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par LiseF - le 10/01/2018
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par LiseF - le 10/01/2018

Moins de 5% des internautes lisent de la bande dessinée numérique

Le 22 décembre dernier, l'Hadopi a publié un rapport particulièrement intéressant sur la bande dessinée numérique, relayé par Xavier Guilbert rédacteur en chef de du9 sur twitter. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il ne s'agit pas uniquement d'une enquête sur le téléchargement illégal de BDs, mais carrément d'un état des lieux du marché de la bande dessinée numérique en France. Et vous ne serez pas surpris si vous lisez régulièrement de la BD : il est quasiment nul.

La BD dématérialisée, bien plus puissante à l'étranger

En effet, moins de 5% des internautes lisent de la bande dessinée numérique. Le marché est presque inexistant, contrairement au Japon où la lecture du manga dématérialisée est courante, et possède une part de marché aux alentours de 15 à 20%. Même son de cloche aux Etats-Unis où le comics en numérique a bien plus de succès. Marvel par exemple a lancé son offre numérique il y a dix ans en 2007. Selon le rapport, cela vient en partie du fait qu'il y a très peu de boutique de BD, et qu'il est bien plus simple de les trouver sur internet.

En France par contre, la bande dessinée dématérialisée peine à trouver son public. 54% des lecteurs de livres numériques lisent des romans, 30% des livres scientifiques, et 27% des BD et des mangas. En quatrième viennent les livres d'actualité, avec 20%.

Un problème de support

L'une des raisons de ce manque de développement à l'heure actuel, c'est le manque de support adéquat : en effet, les liseuses sont pour l'instant peu adaptées à la BD dématérialisée. Selon le rapport, la majorité des liseuses n'affichent pas les couleurs. Et quand elles en ont la possibilité, les couleurs sont trop ternes pour afficher les planches de façon optimale. Sans compter qu'il existe une multitude de tailles d'albums, et qu'un écran trop petit nuirait à la qualité de l'affichage. Rappelons l'histoire un peu loufoque de la liseuse qui permet de lire uniquement Ken le Survivant : ce type d'objet est envisageable pour le manga, au format plus normalisé, mais moins pour le franco-belge.

Un objet potentiellement plus adéquat pour lire de la BD serait le smartphone. Le taux d'équipement est sans surprise très élevé, puisque 95 % des 18-24 ans en possèdent un. D'ailleurs, en Corée la lecture de BD sur smartphone est très répandue, avec la pratique du webtoon, ces bandes dessinées verticales à scroller.

Pour être dématérialisée, la BD doit être flexible

Mais l'exemple du webtoon montre que la BD doit être conçue d'une certaine façon pour fonctionner. Ici les lecteurs découvrent une case après l'autre en scrollant vers le bas, ce qui est bien plus compliqué lorsque les cases se lisent de droite à gauche. Il faudrait pouvoir découper toutes les cases pour ensuite les aligner de façon verticale. Le problème c'est que l'art séquentiel ne s'improvise pas : la narration est étudiée de façon a faire comprendre le déroulé au lecteur. Il faudrait repenser la conception même de la BD.

Autre obstacle : les lecteurs francophones ne sont pas nécessairement partants pour lire de la bande dessinée dématérialisée. En effet, cette pratique ne permet pas de prêter les oeuvres, une véritable nécessité dans une industrie où un album qui peut coûter jusqu'à 40 euros est lu beaucoup plus rapidement qu'un roman, par exemple. Le prix se justifie évidemment, mais entraîne une tradition du prêt beaucoup moins faisable en dématérialisé.

Moralité : la bande dessinée dématérialisée, ce n'est pas pour maintenant. Il faudrait peut-être concevoir un nouveau format, une sorte de webtoon à la française, mais il faudrait que les auteurs acceptent de se prêter au jeu. En attendant, on continuera à acheter des bibliothèques toujours plus solides pour ranger nos collections !

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