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par Elsa - le 7/11/2013
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par Elsa - le 7/11/2013

Barakamon tome 7, la critique

Si je tente de l'éviter en général, il me serait impossible de ne pas parler au moins un peu à la première personne quand il s'agit de Barakamon. Car c'est un fait, ce manga débarqué dans ma vie il y a un peu moins d'un an a pris une place si importante dans mon cœur que j'attends chaque nouveau volume avec l'impatience d'une gamine attendant Noël. Et à chaque fois c'est la même histoire, j'en ressors bouleversée et hilare, à mi-chemin entre l'émotion forte et le bonheur simple. Ce septième tome ne déroge pas à la règle.

Mise au vert

Seîshu Handa a 21 ans, et son talent pour la calligraphie lui a un peu donné la grosse tête. Déjà respecté par ses pairs, et promis à un brillant avenir, il voit rouge quand un conservateur de musée critique son travail. Après l'avoir assommé, il va devoir assumer les conséquences de ses actes. Son père l'envoie se mettre au vert sur une toute petite île de l'archipel nippon.

Le jeune homme est un pur tokyoïte, et se retrouver coincé au fin fond de la campagne japonaise ne l'enchante pas du tout. Mais s'il regarde les choses sous un autre angle, cette punition pourrait être l'occasion de se remettre en question, car les remarques du conservateur le hantent. Son travail est-il vraiment inintéressant et formaté ?

Malheureusement, sa retraite va être légèrement perturbée par les gamins et ados de l'île, qui ont depuis longtemps pris l'habitude de squatter la maison qu'il vient d'emménager. Difficile de se concentrer quand on n'est jamais seul. Mais ceux qu'il voit au départ comme des parasites pourraient bien changer sa vie.

Dans ce tome 7, Seîchu va notamment découvrir l'équivalent local d'Halloween, et assister à la fête de l'école.

La magie des petits riens

Ceux qui connaissent et aiment la série Yotsuba ! auront déjà une petite idée de la magie qui se cache entre les pages de Barakamon. Car ce manga, c'est d'abord un concentré de vie, dans tout ce qu'elle a de plus joli, de plus anodin et de plus important pourtant. C'est l’effervescence d'une fête de village, l'excitation d'une chasse aux insectes, le brouahaha des fous rires, la chaleur des repas partagés, les découvertes, les aventures. Apprendre une nouvelle expression, s'essayer à une activité incongrue, savourer les choses les plus simples.

A travers ceux qui l'entourent, au départ malgré lui, et notamment la petite et espiègle Naru, Seîshu retrouve son âme d'enfant. Tout ce qui lui semble compliqué finit par aller à l'essentiel.

Satsuki Yoshino a le génie de raconter en mots et en dessins tout ce qui est précieux dans la vie. Si le personnage de Naru rappelle forcément un peu Yotsuba, elle est peut-être encore plus pétillante, un peu cinglée, et touchante que l'adorable gamine aux cheveux verts. L'auteur retranscrit avec une aisance un peu folle tout ce qui fait l'enfance, et surtout ce parfait mélange de sérieux et d'absurde qui nous amène toujours à nous demander ce qui peut se passer dans la tête de ces petits machins hauts comme trois pommes.

Mais autour de Seîshu et Naru gravitent aussi des dizaines d'autres personnages, tantôt simplement pleins de justesse, tantôt complètement loufoques, comme cette timide adolescente qui rêve de devenir mangaka, mais qui transforme surtout tout ce qui l'arrange en un yaoi brûlant d'érotisme. On s'attache à tous en même temps que le nouvel arrivant, et comme lui on se sent très vite comme chez nous dans cet environnement inconnu. Les lecteurs de l'excellent Manabé Shima de Florent Chavouet auront déjà eu un petit aperçu du quotidien sur ce genre d'îles japonaises, et pourront cette fois-ci vivre tout cela de l'intérieur.

Les personnages sont parfaits, mais les histoires le sont encore plus. Si le rythme de l'histoire est assez lent, sans jamais qu'un rebondissement explosif n'intervienne, il ne laisse pourtant pas la place à l'ennui. L'auteur enchaine les scènes à hurler de rire, et celles toutes en subtilité, débordantes d'émotions. De quoi finir chaque volume un peu différent. Il aborde avec énormément de justesse des thèmes parfois délicats. La filiation et l'héritage, l'amitié, les projets d'avenir, la compétition, la vieillesse, le deuil.

Fil rouge que l'on pourrait croire anecdotique, la réflexion de Seîshu sur l'art, et sur la manière dont il doit trouver sa voie et son propre style forme finalement un fond bien plus profond qu'il n'y parait. Au fil des tomes, on peut suivre son évolution à travers ses tentatives pour enfin obtenir une calligraphie qui lui ressemble et le raconte, malgré la peur de l'échec ou d'être incompris.

Le trait de Satsuki Yoshino n'est pas parfait au départ, et s'affirme au fil des tomes. Pourtant l'expressivité de ses personnages, et l'énergie complètement débordante qui se dégage de chaque page, de chaque case, ferait pardonner n'importe quelle faiblesse. Les parties sur la calligraphie sont d'ailleurs celles où il se lâche un peu, et les résultats des expérimentations du héros se révèlent à chaque fois pleines de surprises, très intéressantes et fascinantes.

Sans qu'on en ait forcément conscience, Barakamon prend dans notre vie l'importance que Naru prend dans celle de Seîshu. Une présence qui nous manque dès le manga refermé, et un regard qui nous amène presque malgré nous à toujours observer la vie par l'angle le plus positif. Parce que le quotidien le plus banal se révèle infiniment joli si on prend la peine d'ouvrir les yeux et les oreilles.

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