s'arrêtera pas là ! Ainsi, il sera le seul à y voir clair dans le jeu d'Ozymandias (que l'on peut très aisément associé à la « société de contrôle » de Deleuze dans sa capacité à influer sur l'inconscient de la population et à s'immiscer jusque dans la vie privée de la société) et c'est ce qui lui apportera la mort. On peut d'ailleurs voir la fin de Watchmen (livre) comme une transposition de la philosophie de Deleuze, assistant à la mise en place progressive et au triomphe de cette « société de contrôle », la population étant totalement manipulée par contrôle continu et communication instantanée, et où les mécanismes de maîtrise se font toujours plus immanents au champ social, diffusés dans le cerveau et le corps de citoyens (on abordera notamment dans le comics la politique, le milieu carcéral, la télévision, la guerre...etc). Le Comédien devenant le seul être au monde à avoir vu clair dans cette manipulation et ayant « joué » avec toute sa vie.

 

A retenir : Novateur, sociologue, anticonformiste

1 oeuvre significative : Watchmen (Alan Moore)

 

 

 


 

Baudrillard / Dazzler : Il faut lutter contre l'hyperréalité et toutes les illusions de l'existence.

 

Jean Baudrillard (1929)

Il est connu pour avoir énormément étudié la société contemporaine, notamment la façon dont elle réagit aux médias et aux stimuli de ces derniers (via la publicité, la communication ou encore l'image). Il commencera par dénoncer la société de consommation dans les années 70, qu'il analyse comme le structuralisme analyse les textes littéraires, c'est à dire dans les rapports qu'occupe les constituant entre eux. Il juge ensuite la société des médias (qu'il rattache à « la société du spectacle » dénoncée par Guy Debord) dans ses dérèglements (la séduction, la simulation, et l'hyperréalité, une théorie selon laquelle les sociétés moderne confondent de plus en plus réalité et fantasme) et expliquera qu'ils sont à l'origine de la « disparition du réel », auquel se substitue une série de simulacres qui ne cessent de s'auto-engendrer. Il dénoncera ainsi la pensée neolibérale, arguant qu'un monde « globalisé » (libre échange, mondialisation...), basé sur l'échange de bien (le commerce) s'oppose fortement au monde des cultures symboliques (échange de cadeaux) et court à sa perte en raison de son manque de compréhension de l'aspect symbolique de l'existence sociale. En résumé, on pourrait dire que le capitalisme ne se base que sur la transaction de biens immatériels (inflation artificielle des prix du marché, valeur abstraite et monétaire attribuée à un produit...) alors que la société requiert l'existence de biens concrets (que l'humanité à abordé par le passé via le troque, l'échange, la caractérisation physique de l'argent...).

 

A retenir : Anticonformiste, structuraliste, critique, économiste

 

Dazzler

Si il y a bien un Super-héros qui représente le monde de la consommation et du néo-libéralisme, c'est Dazzler, cette chanteuse Pop secrètement mutante. Tout d'abord par son choix de carrière : Elle désire très tôt devenir un personnage public, vendre des milliers de disques et participer à des produits dérivés (on peut donc y voir un lien très fort avec la société de consommation que fustigeait le philosophe). Mais ce qui est encore plus marquant, c'est le symbolique de son pouvoir, qui se place parfaitement dans l'une des approches principales de Baudillard, l'hyperréalité. En effet, son pouvoir est, de manière globale, la manipulation de la lumière (elle peut tantôt transformer la lumière en son, en flash, en hologrammes ou en matière solide), on peut y voir un parallèle évident avec cette hyperréalité que le philosophe considérait comme un fantasme déformé et déformant de la réalité (et comment « mieux » déformer la réalité « dans son apparence » en manipulant la lumière?). Dazzler est dés lors capable de recréer un simulacre de réalité, projetant aux yeux du public (ou des ennemi suivant les situations) ce que le philosophe référençait, c'est à dire de la séduction (elle est une star populaire), de la dissimulation (Elle tentera en vain de cacher son existence de mutante) et de l'hyperréalité (Elle manipule l'aspect superficiel des choses grâce à son emprise sur la lumière). Mais Dazzler n'est pas pour autant l'ennemi du philosophe, et ce même si elle use de ce lui redoute. Ainsi, elle va user de ses pouvoirs et connaissances pour combattre le super-vilains Mojo, lui-même spécialisé dans les mêmes activités que Dazzler, mais à des fins bien moins éthiques (Dans son monde, il œuvre notamment à imposer la télévision comme seule ressource culturelle, et dirige d'une société de consommation exagérée à outrance, amenant la chose jusqu'à l'esclavage). On peut dés lors y voir l'acte même du philosophe de la part de Dazzler, c'est à dire user de sa connaissance d'un sujet afin de mieux le combattre.

 

A retenir : Anticonformiste, critique, "économiste"

1 oeuvre significative : ?

 

 

 


 

Derrida / Flèche Noire : Il faut trouver les outils adéquats pour cheminer dans l'existence.

 

Jacques Derrida (1930)

Ce philosophe moderne a abordé l'ontologie philosophique sous une forme particulière d'opposition entre le sensible et l'intelligible. Il va ainsi leur associer toute une série d'oppositions complémentaires, et ce pour chaque domaine qu'il traitera, délimitant ainsi deux aspects constitutifs et dichotomiques du monde. Il opposera par exemple parole/écriture, sens/non sens, rationnel/irrationnel...Il regroupera alors ce concept sous le terme « différance » avec un A (symbolisant une différence qu'on lit mais qu'on entend pas, principe même des oppositions qu'il a créé sur base de parole/écriture). Pour lui, l'écrit a longtemps été négligé au profit de la parole, et fait alors la chasse aux impasses méthodologiques. De Platon à Rousseau et Lévi-Strauss, il dénonce la primauté traditionnelle de la parole, conçue comme « vie » et « présence », sur l’écriture, désignant ce système métaphysique comme logocentrisme. Il s'opposera dés lors à la parole (ou le son, ou la musique) que nombres de philosophes de l'époque apparentaient à la perception du temps, et donc de l'existence. Derrida, qui voyait dans l'écriture un outil bien plus intéressant pour comprendre l'existence, développera le concept de « trace », un moyen unique à l'écriture de conserver un noyau stable et autonome de sa signification première, sorte d'élément du passé permettant de communiquer avec le présent et le futur, abolissant dés lors l'autorité du présent, du « moment » précis (comme on pu l'aborder Bergson ou Jankélévitch) et tentant de voir encore plus loin et encore plus vaste.

 

A retenir : Linguiste, écrivain, ontologiste, historien

 

Flèche Noire

Derrida analysa la parole comme une capacité humaine à laquelle on avait donné trop de pouvoir par le passé, Flèche Noire est un inhumain dont la capacité incroyable liée à la parole deviendra un pouvoir bien trop grand, le condamnant à rester muet. Le parallèle est aisé certes, mais il est tout de même très intéressant et permet surtout d'en créer d'autres, bien plus . Là où le philosophe expliquait que la parole était quelque chose de fort mais de moins fort que l'écriture, Flèche Noire nous prouve, lui, que la parole ne fait pas tout et qu'il est tout à fait capable de diriger son peuple sans en user. Il représente également très bien ce concept de « trace » que le philosophe développera durant sa carrière, c'est à dire un moyen de raccrocher passé, présent et futur, et que le philosophe attribuait à l’écriture et à nul autre, l'écriture échappant à toute notion temporelle (« les paroles s'envolent, les écrits restent »). Flèche Noir nous montre, en adéquation avec l'envie du philosophe, qu'il n'a nul besoin de parole afin de créer ce lien temporel avec son peuple. Cependant, chez le héros, cela passe davantage par la conservation de sa culture (Il parviendra à conserver sa « cité » malgré les nombreux changements de lieux que fera le peuple inhumain) ainsi que par l'histoire de son peuple. Enfin, il est intéressant de constater que par son passé de peuple « errant », le peuple inhumain peut tout à fait être rattaché au peuple hébreux, peuple qui possède un système d'écriture très complexe et fortement lié à la préservation de sa culture et à la transmission de sa religion. Ainsi, et je finirai par cet exemple, d'un point de vue linguistique, c´est une particularité de la langue hébraïque (et plus particulièrement la « Kabbale ») que le signifiant puisse avoir deux signifiés diamétralement opposés, ainsi qu'une existence symbolique à part entière (exemple : La racine RA.MAH signifie la hauteur, un lien élevé et, par suite, puissant, mais aussi pourriture, rampant, ver de terre. Or, ce mot est constitué de deux mantras sacrés RA et MA, destinés aux seuls prêtres et réservés à DIEU. Qu´est-il advenu de ces deux racines ? Les hommes en ont fait mauvais usage, se réservant, pour eux, le pouvoir qui émanait de ces mots-clefs : Usant de la puissance qu´ils leur conféraient, ils ont réduit ces mots sacrés à l´état abject et dérisoire de pourriture et de déchets. Voir ici pour davantage de détails passionnants : http://60gp.ovh.net/~yakaasso/yaka/themes/th_let_mer.php). Le parallèle entre Derrida et ce héros muet (n'usant guère de la parole), et représentant fictif d'un peuple pour qui l'écriture a permis depuis longtemps de créer cette « trace » chère au philosophe, me semblait donc toute indiquée.

 

A retenir : Linguiste, « écrivain », dirigeant, historien

1 oeuvre significative : Infinity (Jonathan Hickman)

 

 

 


 

Bourdieu / Anarky : Il faut sans cesse tout remettre en question, spécialement ce qui nous domine.

 

Pierre Bourdieu (1930)

Malgré qu'il soit un sociologue accomplit et non un philosophe, l'influence qu'il eut de son vivant sur les grands courants des sciences humaines le place comme l'un des tous grands penseurs de son époque. Son œuvre se base sur une analyse des mécanismes et reproduction des hiérarchies sociales. Il mettra d'ailleurs l'accent sur des causes culturelles et symboliques de ces mécanismes, et non plus économiques comme l'avait fait Marx en son temps. Il explique notamment que les acteurs culturels en position de domination imposent leurs productions, principe qu'il nomme la « violence symbolique », c'est à dire la capacité à faire méconnaître l'arbitraire de ces productions culturelles et donc, à les faire admettre comme légitimes. Bourdieu considère alors que c'est par le conflit et l'opposition à ce genre de pratiques que la société se construit sainement. Mais pour lui, ces conflits s’opèrent avant tout dans les différents champs sociaux. Ils trouvent leur origine dans leurs hiérarchies respectives, et sont fondés sur l’opposition entre agents dominants et agents dominés. Pour Bourdieu, les conflits ne se réduisent donc pas aux conflits entre classes sociales sur lesquels se centre l’analyse marxiste.

 

A retenir : Sociologue, socialiste, anticonstitutionnel

 

Anarky

Le principe de domination, qui ne peut se constituer que sur une base dichotomique de dominant et dominé, nous le retrouvons parfaitement chez V (de V for Vendetta). Mais comme ce dernier n'est pas un super-héros à proprement parlé, j'ai choisi de parler de ce qui s'en rapproche le plus en matière de héros : Anarky, personnage taciturne de Gotham City. Cet antihéros porte bien son nom puisqu'il se dévouera tout sa vie à lutter contre le pouvoir et les institutions, refusant d'être dominé. On retrouve chez lui tout ce qu'a abordé Bourdieu, à savoir des causes davantage culturelles et sociales, plutôt qu'économiques comme l'avait évoqué Marx. Ainsi, Les histoires autour d'Anarky sont souvent axées sur des thèmes politiques et philosophiques. Nommé d'après l'anarchisme, Anarky a été transformé d'un personnage populiste et socialiste comme quelqu'un de rationaliste, athée, et défendant la pensée du marché libre. Anarchy va donc très souvent combattre cet « violence symbolique » que dénonce le philosophe, en tentant notamment d'ouvrir les yeux des citoyens, aveuglés et inconscients par les messages qu'on leur envoi, les jugeant légitimes.

 

A retenir : Sociologue, socialiste, anticonstitutionnel, anarchiste

1 oeuvre significative : ?

 

 


 

Debord / Maria Hill : Il faut lutter à armes égales avec l'existence et ses illusions.

 

Guy Debord (1931)

Écrivain, essayiste et cinéaste, C'est lui qui a conceptualisé1 la notion sociopolitique de « spectacle », développée dans son œuvre la plus connue, La Société du spectacle, en 1967. Debord s'appuie sur les théories de Karl Marx pour construire sa théorie du Spectacle, ce qu'il est important à comprendre car ce dont veut rendre compte le concept critique de spectacle, c'est que « le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images » (Il faut donc associé à la dimension médiatique du spectacle une dimension sociale). Debors expliquera ainsi que l'industrialisation des marchandise ayant altéré leur qualités intrinsèques, elle n'ont plus que qualités celles qu'on leur donne à travers l'image (publicités mensongères, acharnement médiatique...). La théorie du spectacle de Debord est donc la soumission du corps social à ses lois qui modèle l'ensemble de la société selon ses exigences, non plus seulement dans la sphère de la production, mais aussi dans la sphère du « temps libre », par le biais de l'image de la fausse cohésion sociale que présente le spectacle. Au contraire de nombre de penseurs et sociologues de l'époque, Debord n'abandonne pas la pensée de Marx simplement parce que celui-ci se serait trompé de cible, mais reprend son œuvre en la confrontant aux changements de son époque pour comprendre « que le Spectacle était le nouveau visage du Capital ayant provisoirement résolu ses contradictions initiales ; et qu'il fallait reprendre la critique de Marx à partir de cette nouvelle réalité».

 

A retenir : Marxiste, anticonstitutionnel, anticapitaliste, iconoclaste (en partie)

 

Maria Hill

Nous avions déjà abordés Nick Fury en directeur du S.H.I.E.L.D. pas toujours éthique, nous allons maintenant aborder son successeur, Maria Hill. Et qui est mieux placée que Hill pour représenter cette société du spectacle sur laquelle nous met en garde Debord ? Ainsi, elle a très vite compris l'intérêt que porte le public à l'image, et elle fera le choix très tôt de remplacer Nick Fury, disparu, par un androïde possédant son apparence. Dans la digne continuité de la dénonciation du philosophe, Hill « substitue » la qualité première d'une marchandise (en l’occurrence ici : l'Être réel Nick Fury) par une série de qualités « superficielles », issues du « spectacle » (Ressemblance avec un être humain puisqu'il s'agit d'un robot anthropomorphe et ressemblance avec Fury puisqu'il s'agit d'un androïde), leurrant dés lors la population. Mais cette connaissance de la société du spectacle vont faire d'elle une fine utilisatrice mais surtout une dénonciatrice, et c'est justement là qu'elle rejoint parfaitement le philosophe. Car, afin d'analyser cette société néo-capitaliste, Debord a d’abord du l'étudier et la connaître. Ainsi, Maria Hill permettra au S.H.I.E.L.D. d'être moins dans la « représentation » pour être davantage dans l'action (retrouvant ainsi sa qualité intrinsèque), notamment en créant un réel rapprochement entre l'organisation anti-terrorriste qu'elle dirige avec les super-héros, gagnant peu à peu leur confiance. On peut dés lors voir dans ses actions un désir de démystifier cette société du spectacle en replaçant le S.H.I.E.L.D dans des considérations plus éthiques et plus « réelles », en ôtant le vernis que Fury y avait appliqué pendant des années. Hill usera très souvent de sa connaissance des médias, du spectacle, du capitalisme et de l'utilisation intelligente de « l'image » afin d'obtenir une longueur d'avance sur ses ennemis (on peut notamment le voir dans les récentes histoires de « Secret Avengers » ainsi que dans « Hulk, Agent of Shield »).

 

A retenir : Marxiste, anticonstitutionnelle, anticapitaliste, iconoclaste (en partie)

1 oeuvre significative : Hulk, Agent of S.H.I.E.L.D.

 

 

 


 

(Grandes interrogations à venir prochainement)

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