Illustration de l'article
Actualités
Blog
Archive 9ᵉArt
par Cryma - le 6/11/2013
Partager :
par Cryma - le 6/11/2013

Lis tes ratures 2

Deuxième partie de mon article qui lie littérature et Bande dessinée.

Retrouvez la première partie ici même : http://www.9emeart.fr/communaute/blog-post/news/general/lis-tes-ratures-468

 


 

La divine comédie (Dante) / Scott Pilgrim (Bryan Lee O'Malley)

 

Le lien est somme toute facile à réaliser entre les deux œuvres : Le chemin ardu de l'amour. Les deux héros devront braver nombre d'obstacles afin de (re)conquérir leur bien-aimée. Ces obstacles seront présentés de manière symbolique à travers des « paliers », chez Dante avec les neuf cercles de l'enfer, chez O'Malley avec les 7 ex-maléfiques. Mais l’intérêt de chacune de ces œuvres réside essentiellement dans la vision qu'elle apporte sur son époque ! Ainsi, on apprend que la divine comédie serait un texte fondateur de la langue italienne moderne (Wikipedia) quand Scott Pilgrim représente aujourd'hui une espèce d'encyclopédie du Geekisme non-décérébré. Ce qui lie encore les œuvres sont leur rapport à la musique ! La divine comédie use du chant pour sa narration et Scott vit sa vie de musicien avec une vision du monde forcément influencée par cela ! Enfin, le lien se retrouve également dans « la forme », les deux œuvres sont de grands poèmes oniriques (La physique et la logique sont vite oubliées dans chaque) destinés à métaphoriser plutôt qu'à expliquer des concepts clés de l'existence comme le cheminement, l'introspection, et surtout...l'amour.

 

  

 


 

Le château (kafka) / Walking dead (Kirkman-Moore-Adlard)

 

Association risquée, je m'en rends bien compte. Mais voyez plutôt...

Restituons d'abord l’œuvre de kafka pour les moins avertis : L'auteur nous restitue, dans la majorité de ses œuvres, un monde semblable au nôtre mais où les règles sociologiques sont bien souvent incompréhensibles. Nous nous trouvons alors plongés dans une incompréhension permanente qui alimente notre soif de connaissance et, surtout, notre envie de révolte.

Walking dead raconte l'histoire de Rick, un policier se réveillant dans un monde apocalyptique envahit de morts-vivants. Le premier rapprochement entre les œuvres est le statut des personnages : Les deux protagonistes se retrouvent dans un lieu où leur existence même n'a plus aucune utilité, Rick est un policier dans un monde sans règles, et K. (le château) est un arpenteur dont personne n'a besoin et qui cherchera tout le livre à prouver sa valeur. Les deux œuvres ont pour thème majeur l'absurdité de l'existence, la vacuité d'évoluer dans un monde qui n'a pas besoin de vous. Il est difficile d'expliquer l’œuvre de Kafka tant elle est complexe et déconnectée de toute logique narrative traditionnelle (donc lisez-le!) mais on pourrait encore expliquer que les deux œuvres sont des réadaptations libres (voire anarchiques) des règles de la vie en société suivant leur propre logique. Ainsi, les protagonistes (d'abord logiques avec eux-même) se verront influencer par leurs rencontres et le nouveau système de pensée en place. Un dernier point important est le principe de non-fin de chaque texte, je m'explique : Le château n'a jamais été fini, ce récit se stoppe dans sa narration de manière abrupte et laisse libre interprétation de l'avenir même du « monde » créé. Walking dead, de part sa longue existence et son absence de planification de fin, rejoint parfaitement le récit de kafka. Une sorte d'absurdité de l'existence qui tournerait à l'infini ! Alerte Nihiliste !

 

  

 


 

Le zéro et l'infini (Arthur Koestler) / Un long Halloween (Loeb-Sale)

 

Procédons dans l'ordre car les liens sont nombreux et complexes.

Les deux auteurs nous livrent une vision complexe de l'enfermement, de double-enfermement devrais-je dire ! Roubachof (Chez Koestler) se voit enfermé en prison pour s'être enfermé dans un rôle de révolutionnaire quand Bruce Wayne se retrouve « enfermé » dans une enquête complexe pour s'être enfermé dans son rôle de justicier. Ce qui frappe avant tout, c'est la conviction des deux hommes, conviction qui sera mise à mal dans les deux œuvres, les narrateurs nous feront douter de nombreuses fois sur la conservation ou non de l'idéologie de chacun, sur les retournements de situations, sur les postulats scandés au départ ainsi que sur la nécessite ou non de poursuivre la lutte. Là où Roubachof se verra chargé d'une mission face à un système répressif, Wayne se confronte au monde de la pègre. Nos deux protagonistes subiront de lourdes conséquences face à leurs combats respectifs. Ce qui frappe encore, c'est le principe de l'allié se transformant en ennemi, Roubachof devra rendre des comptes à Gletkin et Wayne à Dent (double-face). Enfin, à travers la théorie de Roubachof sur le zéro et l'infini (Seul contre tous, le « je » ne compte pas), nous pouvons facilement interpréter le combat originel de Bruce Wayne. Deux livres sur l'individu, sur la solitude, sur l’introspection, sur la lutte du pouvoir, sur l’enfermement...

 

  

 


 

Le journal d'un fou (Nicolas Gogol) / Flex Mentallo (Morrison-Quitely)

 

Le lien entre les deux œuvres, c'est la folie pardi ! (me direz-vous). Ce à quoi je réponds : « pas que ! ». Non seulement les deux œuvres abordent le principe de la folie (ou plutôt de l'imaginaire) mais je pense que le point essentiel à aborder est le suivant : les faux-semblant ! En effet, Gogol nous livre un roman où le personnage principal nous raconte sa propre histoire, de son point de vue à lui. La question à se poser dés lors est : « si ce narrateur plonge dans la folie, qui nous dit que sa folie n'est pas la réalité ? » et c'est justement cette énorme interrogation qui constitue le récit de Morrison : Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ? Où s'arrête la fiction et où commence la réalité ? Le parti pris des deux auteurs est de brouiller les pistes, et ce sur trois grands sujets. Ces trois grandes remises en question sont les suivantes : Folie, narration, fiction. Gogol traite de santé mentale (folie/non-folie) via une narration à la première personne (narration/non-narration) sous la forme d'un journal (fiction/non-fiction), on pourrait résumer que Gogol utilise chaque fois l'une des trois afin de désamorcer les deux autres. Chez Morrison, nous rencontrons la folie sous la forme du créateur de Flex, nous rencontrons la remise en question de la narration sous la forme d'éclatement des timelines, et enfin, nous rencontrons la fiction dans le thème même de l'histoire : le comic en lui-même, la création et son média. Les deux récits sont donc extrêmement liés ! Sur le fond et sur la forme ! Plus complexes qu'ils n'y paraissent tout deux, ils exigent une lecture appliquée et multiple afin d'en percer toutes les richesses et significations !

 

  

 


 

Le songe d'une nuit d'été (William Shakespeare) / Sandman (Neil Gaiman)

 

Facile de lier les deux œuvres quand on sait que Sandman utilise Le songe dans l'une de ses histoires. Mais les liens à faire sont bien plus intéressants que le simple hommage.

Les deux écrits sont deux monuments, non pas du fantastique, mais bien du merveilleux et de l'onirisme. Cette façon qu'ont les deux auteurs de mêler le monde du rêve (du merveilleux) à notre réalité de manière très simple et pourtant très fine relève du génie dans les deux cas. Ajoutons à cela que les deux œuvres possèdent les mêmes thèmes : Amour, trahison, fantaisie, et les mêmes vecteurs : Conscience, allégorie, onirisme. Nous retrouvons ainsi l'amour des deux couples (Lysandre/Démétrius – Héléna/Hermia) chez Shakespeare et l'amour plus complexe (amour fraternel, amour du pouvoir...) chez Gaiman. La trahison dans Le Songe se fera plus discrète (tromperie, fourberie...) quand elle sera plus grandiose chez Gaiman (prise de pouvoir, vol, substitution...). Les deux œuvres parlent d'allégories (les Eternels dans Sandman) et/ou d'anthropomorphisme (Les Fées, Les Elfes ou encore Bottom et sa tête d'âne). La tragédie est également au rendez-vous, nous sont ainsi narrés les destinées de grands personnages. Enfin, l'onirisme qui constitue la base même des deux récits. Deux œuvres merveilleuses et ensorcelantes !

 

  

 


 

Faust I et Faust II (Goethe) / Punk Rock Jesus (Sean Murphy)

 

Faust est une œuvre beaucoup trop complexe pour moi (notamment dans ses rapports au romantisme, je ne le cache pas). Je n'en aborderai donc que les points que je maîtrise. J'ai choisis de mettre en parallèle ces deux œuvres pour un thème majeur : Vendre son âme au diable. De manière littérale tout d'abord, avec Faust qui passe un pacte avec Méphistophélès, Et Thomas McKael ensuite (Punk Rock Jesus), qui se vend au projet 12, incarnation médiatique et pourtant diabolique du clônage humain. Les personnages principaux des textes sont tout deux compétents dans leurs domaines mais brillent pourtant par une espèce de passivité face aux situations qu'ils vivent (dans les premiers temps du récit). Il existe une essentielle différence entre les deux œuvres (qui les oppose autant qu'elle les rapproche) : Là où le récit se met en branle lorsque Faust vend son âme chez Goethe, c'est bien lorsque Thomas « récupère » sa raison que les choses commencent à bouger chez Murphy. Le résultat étant cependant le même : Les deux hommes devront se libérer dans la souffrance et la violence. Un autre personnage lie les deux œuvres, celui de l'être maléfique et trompeur, Mephisto dans Faust, Mr Slate dans Jesus. Deux entités qui cachent nombre de secrets et tromperons nos héros durant leur longue rédemption. Enfin, et c'est essentiel, nous retrouvons dans les deux récits une attitude d'éclatement et de libération d'une pensée prédominante de chaque époque : la bonne pensée des lumières pour Faust (qui s'inscrit dans le mouvement Sturm und Drang) et la doctrine religieuse pour Punk Rock Jesus.

 

 


 

C'est tout pour aujourd'hui.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail