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par Elsa - le 20/01/2014
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par Elsa - le 20/01/2014

Max Winson tome 1, la critique

Après le superbe Singe de Hartlepool, avec Wilfrid Lupano au scénario, Jérémie Moreau revient seul en scène avec Max Winson, fable moderne aussi poétique que brillante.

Le champion

Sept ans. Sept ans que Max Winson n'a pas perdu un seul match. Roi du tennis adulé par les foules et adoré par les investisseurs, le jeune homme a tout pour être heureux... ou presque. Coaché sans relâche par un père-tyran qui n'a que deux mots à la bouche : victoire et perfection, Max ne vit que pour ne pas le décevoir, et se retrouve totalement démuni quand il tombe gravement malade.

Le voilà seul pour affronter public et journalistes, et cela commence très fort avec une interview pour une nouvelle émission. En face de lui, une jeune femme qui n'a aucun scrupules à acculer le héros populaire. Ne culpabilise-t'il jamais d'éternellement laisser ses concurrents occuper la place du perdant ?

Une fable captivante

Max Winson est un titre atypique, surprenant, et incroyablement maitrisé. Jérémie Moreau décrit Max comme un 'Pierrot mélancolique'. Il occupe les cases de sa taille si imposante, de son talent, et pourtant tout ce qu'il dégage c'est de la douceur, de la gentillesse un peu triste. Il s'excuse presque d'être là, de déranger, alors même qu'il est le héros de l'histoire, et de son pays. Il joue le rôle que son auteur et que son père lui ont donné, celui d'un champion de tennis à l'incroyable talent, mais à qui on n'a jusque là jamais donné le temps de se demander ce que lui voulait faire, et qui il voulait être.

Les questions violentes mais pas si bêtes de la journaliste, alors même qu'il se retrouve pour la première fois dans une semi-liberté, lui font l'effet d'un électrochoc. C'est l'heure pour Max Winson de se poser des questions, et de faire des choix.

Jérémie Moreau place son héros plein d'innocence et de naïveté dans un monde à l'image du nôtre, où le succès, la compétition, priment sur tout le reste. Et Max qui avait toujours simplement suivi ce qu'on lui disait de faire semble tout à coup se réveiller, et s'interroge sur ce qui importe vraiment.

Si le fond est dense, et la réflexion passionnante, le récit n'en est pas moins ultra rythmé, et on file à toute allure sur les pas du champion à l'emploi du temps plus que chargé. Le découpage, la mise en scène, accentuent encore cette impression de rapidité. Le trait du dessinateur, plus épuré que dans le Singe de Hartlepool, conserve pourtant cette élégance pleine d'énergie. Le noir et blanc va à l'essentiel, et chaque personnage dégage une aura bien particulière. Max, par exemple, a un côté apaisant, quand son père dégage beaucoup de stress au moindre mouvement. Il y a un côté rétro et en même temps incroyablement moderne dans le dessin de Jérémie Moreau, qui laisse ici exploser tout son talent. 

Ce premier titre en solo révèle un auteur complet incroyablement talentueux. Avec Max Winson, Jérémie Moreau nous interroge avec intelligence sur les dérives de notre société, tout en nous offrant un titre plein de fraicheur et vraiment prenant. Un premier tome qui a la densité d'un one-shot, et qu'on ne lâche pas de la première à la dernière page.

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