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par La Redac - le 20/12/2020
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par La Redac - le 20/12/2020

Le dessin comme moyen de résistance ?

« Le trombinoscope de la honte » qui présente le portrait des 388 député.e.s qui ont voté pour la loi Sécurité Globale en novembre dernier continue de faire son chemin : vendredi 16 décembre 2020 un député a porté plainte contre un enseignant qui a diffusé son portrait sur Twitter. 

Jacques Maire, député La République en Marche des Hauts-de-Seine, a déposé une plainte contre un professeur d’Histoire de l’art, François de Vergnette, pour avoir diffusé son portrait issu de la série du « Le trombinoscope de la honte » réalisé par une trentaine de dessinateurs. Une plainte qui en restera là, ce professeur d’Histoire de l’art n’a pas été inquiété par cette tentative d’intimidation. 

Effet boomerang, plusieurs dessinateurs ont réalisé de nouveaux portraits de l’élu sur la page Facebook de Quentin Faucompré, l’auteur du dessin partagé par François de Vergnette. Il y a même un gabarit avec instructions pour créer votre propre portrait de Jacques Maire et le placarder.

« Le trombinoscope de la honte » est une initiative proposant de diffuser les 388 portraits des député.e.s qui ont voté pour la loi Sécurité Globale pour protester contre certains articles de cette loi qui menacent les libertés d’expressions. Cette loi, dont le gouvernement doit proposer une réécriture de l’article 24 suite aux importantes manifestations qui ont eu lieu en France est dénoncée comme liberticide par plusieurs organismes comme l’ONU, la Ligue des Droits de l’Homme, ou Amnesty International (en savoir plus ici.)

Des député.e.s qui ont honte ? 

Les dessinateurs à l’origine de cette démarche : Amélie Patin, Annaïg, Nicole Augereau, Aurel, Charles Berberian, Gwen de Bonneval, Franck Bourgeron, Thomas Brochard-Castex, Thomas Cadène, Lucie Castel, Estine Coquerelle, Robin Cousin, Cy., Mathilde Domecq, Florence Dupré la Tour, Quentin Faucompré, Grégory Jarry, Sébastien Kerascoët, Killoffer, Lénon, Marion Montaigne, Maumont, Morvandiau, Otto T., Cyril Pedrosa, Loïc Sécheresse, Thibaut Soulcié, Terreur Graphique, Lewis Trondheim, Yoann Vornière (Liste complète ici) : ont réalisé ces portraits à partir des photos & informations disponibles sur le site de L’Assemblée Nationale

Des portraits, qui ne sont pas des caricatures c’est important de le préciser, portant tous la mention de leur nom, leur groupe politique suivi d’un texte unique « a voté pour la loi Sécurité Globale » et du #DéputésdelaHonte. De ces simples portraits, de nombreux élus ont dénoncé une mise à l’index, un acte de délation ou une « chasse à l’homme » pour Jacques Maire.

« Dessiner le portrait d’un député avec pour seul commentaire “il a voté cette loi”, c’est une information, pour que chaque électeur connaisse les décisions politiques de son représentant. Ça s’appelle la démocratie. Ni plus, ni moins. »
Rappelle Cyril Pedrosa sur son compte Twitter.

Si ces dessins ne sont pas insultants, à tel point que certains député.e.s en ont fait leur image de profil sur les réseaux sociaux - tronquant la mention « a voté pour la loi Sécurité Globale » et en bafouant le droit d’auteur. Si ces informations sont déjà publiées via les sites du gouvernement, ce qui dérange alors c’est leur visibilité ?

La place du dessin dans la politique aujourd’hui 

Si toute la France « était Charlie » en 2015 et soutenait les dessinateurs & les victimes de ces attentats, pourquoi cette série de dessins devient subitement une agression pour les élu.e.s ? Ces illustrations posent aussi la question de l’anonymat de politiques qui auraient aimé voter en toute discrétion et qui ont du mal à assumer leurs prises de position de manière publique . 

Depuis les attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l’Hyper Cacher (des 7, 8 et 9 janvier 2015), les caricatures sont devenues, à nouveau, un enjeu politique. Depuis la tragédie de l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020, le simple fait de montrer un dessin peut être interprété comme un acte politique. 

Ce qui est étonnant à l’heure des réseaux sociaux et de notre époque si connectée, qu’un simple dessin inquiète. Et qu’il soit dénoncé comme agressif, par un homme politique, sur la base d’une information qui est déjà connue, ou censée l’être. 

Et ce qui est plus frappant, c’est que ce souci soit lié à une loi dont l’un des articles porte sur l’interdiction de filmer ou de diffuser des images des forces de l’ordre. Un effet miroir ? 

 

 

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Thomas Mourier
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