Moi ce que j'aime c'est les monstres est assurément l'une des claques de cette rentrée littéraire. Sorti chez Monsieur Toussaint Louverture, l'album de l'autrice Emil Ferris est une sorte d'OVNI, à mi-chemin entre la BD, le livre illustré et le carnet de croquis. S'il peut sembler un peu brouillon au départ, on finit vite par remarquer une histoire qui se déroule et qui empêche le livre de nous glisser entre les mains.
1968. Karen Reyes a dix ans. Elle dessine le journal de sa vie quotidienne. Elle habite un immeuble pourri de Chicago avec sa mère et son grand frère Deeze - un gigolo gentil à gueule de Chicano, doublé d’un peintre doué, qui porte sur la poitrine le tatouage Born To Draw. Lui et Karen s’adorent. Il lui a appris à regarder et à dessiner. Mais le journal illustré de la pré-ado est traversé de visions lourdes : cauchemars bariolés tirés de couvertures de comics, et même hallucinations moites, dignes du Polanski de Répulsion. C’est dans ce monde-là que Karen Reyes se réfugie. Si elle aime les monstres, c’est qu’eux ne la jugent pas. Du même sang que ses amis imaginaires, la petite fille se représente dans son journal avec des crocs et une mâchoire épaisse de loup-garou.
Si comme beaucoup de monde vous avez déjà succombé à la beauté de Moi ce que j'aime c'est les monstres, direction Paris ! À partir de demain se tiendra à la Galerie Martel une exposition consacrée au livre. Les visiteurs pourront ainsi découvrir des originaux de l'autrice, qui lors de la conception de l'oeuvre dessinait ses personnages séparément et procédait ensuite à l'assemblage sur ordinateur. L'exposition aura lieu du 22 septembre au 20 octobre à la Galerie Martel dans le dixième arrondissement de Paris. L'artiste dédicacera son livre demain le 22 septembre à partir de 14 heures.